La journée cuma MécaElevage, en juin 2014 à Bressuire (Deux-Sèvres), a donné aux visiteurs un état des lieux de l’épandage d’effluents. Comme l’ont dit les animateurs de l’évènement, ce domaine a bénéficié de progrès important au cours des dernières années, mais il reste en retard sur l’épandage des engrais minéraux. Notamment parce que le lisier n’est pas toujours perçu comme un fertilisant à part entière. Or, le transformer en quintaux de blé demande de maîtriser la qualité de l’épandage, plus exactement la dose de produit et sa répartition uniforme. Que l’engrais soit minéral ou organique, on l’obtient d’ailleurs par les même trois piliers : le produit, l’homme et le matériel.
Le produit, l’homme et le matériel
En l’occurrence, le produit se révèle très variable : matière sèche, consistance, homogénéité et dosage par hectare. L’opérateur intervient par son savoir faire en matière de bon remplissage de la tonne, ainsi qu’en matière de conduite. Il décide aussi des réglages, de l’entretien du matériel et de la dose apportée. Troisième acteur : le matériel. Il se distingue par ses caractéristiques techniques, son niveau de perfectionnement (type de pompes, DPA, etc), sa robustesse (pour un coût maîtrisé) et sa capacité à respecter le sol. Ce dernier point n’a pas forcément de conséquence immédiate mais s’avère un enjeu agronomique à moyen terme. Des matériels de plus en plus lourds font en effet courir des risques de tassements irréversibles en profondeur.
A lire aussi : Comment bien choisir et son matériel agricole :
Que choisir : CHOISIR UN ÉPANDEUR À FUMIER
Que choisir : CHOISIR UN PLATEAU FOURRAGER
Que choisir : CHOISIR UNE TONNE À LISIER
Que choisir : LISIER: PALETTES, PENDILLARDS, ENFOUISSEURS À DENTS
Que choisir : Matériels d’irrigation
Que choisir : Investir dans une faneuse 6 ou 8 toupies ?
Que choisir : Les 3 questions à se poser pour acheter sa moissonneuse-batteuse ?
Que choisir : Dents, disques… Comment bien choisir et acheter son semoirs à semis direct ?
Que choisir : COMMENT BIEN CHOISIR ET ACHETER SON ENSILEUSE ? LAQUELLE ÉCLATE LE MIEUX ?
Réduire les pertes d’ammoniac
Les spécialistes des fédérations de cuma du Poitou-Charentes et de la Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres ont analysé les matériels du marché pour la journée MécaElevage. Les tonnes à lisier offrent une très grande variété de systèmes d’épandage, depuis la simple buse palette jusqu’à l’enfouisseur. Deux grands critères les distinguent : le nombre de sorties et la dépose du lisier. Il est plus facile d’obtenir une répartition équitable avec une sortie tous les 30 cm comme sur une rampe à pendillards ou un enfouisseur, qu’avec une seule buse. Par contre, chaque sortie est plus petite, d’où un risque de bouchage accru. Quand à la dépose, plus elle est proche du sol (pendillards, patins) voire dans le sol (enfouisseur), plus les odeurs et les pertes d’ammoniac sont contenues. Le coût de chantier et le débit diffèrent également, la meilleure réponse technique n’étant hélas pas la moins chère. Dans le domaine du lisier, il existe une solution alternative à la tonne, le plus souvent mise en oeuvre avec une rampe à pendillards. Il s’agit de l’épandage avec tuyau ombilical. Ce dernier, de plusieurs centaines de mètres, amène le lisier à la rampe depuis un poste de pompage. Avantages : pas de charge importante sur la parcelle (seulement un tracteur avec la rampe et la bobine de tuyau), et l’épandage sur culture jeune est possible. Le transport de la fosse à la parcelle est réalisé en direct par un réseau de canalisations enterrées, ou bien par la route avec une citerne, relayée éventuellement par une cuve tampon en bord de champ.
Un label de qualité
Les moyens pour épandre avec précision ne manquent donc pas. L’année 2014 a d’ailleurs été marquée par l’arrivée sur le marché des premiers matériels labellisés Eco-Epandage (en lisier : Pichon). Ce dernier apporte à l’acheteur une série de garanties sur les performances de la machine, sur sa facilité d’emploi (avec une offre de formation) et sur sa capacité à respecter les sols. Une moins bonne nouvelle accompagne ce signe de progrès : les périodes d’épandage rétrécissent encore. Il faudra s’organiser toujours mieux pour épandre en temps voulu sans tomber dans le gigantisme côté équipements.
A lire aussi :
LISIER: COMBIEN ÇA COÛTE AU MÈTRE CUBE
LISIER : RENTABILISER UNE RAMPE À PENDILLARDS EN 3 ANS
TONNES À LISIER : VERS UNE INTERDICTION DES BUSES PALETTE ?
Effluents : LES FONDAMENTAUX DE LA RÉGLEMENTATION
LA TONNE À LISIER NE SUFFIT PLUS
UN COÛT AU M3 SATISFAISANT POUR LES TONNES À LISIER
Equipement | Points forts | Points faibles |
---|---|---|
Buse à palette | Simple, peu sensible au bouchage | Très sensible au vent, odeurs, répartition |
Buse de précision, Buse alternative | Répartition sur 12 m, peu sensible au bouchage | Sensible au vent, odeurs |
Rampe à 2 buses | Répartition améliorée, largeur de travail | Sensible au vent, odeurs |
Rampe à 6-8 buses | Répartition, largeur de travail | Sensible à la hauteur de travail et au bouchage |
Rampe à pendillards (9-15 m) | Peu d’odeurs, répartition insensible au vent | Broyeur-répartiteur obligatoire, sensible au bouchage |
Enfouisseur à dents | Pas d’odeurs, diminue les pertes, insensible au vent | Risque de bourrage si végétation, faible largeur de travail, coût d'entretien |
Enfouisseur mixte disques + dents | Diminue les pertes, passe dans la végétation, insensible au vent | Faible largeur de travail, coût d’entretien |
Enfouisseur prairies (disques à 20 cm) | Possible gain de surface d’épandage, bonne répartition | Broyeur-répartiteur obligatoire, risques de ruissellement en pente |
Enfouisseur à sabots | Possible gain de surface d’épandage, insensible au vent | Broyeur-répartiteur obligatoire, risques de ruissellement en pente, investissement |