Trente adhérents pour l’activité lin textile en première année
Plusieurs producteurs ont choisi cette solution collective pour assurer un démarrage réussi de l’activité. C’est ainsi que, dès sa création au printemps 2023, la cuma Breizh lin enregistrait l’adhésion d’une trentaine d’agriculteurs. En même temps, ils emblavaient déjà quelque 200 hectares, principalement sur le nord Finistère. Et pour 2024, la sole de la culture textile pour la cuma devrait atteindre 850 ha, avec un effectif de 85 adhérents, dont une partie sur les Côtes-d’Armor.
« Nous aurions souhaité déjà porter la surface à 1 000 ha, mais les semences produites sont le facteur limitant aujourd’hui à notre agrandissement », glisse André Le Bihan, responsable développement à Bretagne lin, une structure qui s’implique dans la cuma en tant qu’associée non-coopératrice.
Des investissements conséquents mais raisonnés pour la culture du lin textile
La cuma a donc investi dans plusieurs matériels, en sollicitant des aides auprès de la Région, qui a souhaité apporter son soutien à cette nouvelle filière. Elle s’est dotée de deux arracheuses et deux retourneuses doubles. À chaque fois, les acheteurs ont associé un matériel neuf et le second d’occasion. Ils ont adopté la même stratégie pour les deux enrouleuses automotrices tandis que les deux enrouleuses tractées sont arrivées neuves à la cuma Breizh lin.
L’objectif de ce parc déjà riche est d’assurer la récolte dans les meilleures conditions. Et il a passé un bon test lors de l’été 2023. En effet, l’humidité importante a rendu plus difficile les opérations de récolte, mais la qualité de la production semble au rendez-vous.
Un suivi de cultures par un expert
Il faut dire aussi que les cultures ont bénéficié d’un suivi particulièrement soigné. François Pruvoft, technicien ingénieur de la société Van Robaeys Frères, dans le Nord, est descendu très régulièrement pour des tours de plaine. Après chaque visite de parcelle, l’agriculteur était contacté pour le suivi technique.
Les semis ont été réalisés de la mi-mars au 15 avril, au semoir à céréales, sur une terre ressuyée. Pour les prochaines campagnes, « nous songeons à semer avant le 15 mars, car nous n’avons pas de gelées printanières aussi froides que dans le Nord », analyse Dominique Le Nan, directeur de Bretagne Lin.
Itinéraire d’une récolte
Les arrachages ont été planifiés par le technicien en fonction des dates de maturité. Le temps idéal pour cette opération est un ciel couvert, mais sans pluie. Les salariés qui interviennent ont été formés à l’arrachage, au retournage et à l’enroulage des balles. La technique pour l’arrachage démontre toute la précision nécessaire aux chantiers. Il faut d’abord détourer de six tours et en décalant les andains légèrement à chaque fois pour qu’au septième tour, le passage soit libéré pour les allers-retours.
« Nous avons fait le choix d’attendre que le lin soit assez sec pour l’arrachage. Ceci permet de gagner en fibre, par rapport à une récolte qui serait plus verte », ajoute Dominique. « Cette année, avec l’été plus humide, nous avons dû reporter l’enroulage à début septembre. Mais cela n’entrave en rien la qualité du produit », rassure-t-il. Un adhérent complète : « Autrefois, les anciens déplaçaient même le lin dans les prairies pour finir le rouissage. Ainsi ils libéraient la parcelle pour la culture suivante. »
2023 restera donc dans les esprits comme une récolte plutôt compliquée. Ceci n’a toutefois point entravé le tonnage, avec un lin arraché à 90 cm environ et un bon taux de fibre longue (la filasse). Néanmoins, les producteurs observent déjà d’assez nettes disparités entre les secteurs. Première raison : la profondeur et la richesse des terres qui semblent une nécessité absolue pour espérer mener cette culture de façon rentable.
Aussitôt enroulé, le lin doit s’abriter
Enfin, les adhérents de la cuma linicole se sont familiarisés aussi avec la dernière étape au champ, l’enroulage, qui doit déclencher le ramassage immédiat des balles, car il est important de les stocker tout de suite à l’abri. Ceci fini, les nouveaux producteurs n’avaient plus alors qu’à attendre leur tour pour libérer leurs hangars, et voir leurs balles rejoindre le teillage. Jusqu’ici, la production locale part intégralement dans les Hauts-de-France, en attendant l’aménagement d’une ligne de teillage sur le site anciennement des abattoirs Gad, prévu pour fin 2024 au plus tôt.
Les agriculteurs apprennent vite, mais attention, même si la culture arrive à maturité en 100 jours seulement, le suivi cultural, et surtout celui de la récolte, demande de la surveillance et une certaine expérience, qu’ils acquièrent donc aussi collectivement.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :