Le moral des troupes n’est pas au beau fixe dans une large partie de la France. En cause, la météo. Peu engageantes depuis de nombreuses semaines, les cultures en pâtissent. À l’image de la plaine de la Haute-Saône. Là, tous les dommages de météo pluvieuse se constatent. Certains agriculteurs tentent de faire quelques estimations avant la moisson 2024.
Estimations avant la moisson 2024
D’un premier œil, ce sont les cultures de printemps qui peinent à se développer. « On vient de finir de semer les maïs, explique Aymeric Desprez, éleveur à Angirey. On a pris du retard, faute de fenêtres météo correctes. Mais, dans tous les cas, les premiers maïs mettent beaucoup de temps à se développer. Il sont jaunes, ils manquent de chaleur. »
« Et il manquerait plus que le temps sec s’installe, et là ce serait catastrophique », alerte Pierre-Yves Barthélémy, son collègue. Impossible pour eux d’irriguer et d’ailleurs, ils ne le souhaitent pas, la rentabilité ne serait même pas assurée. Comme la céréale de printemps, les tournesols et le soja végètent également.
De nombreux ravageurs
Avec l’humidité, les insectes font pression et face à une plante peu développée, les pertes sont nombreuses. Cela laisse également la place aux mauvaises herbes. Bref, la concurrence fait rage dans les parcelles de cultures de printemps quand celles-ci ne sont pas abandonnées.
À quelques jours du début de la moisson des orges, le constat semble identique. « Les grains pourrissent, annonce Aymeric Desprez. La faute aux excès d’eau et l’absence de soleil. » Le blé et l’orge souffrent aussi de maladies, pénalisant le potentiel de rendement. « Là où on peut récolter entre 60 et 80 q/ha de blé d’habitude, on s’attend à obtenir entre 40 et 60 q/ha, lance amèrement Pierre-Yves Barthélémy. Et les prix ne sont même pas à la hausse ! »
Des fourrages de moindre qualité
Même constat pour le colza avec un rendement qui devrait être divisé par deux selon les territoires. Les agriculteurs n’ayant pas réussi à désherber les parcelles de céréales d’hiver, se retrouvent envahis par le vulpin et le ray gras.
Quant aux fourrages, les éleveurs ont au moins une coupe de retard. « Je m’en sors plutôt bien, estime Aymeric Desprez. J’ai réussi à faire les deux coupes de fourrages. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Et, normalement, je devrai être à la troisième. »
Des animaux en stabulation
Si au niveau de la quantité, les fourrages se sont bien développés, au niveau de la qualité, c’est un désastre. « Nous n’avons pas pu récolter tout le ray gras avant l’épiaison, nous avons cumulé près d’un mois de retard, poursuit-il. On se retrouve donc avec des fourrages peu énergétiques. Il ne vaut rien pour les vaches laitières. Il servira pour les élèves mais c’est bien dommage. »
Le climat était tellement humide que certains éleveurs n’ont pas encore pu mettre à l’herbe la totalité de leurs animaux. « Certains ont des prairies encore inondées, ce n’est pas la peine d’y mettre les pieds, estime Pierre-Yves Barthélémy. D’autres ont dû rentrer leurs animaux car l’herbe ne poussait plus assez. » Sans compter la révision des contrats de lait attendue à la baisse.
L’été et l’automne doivent nécessairement être beaux pour assurer une partie des récoltes des cultures de printemps. Et comme dit le dicton, « un bon temps, c’est un temps qui ne dure pas. »
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