Berthoud conduit depuis plusieurs années des essais sur la reconnaissance des adventices par un système embarqué sur le pulvérisateur, pour ne traiter qu’en cas de besoin. Un spot spraying Berthoud. François-Xavier Janin, chef produit en charge du dossier chez le constructeur français, a donné un état des lieux du projet au cours d’un webinaire de la Frcuma Ouest. Il a aussi répondu aux question des agriculteurs et techniciens du réseau Cuma présents sur cette méthode de désherbage.
Il a précisé que Berthoud a plusieurs appareils en test, en France et à l’étranger, et collabore avec deux fournisseurs de dispositifs de reconnaissance : Bilberry et CarbonBee. Le premier utilise des capteurs RGB, autrement dit qui voient ce que voit l’œil humain. Le second emploie des capteurs hyperspectraux, capable de distinguer des nuances plus fines.
Spot spraying Berthoud : identifier et traiter
Dans les deux cas, le but reste le même. Identifier les adventices au seins de la culture et déclencher l’ouverture d’une ou plusieurs buses pour appliquer un herbicide localement. Il est même imaginable de jouer sur deux doses différentes selon l’espèce à détruire. On parle en anglais de « spot spraying ».
L’indentification est affaire d’apprentissage par l’intelligence artificielle, et s’améliore avec le temps. Plus la forme et la couleur de l’adventice se distinguent de celles de la culture, plus l’identification est facile. Une datura à 2 cotylédons se voit très bien dans des haricots alors qu’une folle avoine est difficile à déceler dans du blé.
Seulement pour la post-levée
La pertinence de cette méthode dépend bien entendu du type de désherbage pratiqué. Elle ne convient que pour les applications en post-levée, là où les adventices sont identifiables. Toutes les cultures ne sont donc pas concernées au même chef. Mais les capteurs employés pourraient un jour servir à identifier un manque d’azote ou une maladie fongique, et étendre ainsi les applications possibles. La carte des adventices pourrait aussi servir à moduler la profondeur de travail d’un outil de travail du sol.
Une ou deux buses
Cette technologie commence par l’emploi d’un pulvérisateur d’un niveau suffisant : coupure individuelle des buses, circulation continue, rampe très stable et pourvue d’une hauteur de rampe, pilotage par un boîtier Isobus. A ce stade, la lumière du jour est nécessaire pour un bon fonctionnement des capteurs. Des investigations sont encore en cours sur le fait de savoir s’il faut ouvrir seulement la buse présente au-dessus d’une adventice, ou bien elle et sa voisine, pour assurer la dose voulue. En effet, sur tout pulvérisateur, les jets se recroisent et c’est l’addition des gouttelettes venant de 2 ou 3 buses contigües qui assure la bonne dose sur toute la largeur de la rampe.
Gérer les fonds de cuve
Le fait qu’on ne traite pas en plein peut permettre d’augmenter le volume de bouillie à l’hectare, pour éventuellement gagner en efficacité du désherbage, ou accroître simplement l’autonomie. Par contre, il est difficile de prévoir à l’avance la quantité nécessaire pour un chantier donné. D’où une gestion délicate des fonds de cuve.
Cartographier avant
Un « scan » de la parcelle peut s’imaginer à l’occasion d’un passage visant une application autre que l’herbicide. La carte réalisée donnera alors une idée de la surface à pulvériser sur les jours qui suivent et donc du volume demandé. Une carte réalisée par un drone au lieu d’un jeu de capteurs embarqués serait aussi une solution. Mais qui soulève selon Berthoud de gros problèmes de concordance entre l’image captée en l’air et l’action des buses au sol. L’injection directe (seulement de l’eau dans la cuve) serait une autre réponse. Mais le constructeur ne croit pas à cette technologie dans les conditions actuelles. L’éventail des viscosités et des dosages des produits est trop large (formulations très différentes). D’autre part, les bouchons ne sont pas complètement standardisés (problème pratique de raccordement).
Spot spraying Berthoud : 20 à 50% d’économie
Berthoud a mené des essais de désherbage avec un laboratoire extérieur garant du protocole, sur maïs et sur inter-culture. Une efficacité de 95% est atteinte aussi bien en plein qu’en traitement à la demande, avec une économie de produit de 20 à 50% voire plus dans le second cas. Ce budget sera à mettre en face du prix de vente du système, qui pourrait avoisiner 30000 à 35000 €. La commercialisation n’est toutefois pas encore lancée.
En complément sur la reconnaissance d’adventices :
- En 2019, Berthoud annonçait successivement un partenariat avec Bilberry, puis avec CarbonBee,
- Hardi développe un projet avec Bilberry,
- Amazone travaille avec Bosch et Xarvio, des projets également entre Bosch et BASF.