Semis de céréales, c’est encore possible jusqu’à Noël

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Semis de céréales, c’est encore possible jusqu’à Noël

Pour les céréales semées début octobre, qui sont à un stade deux ou trois feuilles, la plante peut très bien encaisser les excès d'eau.

La pluie a joué les trouble-fêtes dans les travaux des champs cet automne. Les sols gorgés d'eau dans une bonne partie de la France ne peuvent pour le moment pas encore supporter les chantiers de semis de céréales. Un peu de patience, répète Arvalis.

Les précipitations depuis un mois ont stoppé les chantiers de semis des céréales d’automne. Difficile pour le moment de dresser un bilan de la situation mais Arvalis et CéréObs, (cellule de FranceAgriMer consacrée aux céréales à pailles) estiment qu’entre 60 et 70 % des surfaces seraient emblavées en blé tendre. Toutefois, les situations diffèrent selon les régions. Mais de manière globale, les agriculteurs ont pris du retard.

Impacts sur le développement racinaire

« Les situations les plus problématiques sont celles où le blé a été semé quelques jours avant le début des averses, explique Jean-Charles Deswarte, ingénieur chez Arvalis. Là, il a eu, ou pas, le temps de germer. Mais dans tous les cas, il reste dans des sols saturés en eau. » Il y a donc un risque important qu’il ne lève pas.

Pour les autres cas, la sévérité des situation dépend du développement de la plante. « Pour les céréales semées début octobre, qui sont à un stade deux ou trois feuilles, la plante peut très bien encaisser les excès d’eau, explique l’ingénieur. Elles ont d’ailleurs l’habitude d’être dans ces situations en hiver. »

Pour d’autres cas, où les plantes sont moins avancées, le risque est plus palpable. L’eau stagnante ou dans le sol ne va pas forcément faire mourir les céréales. Cependant, elles peuvent prendre une couleur jaune et ensuite louper le tallage. « Mais il faut être réaliste, en France, il y a toujours des excès de tallage, avoue Jean-Charles Deswarte. Il n’y en aura pas cette année. En revanche, l’eau peut empêcher le système racinaire de bien se développer. Toutefois, il est encore un peu tôt pour prédire des baisses de rendement. » La durée de l’épisode humide déterminera les dégâts. « Si ça continue ainsi pendant encore un mois, là, on pourra s’inquiéter », relativise-t-il.

Pas de précipitations pour les semis de céréales

Il est donc temps d’avoir une accalmie. Si la météo venait à ressuyer les sols, Jean-Charles Deswarte reste très prudent, « Il faut vraiment attendre que les sols soient bien ressuyés, prévient il. Les chantiers sont déjà en retard, on n’est plus à une semaine près. Car il ne s’agit pas de détruire la structure du sol. Il en va de la qualité de l’implantation des céréales mais aussi du développement de la plante ensuite. »

Dans ce sens, le travail du sol va être primordial. Il faudra donc atteler sa charrue pour tenter de retrouver un peu de sec et recréer une structure au sol. « Le pire des cas est pour les labours déjà réalisés qui ont pris l’eau, estime l’ingénieur. Le sol est alors gorgé d’eau, refermé et ce sera très compliqué de rentrer dans la parcelle avec les outils de préparation. »

Semis de céréales : craintes sur l’orge d’hiver

Si on devait s’alerter, c’est avant tout pour les orges d’hiver. Environ 70 % des surfaces sont semées. « Pour les semis tardifs, nous avons peu de références sur le sujet, reconnaît Jean-Charles Deswarte. Cependant, nous n’avons aucune contre-indication à semer ces espèces encore maintenant, même si on sait que les orges n’aiment pas les excès d’eau.  »

Une alternative, plus marginale, consiste à semer de l’orge de printemps en automne, en misant sur une absence de fortes gelées. « Les rendements sont plus faibles mais peuvent être compensés par une meilleure qualité et un classement en orges brassicoles, précise l’ingénieur. Il faut tout de même rester prudent sur les risques qui en découlent. Quoi qu’il en soit, la sole d’orges 2024 sera inférieure à celle de 2023. Il manquera des orges. »

Demande de vernalisation

En blé tendre, certaines variétés demandent une vernalisation, grâce au froid. « Pas d’inquiétudes sur ces variétés, elles ont toutes été semées dans de bonnes conditions », tient à rassurer Jean-Charles Deswarte. En revanche, celles qui demandent une vernalisation plus faible sont celles qui restent dans les exploitations. »

À ce jour, l’institut technique ne vois pas de problème à semer les variétés qui étaient prévues. « C’est la qualité d’implantation qui déterminera le développement de la plante, mais jusqu’à Noël, tout est encore possible, rassure-t-il. Toutefois, on sait que les rendements seront affectés par la date de semis. Pour une céréale avec un rendement potentiel de 80 q/ha semé au 10 octobre, il ne faudra pas espérer plus de 60, voire 70 q/ha pour des semis en décembre ou janvier. »

En revanche, si l’agriculteur a la possibilité de changer de variétés, rien ne l’en empêche, selon la disponibilité du distributeur. Au vu du contexte, il faudra dans tous les cas augmenter les doses de semis. « Il peut y avoir des pertes à la levée et la plante aura moins le temps de taller, avec donc moins d’épis, prévient-il en espérant, lui aussi, une météo plus clémente, durable, et rapidement.

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