Le tri des grains apporte une valeur ajoutée aux cultures. Livrer en direct des épiceries, des boulangers, des restaurateurs ouvre en effet une voie de valorisation intéressante de sa production. Elle impose en contrepartie une haute exigence quant à la pureté des lots. À l’arrivée de Florine Guelet aux cotés de son frère Samuel, la ferme familiale se lance pleinement dans cette production de graines en tout genre destinées à l’alimentation humaine.
La chaîne de tri des grains est au cœur de l’exploitation agricole
Les agriculteurs en vendent une partie en l’état et ils en transforment une autre. « Nous produisons cinq farines. Depuis cet automne, nous faisons également des huiles », explique l’associée. Entre les outils de transformation et conditionnement et les cellules de stockage où passe l’ensemble de leur récolte, la plateforme de tri constitue un cœur du réacteur. En décembre, Florine Guelet en assure une visite dans le cadre de l’AG de la fédération des cuma locale (article à lire ici : Trois cuma témoignent de leur gestion et du suivi des consommations de GNR), accueillie par la cuma des Versants de l’Ilet, voisine de l’exploitation (article à retrouver dans Entraid’ de janvier 2023).
Quatre trieurs sur une mezzanine
La maitrise de la conservation est primordiale pour la ferme Breti’graines. En remplissant les silos, puis en début d’hiver, « on souffle dans les cellules pour faire descendre la température », explique l’agricultrice de Saint-Aubin-d’Aubigné. Et avant le stockage, tout passe au trieur rotatif à cinq descentes. En amont de celui-ci, un trieur aérodynamique réalise même un prénettoyage. « Pour des graines légères comme le quinoa, on ne l’utilise pas », précise Florine Guelet.
« Ensuite, on reprend à la vis sans fin dans les cellules pour trier avec la table densimétrique. » Comme dans le trieur rotatif, « toute la production y passe aussi ». L’outil densimétrique traite entre 1 et 3 t/h. Il sépare les grains, et les éventuels cailloux, en fonction de leur poids. Chaque opération affine le tri. Ainsi, en bout de chaîne, le trieur optique finit le travail, à raison de seulement 200 kg/h. « Il faut avoir un produit déjà propre à 95 % à l’entrée, sinon, il ne s’en sort pas », illustre Florine.
La moissonneuse-batteuse est le premier outil de tri des grains
La ferme Breti’graines s’est équipée de sa propre installation fixe pour trier tout le fruit de ses 135 ha de récoltes annuelles. Son outil est à la pointe. Pourtant, « cela n’autorise pas à mal bosser à la récolte ! », coupe Jean-Marc Roussel. L’animateur cuma insiste même : « Le premier tri se fait avec la moissonneuse batteuse. »
Florine Guelet confirme l’enjeu au champ : « Nous avons des chauffeurs exceptionnels à la cuma. Nous avons une douzaine de variétés différentes, et c’est un gros boulot pour bien récolter. » D’autre part, le fait que les cultures soient conduites en bio fait qu’ils partent d’assez loin parfois. « Malgré quoi nous rentrons un produit déjà propre. Nous avons cette chance parce qu’autrement, on ne peut pas trier derrière », détaille Florine.
D’essais en progrès avec la cuma
Au regard de ce besoin de propreté, l’exploitation constate la pertinence de la récolte par fauche andainage. Les lentilles ou le colza y passent déjà. « Même du blé qu’on coupe à 18 % d’humidité, descend très vite à 15 %. C’est très efficace », observe Jean-Marc Roussel. Le plein déploiement de ce mode de récolte fait sans doute partie des nombreuses évolutions qui animent encore la ferme.
« Nous réfléchissons à un autre trieur éventuel, dévoile en outre l’agricultrice, mais notre installation est déjà bien opérationnelle. » Sur la mezzanine qui regroupe les matériels de tri, elle estime que l’investissement représente « un peu plus de 50 000 €. » En plus d’avoir assuré l’installation de ces équipements, « nous sommes allés directement en Chine pour acheter sans intermédiaire. C’était risqué et nous devons nous débrouiller pour le SAV. Mais ça valait le coup », témoigne la productrice de céréales. Car l’économie est impressionnante.
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