Cette année, les semis de céréales se font dans la douleur. Outre la patience nécessaire, les agriculteurs doivent composer avec les conditions humides des sols et les fenêtres météo réduites.
Labour incontournable cette année pour les semis de céréales ?
Question travail du sol d’abord, cette année, les agriculteurs devront ressortir leur charrue. « Avec l’action mécanique de retourner le sol, il est ainsi possible de remonter de la terre un peu plus sèche, explique Damien Brun, ingénieur chez Arvalis. Mais le labour sert également à gérer les adventices en enfouissant les graines susceptibles de germer l’année suivante. »
En effet, selon la capacité à germer des adventices, il sera judicieux d’enfouir les graines pour détruire leur capacité de germination. C’est encore plus vrai pour les graminées, hors folle-avoine, qui perdent 90% de leur taux de germination en un an. Tout comme les résidus de récolte qui peuvent ainsi être enfouis et mieux se dégrader.
Bien sûr, d’autres outils existent pour travailler le sol tels que les machines à bêcher, les décompacteurs ou encore les déchaumeurs. « Mais l’intérêt du labour est de combiner les trois actions en un seul passage », fait remarquer l’ingénieur. Toutefois, le labour a l’inconvénient de laisser le sol nu. Or, en cette période de fortes pluie, ce peut être problématique. Sans compter le bouleversement de la vie du sol et la création d’une semelle de labour qui peut perturber l’enracinement des cultures.
Peu exigeant
Toutefois, Damien Brun se veut pragmatique. L’implantation de céréales à paille n’est pas un chantier très exigeant. « Nous avons réalisé plusieurs essais pendant de nombreuses années avec une implantation sans labour, directe ou avec labour, explique t-il. Et les rendements sont quasiment identiques. » D’autant que les céréales ont des capacités d’adaptation et qu’elles peuvent compenser leur implantation par le tallage.
Le travail du sol doit donc correspondre avant tout aux problématiques de l’agriculteur et aux conditions pédoclimatiques. « Les agriculteurs connaissent leurs sols, fait remarquer Damien Brun. Ils savent s’ils doivent anticiper le travail du sol par le gel ou le travailler à la dernière minute. » Tout comme positionner le bon outil au bon moment de la rotation.
Attention au stress de trop
Pour ce qui est des blés déjà semés et même levés, l’humidité des sols n’a pas permis aux agriculteurs de désherber leurs parcelles. Pour Jean-Charles Deswarte, ingénieur Arvalis également, « il est important de se demander où va le produit lorsqu’il pleut autant ».
Outre l’aspect écologique et tassement du sol, intervenir sur les céréales en ce moment ne semble pas judicieux. « Même si le sol est portant, il ne faut pas oublier que la plante a subit un stress lié aux quantités d’eau qu’il a reçues, précise t-il. Ajouter un désherbant chimique sur la plante peut accentuer les symptômes d’hypoxie. Attention au stress de trop, il vaut donc mieux attendre que la plante et la situation s’assainissent. » Une alerte qui n’occulte pas le casse-tête que connaîtront les agriculteurs au printemps pour gérer les adventices.
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