Revenu, qui gagne quoi ?
La présence de quota laitiers ou betteraviers a longtemps tempéré les fluctuations de prix. Leur suppression est palliée en partie par les aides publiques qui influencent les trajectoires des exploitations. La nouvelle PAC, applicable depuis le début d’année, s’est traduite ainsi par des modifications d’assolements dans les exploitations bénéficiaires. Certes, la loi Egalim est susceptible d’atténuer la variabilité des revenus. Elle tient compte des coûts de production pour éviter la déconnexion entre le prix des produits en sortie de ferme et ceux pratiqués sur les étals. Mais cette disposition franco-française trouve cependant ses limites dans un marché ouvert aux économies agricoles concurrentes.
Un gâteau plus petit…
La SAU par exploitation a été multipliée par 2,5 en France de 1988 à 2020, passant ainsi de 28 à 69 ha. Avec un fait marquant : une intensité en capital de plus en plus forte. Le total actif du bilan moyen d’une exploitation atteint 476 K€ en 2020, contre 300 K€ en 90.
Les différences de revenu s’accentuent. D’un côté, des micro-exploitations, et à l’autre bout de l’échiquier, une agriculture de firme qui représente maintenant 10 % des exploitations. « En 30 ans, le revenu agricole a structurellement baissé en termes réels », révèle l’étude du CGAAER. On observe, depuis 2023, une baisse substantielle des aides publiques. Même si leur niveau demeure important, puisque les exploitations ont reçu en moyenne 33 620 € d’aides en 2020, soit 14 % des produits courants. Le niveau des aides dépasse même celui de l’EBE dans le secteur des bovins viande.
…avec moins d’agriculteurs
« Toutefois, le revenu moyen par actif non salarié a augmenté », affirme le CGAAER. La baisse de résultat net de la banche agricole est de près de 40 % en 30 ans. Mais rapporté aux actifs non-salariés dont le nombre a significativement baissé, le résultat net augmente d’environ 50 %. Cela traduit une augmentation continue de la productivité du travail.
Ces hausses de revenus sont caractérisées par de fortes fluctuation au cours des 10 dernières années. Une volatilité qui touche en particulier certaines filières comme les porcs. L’aspect taille est un élément discriminant du revenu agricole. L’EBE /UTANS s’élève à 81 732 euros dans les grandes exploitations en 2020. Contre 47 149 euros chez les moyennes et 26 887 chez les petites.
Revenus agricoles hétérogènes selon les filières
Ajoutons aussi, dans les facteurs différenciants, les qualités de terre et les orientations agricoles des territoires. « Les revenus agricoles sont plus faibles dans les territoires d’élevage. Et particulièrement bas s’il s’agit de bovins viande.
En revanche, ils sont souvent plus élevés dans les territoires viticoles et dans ceux combinant diverses grandes cultures », indique le CGAAER. Certaines productions sont moins rémunératrices. Et les écarts se creusent parfois, si l’on ramène le résultat économique au nombre d’heures de travail. Une forte hétérogénéité des revenus existe aussi à l’intérieur des filières de production. Les écarts les plus importants sont enregistrés dans les secteurs porcin et viticole.
Fortes incertitudes
Difficile de dresser des perspectives pour les prochaines années, tant les incertitudes sont nombreuses : géostratégiques, climatiques, sanitaires et économiques. Devant cet avenir indécis, certaines exploitations tentent de diversifier leurs sources de revenus. Mais beaucoup d’entre elles essaient d’abord de conforter leur résilience en optimisant leur système de production.
Difficile de parler « revenus agricoles »
En 2018, le revenu disponible moyen annuel des ménages agricoles s’élevait à 52 400 €. Mais un tiers provenait de l’activité agricole, soit 17 700 €. Globalement, le niveau de vie moyen des ménages agricole serait similaire à l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité.
En revanche, le patrimoine moyen des agriculteurs est plus important que celui des autres actifs. On note ainsi que 90 % des ménages agricoles sont propriétaires de leurs résidences principales, alors que ce taux est inférieur à 60 % dans la population générale. « Une part importante des revenus issus des richesses produites dans les exploitations est capitalisée tout au long de la carrière. Elle constitue ainsi un patrimoine professionnel au lieu d’être prélevée immédiatement », mentionne la revue Economie rurale dans un dossier spécial sur le sujet.
Dans notre dossier « diversifier ses revenus« , retrouvez aussi sur entraid.com :