Les activités stratégiques de la cuma du Petit Caux ont un point commun. Toutes concernent le lin. Néanmoins leur géométrie diverge, selon les spécificités de chaque chantier, comme par exemple pour la récolte du lin. Cette culture des fibres «représente 90% de nos 100.000€ de charges», compte son trésorier, Samuel Crevecoeur. Outre le fait que les exploitations misent surtout sur l’équipement individuel, «nous sommes aussi adhérents à d’autres cuma, plus locales, pour les matériels d’élevage», complète le président Bruno Guyant.
Récolte du lin: 250ha par machine
Spécialisée, la cuma vise avant tout la sécurité de son service même l’année où le débit se divise par deux voire trois. Ainsi, devoir arracher 794ha avec ses deux arracheuses doubles en 2020 avait sonné l’alerte. Dès la récolte 2022, la cuma proposera une flotte de trois arracheuses. «On vise plutôt 250 hectares par machine.» L’histoire récente conforte ce repère. La surface d’arrachage 2020, avec la météo de 2021: «Ça ne serait pas passé. Nous en aurions laissé un tiers», imaginent les deux liniculteurs.
Les automoteurs de la cuma du Petit Caux interviennent aussi bien sur le bord de mer qu’à Buchy, à une soixantaine de kilomètres dans les terres. Cette répartition territoriale et les variétés étalent le besoin d’arrachage. «La saison dure environ un mois, avec deux semaines intenses.» Quand les responsables l’ont définie, la cuma présente la tournée à ses adhérents par courrier. Ils sont une vingtaine et devront assurer le transfert des deux arracheuses. Les circuits tiennent compte de la géographie, pour qu’elles ne fassent pas trop de route, et des affinités.
L’importance des relations humaines
Les dirigeants de coopérative insistent sur l’importance de ce dernier point. Malgré la croissance du parc, l’activité d’arrachage du lin n’accueillera peut-être aucun nouveau membre, ou alors elle privilégiera une seule adhésion «avec la bonne surface pour compléter» plutôt que de cumuler de nombreuses entrées. «L’objectif est d’aller chercher un maximum de surfaces, bien sûr, mais on ne veut pas risquer de dégrader le côté humain.»
De la même manière, lorsqu’une exploitation avec une trentaine d’hectares ne s’est pas réengagée sur l’enroulage, «nous avons préféré rester à quatre adhérents», illustre encore Samuel Crevecoeur. Quand vient le moment de mettre la culture à l’abri, «tout le monde veut enrouler en même temps. En conséquence, 60 à 70ha pour une enrouleuse automotrice, c’est bien». Pour ses 220ha, le groupe dispose de quatre enrouleuses et deux retourneuses doubles.
Enroulage en petits groupes
Contrairement aux arracheuses gérées en activité globale, ces outils fonctionnent donc au sein de groupes restreints et fermés. Néanmoins, la cuma n’exclut pas d’entendre les demandes. «Si plusieurs adhérents apportent un projet pour un volume adéquat, un nouvel investissement s’envisagera», affirme le président. Les faits en attestent. Une troisième retourneuse a récemment intégré le parc de la cuma du Petit Caux, au service d’un groupe de trois liniculteurs, indépendant du premier.
Dans le groupe de quatre, les adhérents ont aussi sous la main une souleveuse. «Deux voisins s’en partagent une. Les deux autres ont chacun la leur», explique le trésorier. «Ce n’est pas un matériel très cher et nous avions essayé d’en avoir une collective. Mais avec l’éloignement ce n’était pas efficace.»
Une autre offre sur laquelle la cuma est revenue, c’est le service main-d’œuvre incluse. Elle a opéré ce choix il y a une dizaine d’années, cessant du même coup la prestation de débroussaillage qui complétait le poste. «Pour deux arracheuses, il faut trois personnes», résume Bruno Guyant. Depuis, certains adhérents trouvent une solution entre voisins, d’autres n’ont pas suivi, les responsables le concèdent: «Les outils sont devenus techniques à conduire. Néanmoins le lin est rémunérateur, il faut qu’on s’y implique en tant qu’agriculteur.»
Environ 500€/ha pour la récolte du lin
Ils calculent qu’avec les outils de la cuma sur l’ensemble de la chaîne de récolte, la facture doit avoisiner les 500€/ha. «Avec l’avantage que nous sommes décisionnaires de nos plannings, de la disponibilité des matériels…» Quand il fait ses comptes, Samuel Crevecoeur constate que sans la cuma, il n’investirait pas dans ce genre de machines. «Et je ne les renouvellerais pas aussi régulièrement.» Il voit surtout qu’il accède à l’efficacité, aux moments clés. «Je préfère qu’on soit à cinq en même temps pour enrouler à deux machines et ramasser, voire six personnes s’il faut aussi passer la retourneuse.» Ce schéma a des atouts de son côté. Certains adhérents, moins nombreux sur leur exploitation, s’entraident aussi pour valoriser cette possibilité.
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