À l’aune de la fin de la récolte de betteraves 2023, Franck Sanders, président de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) annonce une belle campagne 2023 d’un point de vue économique. « Malgré les rendements qui semblent être décevants, la betterave est pour la première fois depuis la fin des quotas redevenue rémunératrice« , s’enthousiasme-t-il lors d’une conférence de presse.
Météo compliquée
Pourtant, cette année, au niveau agronomique, la betterave n’était pas à la fête. Après l’annonce de l’interdiction d’utiliser les néonicotinoïdes dans l’enrobage des semences de betteraves, certains agriculteurs se sont découragés et ont abandonné leurs surfaces prévues pour cette culture. « Tous les feux étaient au vert », se souvient le président du syndicat.
C’est ensuite la météo qui est venue gâcher la campagne. « Les semis se sont échelonnés jusqu’à la mi-mai faute de beau temps avant, explique Nicolas Rialland, directeur de la CGB. Avec plus d’un mois de retard, les betteraves ont perdu leur potentiel de rendement. Le déficit d’ensoleillement au printemps n’a rien arrangé. » Dans certaines zones, se sont ajoutés des dégâts de jaunisse sur quelques milliers d’hectares en Beauce et de la cercosporiose en fin de cycle.
Récolte de betteraves 2023 : 83 t/ha en moyenne
Finalement, les rendements moyens de cette année, s’établissent à 83 t/ha, contre 77 l’année d’avant. C’est la richesse des racines qui pêche. Ainsi, la production est attendue à 31,5 millions de tonnes destinés pour 3,7 au sucre et pour 8,4 à l’éthanol, ce qui est relativement stable malgré une baisse de 5% des surfaces.
Mais depuis la mi-octobre les chantiers d’arrachage sont contrariés par la pluie. « Dans les Hauts-de-France, les usines tournent au ralenti, il y a une forte tension, fait remarquer Franck Sanders qui reste optimiste. Si le gel ne vient pas s’installer, les betteraves peuvent encore être arrachées en 2024. Les racines ne craignent pas le gel. »
Toutefois, la filière betteravière regrette un manque de visibilité. Depuis six ans, les surfaces ne cessent de diminuer et la culture devient de plus en plus risquée. Comme le montre cette année avec des « aléas climatiques importants, des impasses sanitaires et une rentabilité qui n’est pas toujours au rendez-vous », estime Franck Sanders.
Quid de la campagne 2024
Outre la fin des néonicotinoïdes et des molécules en passe de disparaitre, la CGB alerte sur l’équilibre des marchés. En effet, les cours sur le marché mondial et européen se maintiennent grâce à un gros déficit en sucre. Toutefois, l’Ukraine est aux affaires.
« Alors qu’elle n’exportait que 10 000 tonnes de sucre avant la guerre, elle en a exporté 300 000 tonnes cette année et annonce près d’un million en 2024, souligne le président. Le monde a besoin de sucre, nous devons aider les Ukrainiens à exporter sur le marché mondial et pas celui européen. Au risque de déséquilibrer les prix lors de la prochaine campagne. »
Et de rendre ainsi la betterave moins rémunératrice, avec les conséquences que connaissent déjà les producteurs de betteraves. Les prix sont estimés d’ailleurs à 55 €/t selon le syndicat. « C’est le minimum quand on sait que le prix d’équilibre est de 35 €/t dorénavant, a calculé le syndicat. Les betteraviers sont en plein effet ciseaux avec des intrants qui ont fortement progressé. » Assez motivant pour attirer les betteraviers ? A priori oui, puisque les surfaces sont attendues en légère hausse l’année prochaine.
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