Pour la campagne 2024, un robot Bakus de la marque Vitibot est venu rejoindre le parc ‘matériels’ de la cuma la Vigneronne à Sallèles-d’Aude pour le désherbage sur le rang. « On est une cuma où on s’est toujours intéressé à tout ce qui est innovant », annonce Jean-Marie Santacreu, le président. « Il faut expérimenter, et nous, l’expérimentation, on aime ça. C’est quelque chose qui nous a toujours plu. Même si ça nous coûte un peu, c’est ce qui met un peu de piquant dans notre métier. » Retour sur le robot Vitibot pour le désherbage des vignes.
Cuma la Vigneronne : « si on se pose trop de questions, on ne saute jamais le pas »
Pourtant, investir dans un robot sans avoir trop de recul sur la fiabilité de l’outil peut sembler risqué dans cette période difficile pour la viticulture. « C’est un moment de rupture sur la façon de travailler. Il y en a toujours eu. Quand la machine à vendanger est arrivée au début des années 80, on nous a pris pour des fous. Même à la cave coopérative, certains disaient qu’ils ne voulaient pas mélanger le raisin avec le nôtre. Ensuite, beaucoup sont venus nous demander de venir vendanger parce que les vendanges manuelles devenaient trop chères ».

Jean-Marie Santacreu, président de la cuma la Vigneronne.
Il continue : « Quand on décide d’investir dans ce genre de matériel innovant, si on se pose trop de questions, on ne saute jamais le pas. On va essuyer un peu des plâtres et nous en sommes conscients. Ça nous est également arrivé avec d’autres matériels. Aussi, la mécanisation, et plus encore la robotique, sont des moyens pour intéresser les nouvelles générations à notre métier ».
Objectif du robot Vitibot pour le désherbage des vignes : gagner du temps
Le raisonnement philosophique peut s’entendre, mais il y a aussi l’élément déclencheur. Tout a commencé en 2017 quand des adhérents ont converti des parcelles en bio. « On s’est rendu compte qu’il fallait cinq passages d’interceps pour gérer l’enherbement correctement. Cela représente 10 h/ha, soit 500 h/an pour les 50 ha concernés. Tout cela à des périodes où le travail dans les vignes est loin de manquer. C’est aussi une tâche qui demande un chauffeur expérimenté. Or, nous avons beaucoup de mal à trouver de la main-d’œuvre, et encore plus de la main-d’œuvre qualifiée. Il fallait une solution pour se dégager du temps et accomplir le travail », poursuit le président.
C’est en 2018 que la cuma la Vigneronne a commencé à regarder le travail des robots pour le désherbage sur le rang. Plusieurs essais ont été réalisés sur les parcelles avec le Bakus. La dernière démonstration, en avril 2021, finit de convaincre un groupe de trois adhérents qui étaient prêts à se lancer. « Même si le prix nous freinait un peu. Mais quatre jours après cette journée, il y a eu un gros coup de gel et on n’a plus parlé du robot. La priorité était de se refaire une santé. » 2022, belle récolte, « et on a reparlé du robot », se souvient Jean-Marie Santacreu. En même temps est sortie la subvention France Agrimer. Elle permettait aux cuma d’obtenir 50 % sur le prix du robot. Du coup, montage du dossier de subvention, commande du robot et réception au printemps 2024.
Du positif malgré les dysfonctionnements
Le travail avec le robot a commencé en avril. « Pour le premier passage, nous l’avons suivi pour voir si tout se passait bien, raconte-t-il. Nous avons été impressionnés par la qualité de travail des interceps électriques en termes de puissance, de sensibilité, de réglage au niveau de la lame ou du palpeur. »
Pour le second passage d’interceps, le robot fonctionnait seul. « Cela nous permettait de réaliser en même temps un autre travail sur la parcelle », souligne l’agriculteur. Ensuite, les problèmes ont commencé. Le robot se mettait en sécurité plusieurs fois par jour pour des problèmes de surchauffe des interceps. « Vitibot nous a prêté un robot de démonstration qui lui aussi a eu des problèmes, ajoute-t-il. Nous avons donc terminé la campagne de désherbage de façon classique avec les tracteurs et les interceps. » Depuis, tous les robots en circulation sont repartis à l’usine pour corriger les problèmes.
« Le nôtre sera de retour pour le début de la saison », précise-t-il. Pour autant, ce n’est pas un échec pour le groupe. « L’autonomie nous permet dans les belles parcelles de réaliser 5 ha/j, observe le président de la cuma. Nous nous sommes rendu compte qu’avec une bonne organisation, nous pourrions réaliser plus d’hectares que les 50 engagés. Dans les parcelles en conventionnel, on remarque un manque d’efficacité des herbicides autorisés. Un passage avec le robot amènerait un plus sur la gestion de l’enherbement. On espère aussi avoir d’autres outils sur le robot pour effectuer l’épamprage qui est également chronophage. Nous faisons aussi de la taille mécanique et les finitions sont réalisées avec de la main-d’œuvre. C’est une opération bête et disciplinée qui pourrait un jour être exécutée avec un robot. Pour l’avenir, je pense que la cuma aura plusieurs robots. Les progrès sont rapides et intéressants. »
Chiffres clés du robot Vitibot pour le désherbage des vignes de la cuma la Vigneronne
- Investissement Robot : 182 000 €
- Interceps électriques : 20 000 €
- Subvention France Agrimer : 50 % du prix du robot
- Remorque pour le transport entre parcelles : 6 000 €
- Amortissement : 7 ans
- Charges annuelles :
Abonnement (SAV, signal RTK, téléphone) : 4 000 €
Assurances : 600 €
- Consommation
Coût estimé de l’électricité pour le fonctionnement du robot : 1 € par heure de travail
Coût en GNR pour le même travail réalisé avec un tracteur : 5-6 €/h avec GNR à 1,10 €/h
- Autres charges
Cartographie des parcelles réalisées par les adhérents : 300 €/ha X 50 ha = 15 000 €
- Estimation du coût / ha
Charges estimées à 20 000 €/an par la cuma comprenant l’annuité (12 000 €), l’abonnement SAV (4 000 €), l’assurance et autres charges.
5 passages d’interceps sur 50 ha avec un débit de chantier de 2 h/ha = 500 h/an
20 000/500 = 40 €/h, soit 80 €/ha
Les impressions des utilisateurs
Points forts
- Facile à prendre en main ;
- Très bonne précision avec les interceps électriques. Une qualité de travail qualifiée de supérieure par rapport à des interceps sur tracteur ;
- Un débit de chantier équivalent à celui d’un tracteur avec interceps ;
- Des interceps électriques avec une sensibilité permettant de travailler sur des jeunes plants ;
- Une autonomie permettant, avec l’utilisation de 70 % de la batterie, de travailler entre 8 et 10 h/jour avec les interceps ;
- Un aperçu des capacités du robot qui devrait permettre de couvrir plus de surface que les 50 ha engagés ;
- Un SAV réactif.
Points faibles
- Une panne qui n’a pas permis de réaliser une campagne complète et nécessitant un retour à l’usine du robot. Mais des réparations prises en charge par le constructeur ;
- Incertitude sur la fréquence de renouvellement du robot et sur sa fiabilité.
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