Il faut sauver les lins de 2024

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Il faut sauver les lins de 2024

Avec les trois semaines de pluie, les lins 2024 doivent être enroulés rapidement afin de sauver la récolte avant les prochaines ondées.

Les chantiers de récolte de lin s'éternisent cette année. Les trois semaines de pluies ont permis le bon rouissage, mais il est temps de sauver la belle récolte qui s'annonce. Reportage dans le Pas-de-Calais, à la cuma des Trois cantons en plein enroulage.

Dans la chaleur automnale de ce 18 septembre, enrouleuses, plateaux et télescopiques s’affairent sur cette parcelle de 19 ha de lin. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Et ce n’est pas faute d’avoir attendu. Les pluies ont décalé la récolte de lin 2024 de plus de trois semaines.

Le lin 2024 à sauver

Alors forcément, la récolte devenait cruciale. « Il ne fallait pas une journée de plus de pluie, sans quoi, la récolte était perdue », estime Laurent Bué, agriculteur à Wail, dans le Pas-de-Calais. Un crève-cœur alors que la production de lin s’annonce exceptionnelle. « Avec les mauvais rendements en grains, nous avons beaucoup misé sur lin », avoue-t-il.

Il n’y a donc pas une minute à perdre, la pluie est annoncée pour dans trois jours et il y a encore 125 ha à enrouler au sein de la cuma des Trois cantons. Mais pour cela, le groupe d’une douzaine d’adhérents, tous situés à trois kilomètres à la ronde, est bien équipé : sept enrouleuses sont sur le pont.

Vitesse réduite

Et ils faut dire que les Depoortere en ont sous le pied. « En une demi- journée, on peut enrouler jusqu’à 40 ha, estime Jérôme Fourdinier, responsable de l’activité. Le tracteur peut rouler jusqu’à 18 km/h quand le lin est bien sec, en plein été. » Cependant, les conditions se sont dégradées depuis les derniers ballots enroulés. C’était fin août.

Le lin est dorénavant est plus humide, les tracteurs roulent jusqu’à 12 km/h maximum. D’autant que les journées sont plus courtes, l’air ambiant étant plus humide. « Avec cette marque, nous avons accès à du matériel fiable, justifie le responsable. La plus vieille enrouleuse a 12 ans, la plus jeune quatre. Entre les deux, il n’y a pas beaucoup de différences, sauf le prix ! Il y a peu d’évolutions dans les machines à lin. » Et le groupe peut s’appuyer sur le salarié d’un adhérent qui bichonne les machines pendant l’hiver.

Prestation complète

« Ce sont des machines qui sont fiables, enchérit Quentin Cousin, technicien au teillage Opalin venu apprécier l’avancée du chantier. Elles font de beaux ballots sans dénaturer la qualité de la fibre, et facilitent le déroulage au teillage. Ces machines assurent le débit au champ comme au teillage. Nous apprécions quand les adhérents s’équipent d’une telle marque. » Mais cette robustesse a un prix digne des machines pour le lin. « Pour les rentabiliser, nous devons récolter plus de 250 ha », calcule Jérôme Fourdinier.

lin 2024 sauver

Chaque presse est conduite par un tracteur et le chauffeur d’un adhérent.

Ce qui implique une bonne organisation. Et sur ce point, la cuma est rodée. Chaque presse est conduite par un tracteur et un chauffeur d’un adhérent. « Chaque presse a un adhérent responsable qui fournit le reste du matériel, précise le responsable de chantier. Nous proposons donc une prestation complète. Pour ces travaux, il faut compter 250 €/ha, carburant compris. » Pour le ramassage, il faut être réactif, les ballots de lin n’aimant pas l’humidité. C’est à l’adhérent de se procurer le matériel et la main d’œuvre nécessaire au transport.

Aider au séchage du lin

Si tous les adhérents de l’activité sont de bonne volonté, avec des fenêtres météo aussi courtes, la cuma a besoin de réactivité. « C’est là où ca pêche, estime le responsable, qui a une petite idée derrière la tête. Il faudrait que nous réfléchissions à un moyen pour que nous puissions perdre le moins de temps possible. Car bien souvent, les chantiers de lin viennent se superposer à la moisson. Peut-être un salarié en cuma ? »

« Les pluies ont permis le rouissage du lin, mais il faut maintenant qu’il sèche, explique Jérôme Fourdinier. Et passé mi-septembre, c’est beaucoup moins facile. » En effet, les journées sont plus courtes, le soleil moins fort et les rosées plus denses. Pour tenter de gagner le contre la montre, les agriculteurs du Ternois ont sorti leur deux  souleveuses à lin et trois retourneuses avant de l’enrouler.

Lin 2024 : une récolte exceptionnelle

« Certains préfèrent retourner les lins, d’autres, uniquement le soulever, fait remarquer le responsable de la flotte de machines. Avec la dernière technique, il faut s’y prendre un peu plus à l’avance, car le lin reste au sol malgré qu’il ait été soulevé. Et c’est aussi un moyen pour ajouter quelques mottes de terre ou repousses malencontreuses dans le lin. » Altérant sa conservation. Il faut alors être vigilants.

lin 2024 sauver

La qualité du lin 2024 s’annonce exceptionnelle.

Peu importe les moyens, cette année, le lin est bichonné par les producteurs. Malgré qu’il ait été martyrisé par la météo, la récolte s’annonce comme l’une des meilleures de la décennie. Qui l’aurait cru. « À cause de la pluie, nous avons semé nos lins avec en moyenne un mois de retard, se souvient Jérôme Fourdinier. Il a tout de même bien poussé de façon homogène, pour grandir jusqu’à 90 cm, voire un mètre. Forcément, la suite des travaux avec les arrachages et les retournages a été décalée de deux semaines en moyenne. »

Le lin 2024 sera sauvé dans trois jours

La moitié des lins ont été enroulés fin août avant la pluie. « Les ballots pèsent entre 280 et 320 kg, c’est une année prometteuse, ajoute Quentin Cousin. On estime le rendement moyen de la coopérative à 8 t/ha. » De quoi renflouer les stocks, un peu en baisse depuis plusieurs années malgré une hausse de 25% des surfaces.

La lumière automnale de fin de journée laisse les machines s’affairer dans tous les sens de la parcelle. Dans trois jours, lorsque le groupe aura rentré tout son lin, les enrouleuses pourront se diriger vers les 15 ha de chanvre implantés à quelques mètres de cette parcelle. « Depuis quelques années, j’implante du chanvre textile pour la coopérative, explique Laurent Bué. Mais cette année, à l’inverse des lins, la plante n’a pas aimé l’humidité, les rendements devraient être décevants. »

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