La maîtrise des coûts est vite devenue une nécessité
Très rapidement après son installation, les choses se sont compliquées pour l’agriculteur qui se souvient : « Les cours des bovins étaient en chute libre. Il m’a fallu renégocier les prêts sur des périodes plus longues. Dans le même temps, j’avais repris du matériel plutôt âgé, sans avoir la capacité financière de le renouveler. Dans ce type de situations, je peux le dire, on apprend vite à compter ! »
La cuma de Beaumont-sur-Sarthe, sous l’impulsion Benoît Mohain, le président à l’époque, entreprenait alors la création d’un groupe tracteur. Ce projet fut salutaire notamment pour Julien Chassais qui était déjà membre du conseil d’administration. « Finalement, avec plusieurs adhérents il s’avérait que nous avions un réel besoin en traction de forte puissance », narre-t-il. « Nous avons commencé par acquérir un tracteur de 200 ch. C’était un Massey Ferguson 7720 que nous affections à nos travaux des champs. » Preuve de cette réalité du besoin, l’activité augmente. La cuma se dote d’un second tracteur et ainsi de suite. Aujourd’hui un tracteur de 155 ch et quatre de 200 ch composent le parc de la cuma de Beaumont.
Cinq tracteurs en cuma aujourd’hui
La qualité du service collectif se ressent sur les chiffres de l’exploitation. Elle consacre moins de 75 800 €/an au total à sa mécanisation, ce qui représente 14 % de son chiffre d’affaires. Le parc matériel de l’exploitation se limite essentiellement à un chargeur télescopique et un tracteur d’occasion (achat à 4 000 h) en copropriété. À l’occasion d’un récent diagnostic de mécanisation réalisé avec sa fédération de cuma, l’éleveur pouvait donc constater la pertinence de sa stratégie. Il se situe mieux que la moyenne (17 %) du groupe de référence sur ce critère(1). Idem pour le poids de la traction : qui représente moins d’un quart des charges de mécanisation de Julien Chassais, contre un tiers pour la moyenne du groupe.
Si les éléments économiques restent prépondérants, le chef d’entreprise confie son objectif d’améliorer ses conditions de travail. La prise d’une semaine de vacances l’été et une autre l’hiver et dispose de week-ends sont importants. Les bons indicateurs précédents lui laissent une marge de manœuvre par exemple pour envisager de la délégation. Julien justifie : « Nous avons trois enfants. J’ai aussi des responsabilités dans la gestion de l’école. » Pour la première fois, un stagiaire est également présent sur l’exploitation. L’agriculteur apprécie : « Ça va bien, c’est un très bon chauffeur. »
Quelles solutions pour la continuité ?
Actuellement la cuma s’interroge à propos de la gestion de son parc tracteur. Le sarthois résume le constat : « Les prix des matériels s’envolent et nous souhaitons conserver des prix raisonnables pour nos activités. Alors quelle stratégie devons-nous privilégier ? Renouveler fréquemment ? Faire vieillir ? Doit-on acheter ? Louer ? » Les questionnements du responsable confirment le rôle important que pourraient jouer les conseillers du réseau qui accompagnent les cuma sur le sujet. Julien Chassais a une certitude : « Nous travaillons trop souvent dans la précipitation dans ces situations-là. Il nous faut établir une réflexion sur la durée, sans être sous la pression des contrats. » Une journée d’accompagnement DiNAcuma qui permettrait au groupe de réfléchir à l’acquisition d’une machine, à 180 000 € aujourd’hui, coûterait 60 € à la cuma. Soit ce qu’elle facture à ses adhérents pour deux heures de traction.
(1) Étude de groupe, réalisée en Pays de la Loire par le réseau cuma, sur la base de 91 diagnostics de mécanisation dans des exploitations ligériennes.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :
Mecagest chiffre les charges de mécanisation
L’enjeu sous-estimé des charges de mécanisation sur l’exploitation agricole
Le choix des techniques culturales influence les charges de mécanisation