On y va, on n’y va pas ? Grand dilemme pour Matthieu Viltard, agriculteur à Wambaix, et Pierre Sagnier, le chauffeur de la moissonneuse-batteuse. Les moissons 2024 dans le Nord sont conditionnées par l’humidité des grains. En cette fin juillet, les nuages et quelques ondées viennent déstabiliser les agriculteurs nordistes et ne favorisent pas le séchage des grains. À 14 h, ils sont encore à 16 % d’humidité. Il faudra encore attendre quelques heures de soleil.
Humidité des grains, à surveiller cette année
C’est malheureusement le lot de nombreux agriculteurs cette année. « D’habitude, on sort la moissonneuse et c’est parti pour une semaine, explique Matthieu Viltard. Mais pour le moment, c’est laborieux. La récolte débute à peine dans notre secteur et on s’arrête toujours pour quelques gouttes. Heureusement, nous ne sommes pas en retard. Mais il faut de la patience. »
À l’inverse des autres années, le secteur, habituellement retardé a commencé avant, lui. Ce n’est pas forcément bon signe. « Nous avons des sols plus filtrants que les villages à côté, le blé a donc eu le temps de mûrir, précise t-il. En revanche, dans l’autre secteur, les sols sont plus argileux, les grains n’ont pas vraiment pu se développer. »
Moissons 2024 dans le Nord : 70 à 85 q/ha
L’humidité, c’est ce qui caractérise la campagne céréalière de cette année. On en voit d’ailleurs encore les stigmates. Dans les trains de tonneau, il peut y avoir encore de l’eau. « J’ai réussi à semer la quasi totalité de mes blés avant les pluies fin octobre dernier dans de bonnes conditions et un sol bien structuré, avoue Matthieu Viltard qui s’estime chanceux. J’ai aussi réussi à désherber en temps et en heure mes parcelles non sans conséquences pour les sols. On n’avait pas le droit à l’erreur cette année. Trop d’adventices peuvent impacter le rendement de -30 %. »
Ce qui n’empêche pas ces agriculteurs du Cambraisis d’observer des rendements pour le moment en recul. Les grains sont maigres. Autour des 70 et 85 q/ha selon les parcelles et les territoires. Là où d’habitude ils oscillent autour de valeurs à trois chiffres. En qualité, pour le moment, les résultats se maintiennent avec des PS entre 68 et 78 et des taux de protéines supérieurs à 11.
La moissonneuse a son chauffeur
Avec la météo fraîche et les nuages parfois menaçants, la récolte n’en est qu’à ses débuts. Le tiers a été franchi pour l’ensemble des exploitations adhérentes à la cuma de Clary. Les 14 agriculteurs engagés dans l’activité moisson se partagent trois moissonneuses-batteuses. Pour cela, trois groupes ont été définis selon les secteurs et sont autonomes. « Nous avons deux moissonneuses John Deere. Une John Deere T550 équipée d’une barre de coupe de 6,20 m et une John Deere T660 de 9 m, explique Matthieu Viltard, président de la cuma et responsable de l’activité. Elles ont toutes un chauffeur, embauché par une cuma dont nous sommes adhérents. »
Chaque machine bat entre 150 et 200 ha par moisson et est aussi suivie par une benne de 18 tonnes de la cuma dans chaque groupe. Il y a dans chaque équipe, un référent qui organise l’ordre des parcelles. Mais l’objectif est bien d’avancer ensemble. Certains ont même choisi de s’entraider pour le transport du grain. « On essaye de faire le planning quelques jours à l’avance pour éviter de perdre du temps sur la route et pour s’adapter à la maturité des grains, explique Pierre Sagnier, le chauffeur de la T550. Mais cette année, c’est surtout la météo qui décide. Il est difficile de prévoir quelles seront les parcelles où les grains seront mûrs et secs. »
Pas de pannes permises pendant les moissons dans le Nord 2024
Pour assurer la récolte lorsque les fenêtres météo sont moins favorables et que le temps presse, les adhérents peuvent s’appuyer sur les débits de chantier importants des trois machines: entre 2,3 et 3 ha/h. Quant au coût facturé, il s’établit, cette année, à 135 €/ha, chauffeur et carburant compris.
Pour le renouvellement des machines, la cuma a opté pour une stratégie longue. « Nous adhérons à une cuma atelier, raconte Matthieu Viltard. Nous avons à disposition un atelier mais aussi des mécanos. On a donc décidé de passer davantage de temps à entretenir notre matériel et ainsi le faire vieillir. »
Les adhérents ont donc choisi de faire un check-up de leurs trois machines chaque hiver. Ce sont les mécanos de la concession qui s’en chargent. Les pièces qu’il faut remplacer, de manière curative ou préventive, sont ainsi commandées et substituées par les mécanos de la cuma. « Avec cette organisation, les mécanos ont les pièces lorsqu’ils veulent réviser leur machine, fait remarquer Matthieu Viltard. Cela prend cinq jours maximum et nous sommes tranquilles pour la moisson. » Et il faut l’avouer, changer une pièce dans un champ est toujours plus compliqué et apporte une image négative à la cuma et du stress, que lorsqu’elle est changée dans le bâtiment.
Pas de pannes permises donc pendant la moisson. Un objectif pas toujours atteint mais qui permet d’attaquer les chantiers plus sereinement. D’ailleurs, le blé est sec, il faut y retourner.
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