« Construire une stratégie axée sur les charges de mécanisation : c’est à nouveau tendance ! » Tel était l’intitulé, en forme d’affirmation, de la table ronde organisée le 31 mai lors du Forum des Fédérations au lendemain de l’AG de la Fncuma à Montrouge. Alors que les comptabilités agricoles sont parfois dans le rouge ou presque, les conseillers, techniciens, comptables… qui interviennent sur les exploitations observent que la diminution des charges de mécanisation offre un véritable levier pour retrouver des marges de manoeuvre.
Manque de rationalité
Dans les faits, peu d’agriculteurs connaissent précisément le coût réel de leur mécanisation. Trop souvent, les stratégies d’équipement manquent de rationalité. Le constat ne date pas d’aujourd’hui. Les fédérations de cuma qui interviennent sur ce sujet ont un peu le sentiment de prêcher dans le désert, en insistant constamment sur la nécessité de mieux calibrer les investissements aux besoins réel des exploitations. Le groupe Mécanisation du réseau cuma des Pays de Loire est en pointe sur ce sujet. Philippe Coupard (Sarthe) et Benoît Bruchet (Mayenne), ont relaté les différentes démarches mises en œuvre dans leur région. Cela passe notamment par des interventions dans les établissements d’enseignement, puis lors du parcours à l’installation, et par des diagnostics de mécanisation sur les exploitations.
Tenir compte de la réalité de l’exploitation
Pour Philippe Coupard, les préconisations sur l’évolution du parc matériel nécessitent d’aller plus loin que la seule porte d’entrée cuma, « en abordant la réalité complète de l’exploitation, son système de production, la main-d’œuvre…» Dans un deuxième temps, la mise à plat de l’ensemble du parc matériel des exploitations à proximité permettra d’esquisser d’éventuelles complémentarités. Pour accompagner les exploitations, le réseau cuma fourbit ses outils de conseil et collectionne les références chiffrées. Le défi est d’être pertinent dans l’analyse de l’exploitation, en affectant les charges de mécanisation au bon endroit, en fonction de l’atelier de production concerné (clé de répartition) et avec l’unité de mesure appropriée (coût par hectare, litre de lait, UGB…).
Légitimité du réseau cuma
Les fédérations de cuma sont légitimes pour intervenir dans ce domaine. Elles ont pour la plupart des connaissances, des références, et des conseillers. Des partenariats constructifs avec d’autres OPA peuvent être noués en parallèle, pour être parfaitement pointus dans les préconisations. Il s’agit aussi d’être persuasifs pour lever les freins économiques, psychologiques ou fiscaux, liés aux scénarios de mutualisation du parc matériels. En Mayenne, la fédération des cuma travaille étroitement avec le CER sur ce sujet depuis près d’une dizaine d’années. Dans la remise annuelle des documents comptables aux exploitations, le poste « coûts de mécanisation » devrait dorénavant être mieux renseigné.
La preuve par l’exemple
Enfin, pour les cuma locales, le challenge est de montrer que le rapport qualité/ prix de leurs différentes activités est attractif et qu’elles sont ouvertes à d’autres adhérents potentiels…
A lire aussi : [GESTION] LES CHARGES DE MÉCA REVIENNENT EN SCÈNE
CHARGES DE MÉCANISATION : POUR NE PAS SUBIR !