Les charges de mécanisation comprennent différents postes et sont souvent peu identifiées dans les documents de gestion», explique d’emblée Philippe Coupard, directeur de la section Sarthe de l’Union des cuma des Pays de la Loire. Ce dernier a travaillé avec Pierre Chambard, du Cer France Mayenne-Sarthe, avec un groupe de 11 éleveurs, pour permettre à chacun de situer ses coûts de production (voir tableau ci-dessous). Son analyse explique le déficit de connaissances dans ce domaine, mais il constate que, crise oblige, la tendance est à la limitation des investissements. Un fait valable chez les exploitants qui ont suivi cette formation, mais aussi plus globalement chez tous les professionnels.
Disparition des cas extrêmes
«On ne voit plus de cas extrêmes. Les agriculteurs choisissent et panachent des options différentes (recours aux cuma, aux Eta, à l’achat d’occasion, à la location) qui démontrent une volonté de maîtriser les charges de mécanisation», analyse-t-il. L’occasion de transformer l’essai? «C’est effectivement le moment où jamais de bâtir une stratégie de mécanisation pour l’avenir.»
Savoir se situer, c’est bien. Mais Pierre Chambard, qui co-anime cette formation pour le Cer France Mayenne-Sarthe, met en garde contre une analyse simpliste : «Parfois sur une exploitation, l’un des postes peut être plus élevé que la moyenne, mais le système reste cohérent.» C’est le cas par exemple lorsqu’à des charges opérationnelles hautes correspond un prix de vente élevé, ou bien que des synergies existent avec d’autres ateliers sur l’exploitation. «Le coût de production n’est qu’un outil de gestion parmi d’autres, qui permet d’avoir une vision analytique de la performance économique de chaque atelier, avec toutes les limites que cela comporte.»
Aux agriculteurs dont les coûts de production et les charges de mécanisation se situeraient au-dessus de la moyenne, Pierre Chambard conseille de «se mettre en alerte pour identifier d’où proviennent les écarts, et s’ils se justifient. Ce qui n’implique pas forcément de changer son système… mais de se poser des questions. On peut considérer qu’ils se donnent les moyens de leurs ambitions. On ne va pas remettre en cause leur système, mais simplement attirer leur attention sur le fait qu’en période de prix volatils, comme aujourd’hui, ces charges représentent un poids, une inertie, dans leurs comptes, qui peut être handicapant».
Préconisations
A ceux qui mettent en œuvre des stratégies d’économie, reposant sur une expertise dans la gestion de l’herbe et une mécanisation réduite : «Ces éleveurs peuvent produire d’excellents rendements fourragers et bien valoriser leurs produits. Mais il leur faut aussi travailler sur le long terme : on a beau être économe sur les charges de mécanisation, à un moment, il faut renouveler certains matériels. On ne peut pas se reposer sur une stratégie d’usure ad vitam æternam.»
Le Cerfrance Mayenne-Sarthe inclut dans son analyse l’intégralité des charges de mécanisation, celles liées au travail du sol et celles résultant des équipements d’élevage. Les fdcuma apportent une analyse plus fine des charges liées à ces équipements du travail du sol, avec leur outil Mecagest.
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