Stabulation photovoltaïque : je me lance ou pas?

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Stabulation photovoltaïque : je me lance ou pas?

Même en présence d'une centrale photovoltaïque en toiture, c'est d'abord le produit animal qui assure la valorisation du bâtiment d'élevage.

Même couverte de panneaux photovoltaïques, une stabulation est un bâtiment d’élevage. Sa conception doit avant tout servir la performance de l’atelier de production animale. Ceci n’empêche pas une production électrique (vendue ou autoconsommée) valable.

Le constat qui vaut pour les hangars de stockage ou de réparation des matériels agricoles s’applique encore plus pour une stabulation : ce n’est pas la production d’énergie photovoltaïque en toiture qui paye la construction d’un bâtiment. Jacques Charlery (GIE élevage de Bretagne), à l’occasion du Space 2023 résume un calcul : dans les conditions actuelles, il faut de l’ordre de vingt ans à une installation de 300 kWc pour rembourser un investissement de 300 000€. Malgré tout, l’expert en bâtiments d’élevage insiste : « Oui, ça reste pertinent d’envisager le photovoltaïque en toiture », au moins dans le cas d’une nouvelle construction. « Quel qu’en soit le mode de valorisation, le solaire peut être rentable. »

Le photovoltaïque sur bâtiment d’élevage : un projet qui s’envisage

Pour autant, l’atelier de production photovoltaïque ne doit pas guider les grandes lignes de la construction d’un bâtiment d’élevage. Il peut simplement nuancer les choix. Ce sont à l’inverse les conditions de vie du troupeau, ainsi que la circulation des animaux, des travailleurs et des véhicules (qui doivent aussi manœuvrer), qui orienteront les décisions d’implantation de l’édifice.

En résumé, l’éleveur doit davantage s’interroger par rapport à l’exposition aux vents des ouvertures que par rapport à l’exposition au soleil de la toiture. Et même, selon l’usage de l’électricité, une couverture qui privilégie une orientation vers l’Est ou l’Ouest présente potentiellement l’intérêt de mieux correspondre aux courbes de consommation électrique d’un élevage laitier. En outre, la différence de productivité du photovoltaïque n’est que de l’ordre de 10% par rapport à une orientation plein sud qui l’optimiserait.

De multiples facteurs

Cette priorisation nécessaire implique des contraintes. « La mise à la terre de tous les éléments doit être parfaite », introduit l’expert en guise d’exemple. « La lumière impacte la santé des animaux. » Elle joue également un rôle dans le mécanisme d’assèchement des litières… Pour ces raisons la lumière doit entrer dans la stabulation. Et de manière suffisamment diffuse pour éviter de créer des zones.

« Pensez par ailleurs que chacun de vos bovins transpire 15 à 20 l/j. » Dans ces conditions, les panneaux photovoltaïques ne peuvent faire office de toiture. Jacques Charlery pointe même jusqu’aux choix des matériaux et une préférence, par exemple, pour le fibrociment face à l’acier, plus sensible à l’ammoniac.

« L’assureur sera attentif à la résistance au feu de la sous couverture. Par rapport au risque incendie, on évitera aussi de mettre l’ensemble de ses moyens de production sous le même toit avec du photovoltaïque, tandis que l’onduleur ira préférentiellement à distance du bâtiment. » Enfin l’exercice de l’élevage risque aussi d’impacter directement la productivité des panneaux. L’éleveur doit par exemple garder en tête que la pailleuse, génératrice de poussière, n’est pas une bonne amie du rendement de ses panneaux photovoltaïques.

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