Le groupe réconcilie performances de la machine et compétitivité

Partager sur

Le groupe réconcilie performances de la machine et compétitivité

Marie-Isabelle Le Bars (chargée de mission, CRAB), Salomé Lecerf (agricultrice), Martin Jeantil (directeur général, Jeantil) et Pierre Supervielle (Secrétaire général adjoint Fncuma) ont répondu à la sollicitation de la Frcuma Ouest et son président, Laurent Guernion.

À son assemblée générale du 11 mars 2025, la fédération des cuma de l’ouest propose un éclairage sur la mécanisation, autour d’une question : comment concilier compétitivité des exploitations, transmission et meilleure utilisation des fonds publics ?

Dans un pays « champion du monde de l’achat de matériel », selon l’hyperbole du président Laurent Guernion, la jouer collectif débloque des situations. En AG le 11 mars 2025, la fédération des cuma de l’ouest consacre une table ronde au coût de mécanisation. Salomé Lecerf, agricultrice depuis décembre 2023, y témoigne en effet de l’importance d’intégrer la cuma : « Je ne suis pas issue du milieu agricole. En termes de charges, je n’avais pas d’idée de ce que représente la mécanisation sur une exploitation. » Dans les Côtes-d’Armor, sa structure assoit un atelier cuniculicole (2 000 mères) sur 20 ha. « Notre cédant conservant des terres, nous n’avions aucun matériel dans la reprise. Nous ne pouvions pas non plus tout acheter. »

S’installer sans tracteur, c’est possible

À la recherche d’alternative, l’éleveuse présente son besoin à la cuma de la Truite (Saint-Trimoël). « L’assemblée générale était en février. » Outre son élection au poste de trésorière, « on a émis l’hypothèse de créer un groupe traction. » Le mois suivant, l’activité était effective avec l’arrivée d’un 175 ch pour un volume prévisionnel de 300 h. La responsable détaille les motivations du groupe qui réalise une activité annuelle de 600 h : « Un autre adhérent n’avait pas non plus de tracteur sur son exploitation. Plusieurs n’avaient pas la puissance suffisante pour certains matériels de la cuma. »

« Pour nous, les solutions auraient pu être ne pas reprendre de terre. Mais nous aurions été en difficulté pour faire le plan d’épandage. » l’agricultrice évoque l’hypothèse, « sans doute plus onéreuse », de la délégation des travaux à des entreprises. Finalement, sans la cuma, « notre projet aurait pu totalement tomber à l’eau. » Le témoignage met en relief une réaction du public de responsables : « On voit que nos groupes apportent une réponse immédiate et complète aux problématiques d’installation, lorsqu’ils sont ouverts et capables d’évoluer. »

Les équilibres se serrent

« L’exemple de Salomé est complètement typique de l’importance de la cuma dans certains projets », réagit Marie-Isabelle Le Bars. La chargée de mission installation – transmission à la chambre d’agriculture de Bretagne pose un chiffre moyen : La reprise et l’investissement en phase de démarrage représente 555 000 € dans les prévisionnels. « Le coût de l’accès au capital est un frein important de l’installation des jeunes. En particulier avec l’augmentation du coût des matériels ces dernières années. »

Alors que « la rentabilité est un équilibre qui se serre dans les projets d’installation », la référente poursuit : « Il y a des gains de rentabilités apportés par les cuma. » Pierre Supervielle, secrétaire général adjoint de la Fncuma chiffre pour sa part : « Quand l’adhérent investit un euro de capital social, il en tire un retour en valeur neuve de machine qui sera de l’ordre de 8 à 10 €. » Le Guide des prix de revient, fraichement publié par la Frcuma Ouest, apporte des références qui soutiennent cet intérêt. En préambule des échanges un quiz signale par exemple : Grâce à des matériels grande largeur, la prestation complète revient aux environs 33 €/ha dans les groupes qui en réalisent.

Passer de 10 % à 30 % de machines mutualisées

Soutenant les points clefs du plaidoyer pour une mécanisation responsable proposé par le réseau cuma, Pierre Supervielle retient l’ambition d’augmenter la part de machines mutualisées du parc de la ferme France. Notamment via une politique publique qui serait plus « au bénéfice d’une économie plus saine et plus durable », la trajectoire qu’il appelle sera en même temps de nature à réduire « le poids de la mécanisation qui pèse sur la compétitivité de nos entreprises », actuellement plus qu’ailleurs en Europe.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer