La cuma des Trois cantons située à Wail, dans le Pas-de-Calais, est connue pour son organisation du chantier de récolte de lin. Parmi les 25 adhérents, 12 cultivent du lin et ce, de manière historique. En effet, l’activité lin date de 1987 et depuis, l’organisation a quelque peu évolué. Elle s’est adaptée aux contraintes météorologiques, mais aussi à la demande de qualité et de rentabilité.
Tour de plaine avec les techniciens avant le chantier de récolte de lin
Chaque agriculteur sème avec son propre matériel. En revanche, la récolte est organisée en commun. Il y a d’ailleurs un responsable pour ce chantier. « Nous arrachons 340 hectares de lin, auxquels s’ajoutent 70 hectares que nous effectuons pour une cuma voisine, explique Laurent Bué, président de la cuma. Toutes les parcelles sont relativement regroupées dans un rayon de 10 km. Mais elles sont suffisamment éloignées pour avoir des terroirs différents et ainsi faire varier la maturité des lins. »
Avant que le chantier de récolte de lin ne débute, la cuma organise un tour de plaine avec les techniciens des linières. Chaque producteur est invité à s’y rendre. « Là, on détermine le niveau de maturité des lins, précise Jérôme Fourdinier, responsable du chantier et adhérent à la cuma des Trois cantons. À partir de là, l’ordre d’arrachage des parcelles est établi. En impliquant une personne extérieure, le choix devient légitime. Tout le monde entend le même discours, cela tranche les avis et évite les discussions ou malentendus. »
Arrachage du lin : une étape délicate
Pour arracher le lin, le groupe dispose d’une arracheuse double rang Depoorter, renouvelée l’année dernière. Le chantier peut ainsi avancer assez rapidement. Une fois à terre, le lin doit être retourné au minimum une fois pour garantir le rouissage. La cuma organise ce chantier selon l’avancée de cette étape. Trois retourneuses sont à disposition, récentes également. Cependant, dans certains cas, il faut réaliser un deuxième voire un troisième passage, selon la météo.
« Nous avons la particularité de ne pas faire facturer ces passages supplémentaires, explique le président. Ces interventions ont pour but d’accélérer la récolte, cela arrange tout le monde. » Même principe pour la souleveuse qui peut permettre le rouissage plus rapide du lin mais qui nécessite une intervention supplémentaire. Ainsi, les frais de retournage et de souleveuse sont mutualisés entre les adhérents.
Un chantier entre 450 et 500 €/ha
Enfin, la dernière étape, l’enroulage, est celle qui demande le plus de main-d’œuvre. « Il faut être réactifs et nous le sommes, grâce aux sept presses dont nous disposons, ajoute Laurent Bué. Ainsi, on peut avoir jusqu’à trois chantiers par jour. Une année, nous avons même réussi à presser jusqu’à 52 hectares en une journée. Mais ce n’est pas bon signe dans ce cas. Cela signifie que la météo n’est pas favorable. »
Cette septième presse a été achetée en 2021 pour soulager les six autres et avoir une force de frappe plus importante. « Les fenêtres d’action se réduisent et bougent, estime un adhérent. Nous devons être plus réactifs et plus souples mais cela nous demande aussi d’être un peu suréquipés. »
Pour chacune de ces étapes, chaque agriculteur met à disposition un tracteur et deux chauffeurs en binôme pour les surfaces qu’il doit récolter. Le ramassage est à la charge de l’adhérent car le lin n’attend pas. Pour que ça roule, certaines règles ont été instaurées au fil des années. « Chacun doit être engagé dans le chantier et le prioriser, lance un adhérent. Même si d’autres travaux des champs viennent se superposer. »
Pour lisser les aléas climatiques et de moins bonnes marges, la facturation se fait à l’hectare et s’équilibre sur plusieurs années. Ainsi, le chantier coûte à la dizaine de liniculteurs entre 450 et 500 €/ha. Difficile de rivaliser avec la cuma des Trois cantons, aussi bien au niveau du coût que de l’organisation.
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