Découvrez deux exemples de diversification collective dans la Drôme.
Le chanvre pour la diversification
«Aller de l’avant», c’est peut-être ce qui pourrait résumer le fonctionnement de la cuma Vitipintabic dans la Drôme. Créée en 1991, forte d’environ 37 adhérents et 27 outils adaptés à la diversité des productions qu’elle représente.
Innovation en termes de cultures avec le chanvre pour la construction. Un groupe d’exploitants s’est créé il y a quelques années pour répondre à une demande de la Communauté de communes, qui s’est instituée partenaire financier. La fdcuma a quant à elle apporté son soutien à cette diversification en achetant le matériel, lequel a été mis à la disposition de la cuma. Il a depuis été donné à la cuma pour un euro symbolique après la cinquième année. Lancée en 2014 avec 5ha, aujourd’hui, six adhérents de la cuma pratiquent la culture du chanvre, sur une surface de 16ha.
La culture du chanvre présente quelques avantages. Elle ne demande aucun traitement phyto. La croissance rapide et la hauteur de la plante empêche le développement des adventices. La racine pivotante opère une bonne structuration du sol. Peu gourmande en engrais avec seulement 50 unités d’azote, elle résiste aussi très bien à la sécheresse.
A découvrir: Un nouveau mode de récolte du chanvre à l’essai.
Débouchés locaux
Un fois récolté, les débouchés sont principalement locaux. La chaîne de transformation de la cuma permet la réalisation de plusieurs produits. La fibre, ou laine de chanvre, correspond à l’extérieur de la tige. Elle est principalement utilisée pour l’isolation des combles par des particuliers. La chènevotte est composée de l’intérieur de la tige. Elle s’utilise seule ou en mélange avec de la chaux pour l’isolation. Un marché particulièrement porteur sur le secteur. La production de la cuma est d’ailleurs entièrement achetée par un artisan local.
Une limite au développement
La demande est là, et la culture pourrait se développer. Mais elle se heurte à quelques contraintes. La chaîne de transformation trouve déjà aujourd’hui ses limites et ne pourrait pas absorber plus de production. Le bâtiment de stockage est aussi trop petit pour garantir une mise à l’abri d’une production supplémentaire.
Pourtant, les projets sur cette culture ne manquent pas. Une demande de plante entière sous forme de balle ronde de 200kg se fait jour pour la construction de bâtiment d’agrément. En plus de la tige, la cuma va aussi cette année récolter les graines pour des débouchés vers l’alimentaire et la cosmétique. Une culture qui a de l’avenir et des perspectives de développement.
Diversification: une casserie d’amandes pour garder la main
Par ailleurs, autre exemple de diversification à Savasse, dans la Drôme, où sept agriculteurs réunis en cuma ont choisi d’investir dans la construction d’une casserie. Un excellent moyen pour reprendre la main sur le processus de production. Depuis plusieurs années, les producteurs d’amandes du secteur de Savasse avaient pris l’habitude de faire casser leurs fruits à coque en Espagne. Ce qui était une bonne opération au départ c’est finalement révélé être une fausse bonne idée.
«Nous envoyions notre production en Espagne et la casserie nous renvoyait les amandes. La méthode était simple. En revanche, nous n’avions aucun moyen de vérifier si les amandons qu’ils nous renvoyaient étaient bien les nôtres. Et les coûts de transport allaient crescendo», explique Cyril Hugues, en charge du fonctionnement de la casserie.
Pour reprendre la main sur le processus de production, sept agriculteurs de la section amandes de la cuma 4SA ont fait le choix d’investir dans la construction d’une casserie dotée d’équipements de la marque Coquas, développée par le groupe FLDI.
Gagner en réactivité
«Au fil du temps, la réactivité de la casserie espagnole n’était plus au rendez-vous. Les amandes ne revenaient que début décembre, alors que pour satisfaire nos clients, nous devions les livrer début novembre. Il fallait trouver une solution, car les chocolatiers lyonnais et parisiens haut de gamme avec lesquels nous travaillons ne pouvaient pas attendre davantage», se rappelle Cyril Hugues. Depuis le 1er septembre, les retards et les problèmes de traçabilité ne sont plus qu’un souvenir. Le nouvel équipement, chiffré à 750.000€ et pour lequel ils ont pu bénéficier du soutien de l’Europe et de la Région à hauteur de 254.000€, tourne à plein régime.
Dans le hangar de 720m2, près d’1,5t d’amandes y sont cassées chaque jour. Les machines, aux normes industrielles, fonctionnent 8h30 par jour, 5j/7 en pleine saison, et les agriculteurs sont satisfaits. «Le cassage en Espagne nous revenait à 1,70€/kg d’amandes cassées. Avec notre nouvel équipement, nous arrivons à 1,50€/kg. Nous sommes gagnants dès la première année, et cela malgré les problématiques de gel », assure Cyril Hugues, qui sait qu’il faudra néanmoins attendre plusieurs années pour rentabiliser l’outil de production. «En outre, la casserie est un excellent moyen de valoriser notre production grâce à une traçabilité maîtrisée et un bilan carbone optimal. Nous fiabilisons la filière et assurons aussi une production à taille humaine. Aujourd’hui, nous cassons l’équivalent de 100ha d’amandiers.»
Enfin, à lire également: Des cuma qui adoptent la technologie.