En ce début février, du soleil est annoncé, mais aujourd’hui le temps est encore gris. Chez Olivier Bouchonneau, à Saint-Christophe-du-Bois (Maine-et-Loire), les trackers solaires sont en position horizontale, à l’arrêt. « C’est comme ça depuis deux semaines, alors j’utilise le groupe électrogène au fioul pour faire tourner la fabrique d’aliments, indique l’éleveur porcin. En ce moment, cela me coûte moins cher que l’achat d’électricité. Mais dès que le soleil se montrera, je déclencherai les trackers solaires. »
100 000 € pour 2 trackers solaires de 110 m²
Olivier Bouchonneau a investi 100 000 € dans deux trackers solaires de 110 m² en 2017. Puis il en ajoute un troisième de 117 m² en 2022, pour 52 000 €. Il dispose désormais d’une puissance totale de 58,2 kWc. « Au début, ma motivation était surtout de contribuer à la production d’énergie verte, justifie-t-il. Je fais partie du collectif Agribiométhane à Mortagne-sur-Sèvre en Vendée depuis sa création en 2014. Pour moi, c’est la même logique. La décision du troisième tracker en 2022 était davantage liée à l’augmentation des coûts que l’on sentait venir. Puis, tout s’est accéléré au cours de l’année. »
25 à 30 % d’autoproduction
Résultat : le retour sur investissement qu’il imaginait sur douze ans en 2017, sera sans nul doute beaucoup plus court. Selon son nouveau contrat démarré en janvier 2023, dans le cadre du groupement d’achat auquel participe Cooperl, la facture d’électricité théorique annuelle atteindrait 80 000 €, contre un montant théorique hors trackers de 47 000 € en 2022. En réalité, l’an dernier, avec ses deux premiers trackers en fonctionnement, Olivier Bouchonneau n’avait déboursé que 37 000 €.
Pour une consommation électrique de 350 MWh en 2021, l’exploitation a produit par elle-même 62 MWh, soit environ 17 %. Avec le troisième tracker, l’autonomie devrait atteindre 25 à 30 %. Ici, les besoins en électricité sont élevés pour deux raisons. D’une part, la fabrication d’aliments à la ferme pour les porcs nécessite le broyage de plusieurs centaines de tonnes de céréales. D’autre part, l’ensemble des bâtiments est conçu pour permettre un élevage de reproducteurs sans problème respiratoire et donc sans antibiotique. Ceci impose une filtration d’air également consommatrice d’énergie.
Prendre de l’avance en conditions ensoleillées
« Je pilote l’approvisionnement électrique de mon installation manuellement en fonction de plusieurs paramètres, explique Olivier Bouchonneau. Dès qu’il y a du soleil, j’utilise les trackers. L’application OKwind donne un prédictif de production solaire basé sur les prévisions météo. La fabrique d’aliment doit tourner cinq jours sur sept, mais avec une capacité de stockage de plusieurs jours, je peux prendre de l’avance si les conditions sont favorables. » Quant au groupe électrogène au fioul, il est intéressant en saison hivernale depuis la flambée des tarifs, en particulier pendant les heures pleines d’hiver beaucoup plus chères que les heures creuses et heures d’été. « En janvier, j’ai consommé 2 400 l de fioul au tarif de 1,139 €/l, pour produire 6 980 kW » précise l’éleveur.
Avec le soleil attendu durant cette semaine de février, les trackers vont faire le plein d’électricité. En cette saison où la filtration d’air fonctionne peu, Olivier Bouchonneau pourrait même être amené à en vendre au réseau. Et sa capacité de production n’endort pas la vigilance de l’éleveur. « La consommation des groupes de filtration est un enjeu important. Il faut surveiller l’encrassement des filtres pour éviter de surconsommer, notamment quand il fait sec et que beaucoup de poussières sont en suspension dans l’air comme l’été dernier. »
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