La cuma Biolys (Maine-et-Loire) est adossée à deux SAS de méthanisation voisines d’une de l’autre, Méthalys et Bioénergie Vihiers. Dans ce secteur riche en cuma, les initiateurs du projet de méthanisation ont choisi cette formule collective pour assurer l’épandage des digestats. Mais ils ont préféré créer une nouvelle structure plutôt que partager le projet entre les cuma locales. Car celles-ci n’avaient pas la dimension nécessaire. En outre, la cuma Biolys utilise un automoteur ravitaillé à la parcelle.
A lire : Un chantier d’épandage avec un automoteur Vredo et deux tonnes à lisier.
Deux produits différents sont obtenus suite à un processus de séparation de phases : un liquide et un solide. Le volet collecte des effluents, assimilable à du transport, n’était légalement pas faisable en cuma. Donc il a été inclus dans l’activité des deux SAS. D’autre part, ces dernières ont formé un groupement d’employeurs avec la cuma pour recruter le personnel nécessaire aux différents travaux de transport, épandage et pilotage des sites (9 personnes).
Automoteur ravitaillé à la parcelle : 100 000 m3 épandus par an
La cuma Biolys rassemble 80 agriculteurs, pour un plan d’épandage d’environ 7 000 ha. Les sièges d’exploitation sont situés dans un rayon de 4 à 5 km autour des deux sites de méthanisation. Ces derniers étant eux-mêmes distants de 5 km.
Mais certaines parcelles peuvent être plus éloignées. « Nous devons épandre presque 100 000 m3 de digestat liquide par an », indiquent Samuel Vivion, le président actuel, et Antony Germon, le trésorier. Il s’y ajoute l’effluent solide, 17 000 t en 2019, pour lequel la cuma dispose d’un épandeur à table (25 m3) et d’un tracteur (290 ch).
Pour l’épandage du liquide, les initiateurs du projet ont fait le choix de l’enfouissement, afin de mieux valoriser l’azote. Ils se sont orientés vers un automoteur puissant, et de grande capacité (21 m3). « Au départ, précisent les deux responsables actuels, l’automoteur devait tout faire. Mais cela s’est avéré difficilement réalisable.
Pour être efficace, il doit rester dans les parcelles, en étant ravitaillé. D’autre part, la saison est très courte, avec une grosse demande concentrée sur quatre semaines. Et il est difficile de tout passer avec un seul matériel. »
Réduire les temps de transport
La première saison d’épandage de la cuma s’est déroulée en 2018. Dès le départ, les dirigeants de l’époque avaient prévu une dizaine de points de stockage décentralisés (poches souples) pour réduire les temps de transport lors de l’épandage. Ils sont alimentés par un camion-citerne appartenant aux SAS. Sauf un qui est raccordé depuis peu par une longue canalisation enterrée.
Les responsables ont également fait appel fait appel à un prestataire pour ravitailler l’automoteur depuis les poches, avec deux ou trois tonnes attelées à des tracteurs.
Pour organiser un épandage de cette envergure, il a fallu un peu de mise au point. Aujourd’hui, le dispositif est calé. « Nous utilisons l’application John Deere MyJobs, avec une mise à jour hebdomadaire. Les adhérents ont jusqu’au jeudi soir pour enregistrer leurs besoins sur l’application. De plus ils précisent à partir de quel jour la parcelle sera épandable. Ensuite, la cuma s’engage à passer dans les 12 jours.
Jusqu’à 150 m3/h
Ce sont les salariés qui définissent ensuite le planning de la semaine suivante, en optimisant les déplacements. » En travaillant en 2×8, ils épandent 6 000 m3 sur 250 ha dans la semaine. « Une fois dans la parcelle, l’automoteur est très performant ; il peut épandre jusqu’à 150 m3/h. Sur l’ensemble de la journée, avec les temps de déplacement ou d’attente, il est plutôt à 80 m3/h. » Mais si la météo n’est pas favorable, il arrive que la cuma doive faire appel à un prestataire en complément pour tenir ses engagements.
Samuel Vivion et Antony Germon préconisent aujourd’hui à tous ceux qui s’intéressent à un automoteur d’épandage de le laisser dans les parcelles pour mieux le valoriser, en utilisant une autre solution pour le transport de l’effluent. Ils pointent également le côté saisonnier de cette activité, qui leur inspire une question. Comment mobiliser suffisamment de personnel en période de pointe, tout en lui fournissant du travail le reste de l’année ?
Pour en savoir plus sur la logistique d’épandage avec un automoteur ravitaillé à la parcelle :
Combien coûte l’épandage de digestat ?