Le ciel est couvert, sombre et le mercure passe très difficilement la barre des 10 degrés. Pourtant, il faut semer. Les pluies de ces dernières semaines ont retardé les semis de lin et la pluie annoncée n’augure rien de bon. Alors on avance, coûte que coûte.
Travail du sol délicat
« En début de semaine, rien n’était semé, lance Alexis Brisset, agriculteur à Mingoval, un peu dépité. Depuis, nous avons réussi à nous organiser, quitte à travailler la nuit. Et ce jeudi, il ne reste plus que 5 ha de lin sur 70 à emblaver. » Il sont un peu détendus mais surtout fatigués. Mais l’équipe est prête à enchaîner avec les plantations de pommes de terre. Pour le moment, l’heure est à l’entretien du semoir qui s’apprête à faire son dernier tour de piste pour le lin cette année.
« Le terrain est encore humide en profondeur, on ouvre les terres au dernier moment pour qu’elles sèchent sans faire de grosses mottes, explique t-il. Car la graine du lin est tellement petite qu’il faut un lit de semences très fin et suffisamment humide. » Sauf que ce matin, après avoir travaillé toute la nuit, une légère panne sur le tracteur qui travaille le sol est venue allonger la durée du chantier de quelques heures.
1,2 ha/heure
Une pause qui permet à Alexis Brisset, qui est président de la cuma du Bois de Gonse de présenter son semoir. Un Lemken Saphir 9 de 3 mètres et de 24 rangs qui effectue sa troisième campagne de semis. Il vient prêter main-forte au Horsh Pronto 3 D. À deux, ils emblavent 500 hectares chaque année de céréales et de lin. « Nous sommes six agriculteurs engagés dans ce matériel, explique l’agriculteur. Il faut savoir s’organiser pour que nous puissions semer à tour de rôle. Cela se fait relativement bien, chacun ayant exprimé ses préférences quelques jours auparavant. »
Le Lemken, pas encore remisé, est un peu moins rapide que l’autre. « Nous l’avons choisi pour son prix mais aussi pour la marque qui est fiable, précise le président de la cuma, qui possède toute la panoplie nécessaire à la culture du lin. L’autre semoir nous permet d’aller plus loin en saison et est plus précis. » Toutefois, il sème deux fois moins rapidement que l’autre, avec un débit estimé à 1,2 ha/heure.
La distribution et la pesée sont mécaniques, on met donc un peu plus de temps à le régler. » Chaque élément est équipé d’un disque qui pose la graine à une profondeur plutôt homogène, très faible pour le lin, et les roulettes plombeuses viennent tasser le lit de semences. Le but étant que la graine rentre en contact rapidement avec la terre.
Tracteurs équipés de GPS pour le semis du lin
Equipé avant d’une rotative, cela permet de semer avec le moins de débris de végétaux. L’ensemble, cette année est facturé 19 €/ha. « Auparavant, je réalise des labours pendant l’hiver et au moment des semis, je passe un outil de travail du sol assez complet, ajoute Alexis Brisset. Il est équipé de plusieurs rouleaux qui permettent de casser les mottes. Cela permet aussi de minéraliser les premiers centimètres. » Un engrais complet et rapidement assimilable est aussi amendé avant les semis. Une fois semés, les lins devront être désherbés dans les 48 heures.
Pour tracter tous ces outils, la cuma a investi dans trois tracteurs de tête. Des Fendt Vario 720 de 200 chevaux, qui ont quelques centaines d’heures au compteur. « On peut les équiper de roues jumelées pour limiter le tassement du sol, fait-il remarquer. Nos trois tracteurs sont également équipés de GPS, ce qui permet de semer même la nuit. Cela facilite le travail et c’est plus confortable. » Bien utile cette année. Pour cela, il faut compter 26 €/h, sans chauffeur, sans gasoil. Pour les rentabiliser, la cuma a instauré une règle: les tracteurs de la cuma doivent être utilisés prioritairement lors des travaux dans les champs.
Semis de lin : choisir ses variétés
Des investissements qui ne font pas peur aux adhérents de la cuma du Bois de Gonse. « Le lin est une culture assez porteuse en ce moment, avoue Alexis Brisset. Pour la première année, notre coopérative ne nous a pas restreints dans les surfaces à emblaver. J’ai augmenté ma sole de 6 ha cette année pour passer à 27 ha. J’ai également essayé de cultiver du lin d’hiver. » Plus sensible au gel, la réussite reste très variable.
Il ne suffit, cependant, pas d’avoir du bon matériel. Le choix des variétés est aussi important. « J’ai choisi Aramis et Ideo, des variétés qui correspondent à mon terroir et qui sont produites en France, précise-t-il. Chaque variété répond plus ou moins bien à la verse, aux maladies, aux champignons… Elles sont traitées par un insecticide qui sera sûrement nécessaire cette année. » Car malgré les variétés, si le thermomètre ne remonte pas rapidement, les plantes risquent de végéter et d’être moins fortes face aux pressions d’altises.
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