L’énergie un sujet « tellement vaste » qui se conjugue en cuma, d’après la démonstration de la fédération régionale de l’Ouest lors de son assemblé générale du 22 février 2024. C’est avec la maîtrise des consommations et dans le but de faire des économies de carburant que les témoins ouvrent ce sujet aux multiples ramifications. « En adoptant l’écoconduite, on gagne quelques litres. Quand on modifie son système. on change d’échelle », résume tout d’abord Vincent Leborgne. L’éleveur laitier en Seine-Maritime expose quelques chiffres de son expérience, certes récente, du semis direct. « J’ai fait intégralité de mes semis de blé et d’orge 2023 avec un semoir direct à dents en 3 m. » La différence en termes de GNR nécessaire est flagrante : Avec 12 l/ha, l’implantation en direct de ces céréales aura nécessité moitié moins de carburant que ses précédents itinéraires, pourtant simplifiés.
Economies de carburant : 12 l/ha en semis direct contre 25 l/ha en TCS
L’agriculteur précise ne pas observer à ce stade de différence de rendements. Le témoin ne cache pas pour autant les difficultés. Si son essai sur 9 ha de maïs en semis direct en 2022 avait été concluant, « en 2023, j’ai eu 30 ha à semer deux fois. » Vincent Leborgne reste cependant convaincu de son choix d’évoluer vers le semis direct, qui lui demande de surcroît beaucoup moins de temps de travail. « Et avec ces 150 à 200 h de moins sur le tracteur à l’année, il y a aussi un gain sur le plan du renouvellement des matériels que je ferai moins rapidement. »
Les choix techniques pour des économies de carburant
« La vitesse ou encore la profondeur de travail engendrent de la consommation de carburant », analyse le conseiller cuma en Bretagne Jean-Marc Roussel. Son intervention liste les paramètres que l’agriculteur, ou la cuma, doit absolument maîtriser s’il entend raisonner sa facture de GNR. Selon lui, l’enjeu est de taille. Il compare : « Quand vous facturez une prestation de labour 100 €/ha et que vous dépensez 30 € en carburant, il ne reste déjà plus que 70 € pour payer le matériel et la main d’œuvre. Aujourd’hui, pour une cuma, le carburant pèse de l’ordre de 23 % du chiffre d’affaires. C’est équivalent à la main d’œuvre. » L’adéquation entre le tracteur et son outil, le poids ou la bonne gestion des pneumatiques… l’expert compile ainsi les points de vigilance. « Pour une exploitation d’élevage, la consommation de carburant sur l’année est de l’ordre de 100 l/ha, dont 39 % pour du transport. »
La cuma connait la consommation de carburant de chaque chantier
Le témoigne de la cuma de Piré (35) illustre ensuite son propos. Pour la coopérative qui a particulièrement travaillé cette question de l’optimisation énergétique, le cœur du dispositif fût l’acquisition d’une pompe à GNR compteuse et enregistreuse. « Nous avons voulu suivre plus précisément la réalité de nos consommations. Aujourd’hui, nous les affectons à l’activité », rapporte Romaric Minutillo, chef d’équipe de la cuma.
Avec l’intervention de sa fédération de proximité, la cuma bretonne a également amélioré ses pratiques. « Nous avons adopté le télégonflage. Aujourd’hui, sur le tracteur nous enlevons et retirons les masses en fonction du chantier », poursuit-il. Une dernière avancée porte sur la première activité de la coopérative : le lisier. « La tonne passe 80 % de son temps sur la route. » Ainsi Romaric justifie le choix de pneumatiques routiers, à l’origine pour des questions de coût et d’usure. « Nous n’avons pas encore pu comparer sur une campagne complète, mais le gain de notre consommation par rapport aux pneus agraires précédents est d’environ 3 l/h. »
Des co-bénéfices de la méthanisation pour la cuma
Une dernière intervention démontre que même la production d’énergie sur l’exploitation crée des opportunités d’amélioration des pratiques. « La méthanisation a donné une impulsion dont tous les agriculteurs de la cuma bénéficient », explique Romain Marqué, membre de la cuma le Progrès et d’une société de méthanisation près de Rennes. « Notre métha a besoin de 80t/j. Cela fait beaucoup de lisier, or nous étions peu équipés pour le transport », narre enfin le trésorier de la cuma qui sollicite dans le cadre d’intercuma un automoteur d’épandage et une citerne routière : « Avec cette remorque, nous déplaçons de gros volumes, en respectant les routes. »
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