Avec progressivité, la ferme s’est développée sur le plan humain. Aujourd’hui, quatre travailleurs y évoluent au quotidien. Dans cette équipe, trois salariées interviennent quasi-exclusivement auprès du troupeau de 70 vaches laitières. Les conditions du travail d’astreinte de l’élevage laitier sont particulièrement soignées. Christophe Savary s’est installé en 2000 sur la ferme familiale de Zutkerque. Valérie, aujourd’hui salariée, y arrive en 2007. Depuis, la production annuelle, 350 000 l à l’époque a triplé. Surtout, le couple a construit une structure performante qui valorise donc un travail d’équipe rigoureusement organisé. C’est sans doute là un des bénéfices des expériences extérieures. « Je ne me voyais pas agricultrice », explique Valérie Savary à l’occasion d’une visite de l’élevage organisée par le BTPL en novembre.
Le recul et les apports d’une nima* qui ne se voyait pas agricultrice
L’encadrement de stagiaires comptait parmi ses précédentes fonctions. « Savoir accueillir, faire des plannings, communiquer… c’est important, même entre collègues. Et ça s’apprend », assure-t-elle. Aujourd’hui, l’EARL met à profit ces compétences pour organiser le travail avec Sarah et Audrey, les deux salariées à temps partiel de l’entreprise. « On nous a souvent dit que nous avions trop de personnel. Mais c’est notre choix de faire comme ça », affirme le chef d’entreprise.
« Souvent, je suis ici le lundi, le mercredi et le samedi matin », explique Sarah Degrave-Billoray. Éleveuse dans l’âme, elle est chef de traite et d’un grand soutien dans le suivi du troupeau. « Sarah m’aide par exemple sur la détection des chaleurs. Et parce qu’elle est là, nous pouvons nous absenter par exemple pour suivre des formations », explique Christophe. « C’est comme cela qu’on progresse sur la technique et que l’on maintient une entreprise en bonne santé grâce à laquelle nous gagnons notre vie. »
La sérénité concoure à la performance
L’élevage se fixe comme règle la quasi obligation de ne pas travailler seul. « Nous pouvons faire une traite seul, mais en dépannage seulement », précise Christophe Savary. Ceci explique aussi que l’exploitation maintienne deux postes à mi-temps au lieu d’un temps plein. Depuis deux mois, Audrey Langagne occupe le second poste.
Pourtant, « au départ, Audrey avait peur des vaches », se souvient Valérie qui a accordé beaucoup plus d’importance à la motivation et l’envie d’apprendre de la recrue qui, outre ses appréhensions auprès des gros animaux, a balayé quelques clichés sur le monde agricole. « Ici, il y a de bons protocoles de travail. Les patrons m’ont mis à l’aise avec les animaux. Enfin, ils me font confiance, tout en restant disponible si j’ai besoin. »
Deux choses l’ont aussi surprise un peu dans son nouvel univers professionnel : « Le fait qu’ils puissent écouter des idées, et leur façon de nous apprendre. »
Les conditions du travail d’astreinte de l’élevage laitier participent à l’attractivité des postes
Les horaires de l’astreinte, vont de 7h30 à 12h30, puis de 16h30 à 19h. Elles semblent globalement convenir aux jeunes femmes qui résident à proximité. Si les exploitants misent également sur l’entretien de la convivialité, notamment grâce à des sorties, ils ont surtout soigné les installations dans leurs bâtiments d’élevage. « On ne fait rien à la main car il y a un matériel pour tout. J’apprécie vraiment cela », conforte Sarah.
Près du troupeau, le Bobman qui balaye et garnit les logettes en anas de lin attend son heure. Idem pour le taxi-lait à la sortie de la fosse de traite. « J’avais mal aux épaules depuis quelques mois. Nous avons sollicité un ergonome », narre Valérie. Depuis, au bureau, « ma souris est bien devant moi », tandis qu’un investissement (6 500 €) pour la distribution du lait a amélioré beaucoup de choses. « Le taxi-lait c’est une révolution. Ça chauffe, ça mélange… Et maintenant, tout le monde fait de la même manière, même la salariée qui n’a pas la sensation du chaud ou les stagiaires qui considéraient que le lait était chaud alors qu’il n’était que tiède. »
Quels équipements pour réduire la pénibilité de l’astreinte de l’élevage laitier ?
Et tandis qu’elle enfile son exosquelette pour une démonstration, Christophe poursuit la visite de la salle de traite, large, lumineuse et maintenue propre. « Nous avons réhaussé la barre qui nous obligeait à nous baisser pour bien voir les mamelles. Surtout, nous avons ajouté un système pour distribuer du concentré en salle de traite. On leur donne 500 g en 7 minutes. Ainsi, les vaches restent calmes », précise-t-il. D’une part les animaux montent d’eux mêmes sur le quai. « Elles se positionnent aussi mieux pour la traite. »
La communication interne se placarde devant les postes de travail
De la laiterie à la nurserie, sur les murs se multiplient les affichages. Ici un protocole, une liste des vêlages ou des traitements en cours. Là, les plannings. « Les gens aiment bien voir en amont avec qui ils vont travailler », constate l’éleveur qui enfin s’étonne joyeusement. « Nous affichons aussi les résultats techniques du troupeau. Tout le monde regarde, en discute, commente… » s’intéresse.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :
- L’exosquelette en salle de traite rend le travail moins pénible.
- Un guide d’achat d’un taxi-lait.
- Enquête sur la charge de travail en production laitière.
- Les atouts d’un emploi en cuma.
(*) Non issue du milieu agricole.