« Trier des grains demande de s’enrichir d’expériences »

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« Trier des grains demande de s’enrichir d’expériences »

Visiter des installations est utile pour identifier des bonnes astuces.

Le projet, complexe, de se lancer dans le tri de grains reste réalisable avec une bonne dose de réflexion et d’accompagnement. Séverine Bourrin, chargée d’études machinisme-environnement de la frcuma Ouest, livre quelques conseils et points d’attention.

Quel intérêt de trier des cultures sur son exploitation ?

« Mieux valoriser ses cultures, que ce soit dans le cadre de l’alimentation d’un troupeau, de la fabrication de semences ou par leur vente en alimentation humaine… implique un tri. Le faire en autonomie nécessite l’accès à du matériel spécifique. Pour autant, réussir à trier ne se résume pas qu’au matériel. Tout d’abord, chaque valorisation a ses exigences. Le premier point est donc de savoir pourquoi on trie. En alimentation humaine, avant même de semer la culture il est important d’identifier un débouché et quel qu’il soit, il ne sera pas envisageable de trouver un petit caillou dans les grains en aval du tri. À l’inverse, un peu de féverole dans un lot de blé pour les animaux, n’est pas grave. Enfin, la précision est nécessaire pour le tri de semences vis-à-vis des grains abîmés, échaudés et des adventices. Ce que l’on veut faire de sa culture détermine l’outil et la logistique. »

Où trouve-t-on ce matériel ?

« Investir sur un coup de tête, pour être rapidement autonome ou trier quand on veut, est rarement une bonne idée. Le matériel a un coût important et il risque de ne pas correspondre aux besoins. Dans un premier temps, il est pertinent de s’informer sur le matériel à proximité. Discuter avec ses voisins, ou au sein de la cuma peut permettre de voir que d’autres personnes ont des besoins similaires. La carte Mycumalink.fr ou interroger les animateurs du réseau sont d’autres exemples de porte d’entrée.

Commencer avec du matériel d’une autre cuma ou d’une autre exploitation est un moyen de tester et de comprendre les enjeux du tri : le dimensionnement du matériel et du stockage, la logistique de transport, le savoir-faire, etc. Avant d’investir, seul ou collectivement, il faut aller voir ailleurs. Les voyages forgent aussi les idées : chaque installation a ses spécificités, ses contraintes, ses erreurs, son histoire et ses objectifs… qui seront adaptables ou non pour son propre projet. Puis cela donne une idée des coûts. »

Combien coûte un trieur ?

« Quel qu’il soit, le trieur ne fait pas l’investissement à lui seul. Exemple : un trieur à grilles rotatif coûte 20 000 €. Mais il faut un panel de grilles, différentes vis, des trémies, ainsi qu’une plateforme de fixation ou la remorque, selon qu’il sera fixe ou mobile. Sans parler du stockage qui est un sujet à part entière, un trieur à grilles sur remorque coûte, au total, environ 80 000 €. »

le réseau cuma participe à l'accompagnement des projets de tri des grains

Séverine Bourrin, chargée d’études Machinisme-Environnement de la FRcuma Ouest.

Parce que la solution mobile est la meilleure ?

« Mobile ou fixe : les organisations possibles sont nombreuses et peuvent combiner les deux. De la même manière, une partie du matériel peut être en cuma et l’autre non. L’important est que cela soit viable économiquement et satisfaisant pour les agriculteurs et les agricultrices impliqués, c’est-à-dire que l’organisation soit adaptée. Une chaîne complète et fixe est possible en cuma, avec un bâtiment dédié qui entre dans le coût d’investissement. Un soin supplémentaire doit être apporté pour les questions de stockage et de dimensionnement.

Seuls les trieurs à grilles et les trieurs alvéolaires s’adaptent en mobile. D’ailleurs, les constructeurs proposent les deux sur la même remorque. Le matériel en mobile est très adapté en cuma. Il faut cependant bien réfléchir au transport et ne pas trop multiplier les lieux de fonctionnement. Pour cela une étude approfondie de la carte géographique des volumes, des distances et des infrastructures des sites, permettra de définir les points de chute les plus appropriés. Les fédérations de cuma ont de l’expérience d’accompagnement sur ces sujets. Elles connaissent la mécanique des dossiers administratifs, ainsi que les différentes aides. »

Une fois le projet bien étudié, quels derniers conseils pour se lancer ?

« Ne pas minimiser le temps de travail, pour la réflexion, la mise en place et lorsque l’activité est en fonctionnement : trier des grains demande de l’expérience mais aussi du temps. Avant tout achat, il faut comparer plusieurs devis et peser le pour et le contre de chaque offre. Faire soi-même est toujours moins cher, mais attention au temps de travail que cela représente. Enfin, il est conseillé de penser à un projet évolutif. Une fois le premier pas fait, les compléments d’investissement sont toujours possibles, s’ils ont été anticipés. »

Des échanges entre groupes d’agriculteurs pour se lancer dans le tri

Le projet Tri’AGE, soutenu par la fondation Daniel et Nina Carasso, organise des visites de trieurs et des journées d’échanges. Depuis 2021, plus de 100 personnes ont déjà participé aux évènements qu’organisent régulièrement les partenaires du projet (réseaux cuma, civam, bio et ceta). Les deux prochaines journées d’échanges s’inscrivent dans le cadre du salon La terre est notre métier, à Retiers (35), les 25 et 26 septembre. Au programme : démonstrations, témoignages de groupes, apports techniques, économiques et organisationnels. Inscription gratuite par mail : [email protected].

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

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