Le désherbage mécanique en viticulture a des arguments et Thierry Meyre a tenu à mettre au clair 4 idées reçues sur la pratique.
Idée reçue n°1: une transition rapide et efficace, la vigne n’y verra que du feu!
C’est faux, on est là sur des processus lents, sur des échelles de temps liées à la croissance des plantes. La répartition des racines dans le sol se fait dès la plantation. Si votre sol a été travaillé, les racines ont pu plonger. Dans le cas contraire, elles se concentrent en surface. Dans cette situation, les pertes liées à l’arrachage des racines lors des premiers passages d’outils peuvent être très importantes. Celles-ci se retrouvant en moins grand nombre, les pieds risquent de végéter plusieurs années voire de mourir.
L’une des solutions destinée à limiter la perte de racines dont nous discutons fréquemment en formation: préférer l’utilisation de disques émotteurs (qui vont brasser, ameublir le sol et laisser descendre les racines) à des disques crénelés (qui coupent les racines). En résumé: il s’agit de décompacter les terrains et de préparer la vigne à changer!
Un point de repère important: en sol sableux, il faut en moyenne un an pour que les racines aillent en profondeur, et de deux à trois ans en sol argileux ou sablo-limoneux limoneux.
Idée reçue n°2: si ça marche chez mon voisin, ça doit marcher chez moi!
À nuancer: l’entraide entre voisins est très importante. Mais, attention, les décisions prises sur une exploitation ne sont pas adaptées à n’importe quelle structure.
Attention aux achats précipités d’outils coûteux de désherbage qui finiront sous les ronces car chaque cas est différent, il faut raisonner l’itinéraire de son vignoble pour adapter son travail, à différentes contraintes: type de sol, de parcellaire, type de matériel de traction présent sur mon vignoble, temps à y consacrer moyens humains et financiers.
Idée reçue n°3 sur le désherbage mécanique en viticulture: “Désherber = 0 herbe”
C’est plutôt l’inverse, et c’est un changement de culture. L’arrêt du désherbage chimique en viticulture oui, mais il faut accepter d’avoir de l’herbe et apprendre à la contenir.
Plusieurs techniques existent pour répondre à cette problématique. Entre autres le passage d’outils, la mise en place de couverts végétaux ou la maîtrise de l’enherbement naturel.
Prenons par exemple les graminées. Elles sont les premières à repousser à l’automne et couvrent donc rapidement le sol. Le travail à l’automne n’est pas toujours une solution, laisser les graminées peut être astucieux afin de les laisser occuper l’espace. Dans la majeure partie des cas, l’herbe qui pousse est intéressante à garder, ce qui n’empêche pas de travailler sous le rang.
Idée reçue n°4 : Pour y arriver, il va falloir faire des heures
Pas forcément, lorsque le travail est correctement raisonné, il ne demande pas énormément de passages.
Pas de recette magique malgré tout, le temps à passer est davantage du côté de la compréhension et de l’observation du vignoble. Il y a aussi des solutions à trouver dans l’organisation du travail et de la main-d’œuvre.
Pour vous donner un exemple concret, cela me paraît être une erreur de passer deux fois le même outil sur une parcelle, je conseille d’alterner minimum deux outils à chaque passage. En effet, le sol s’habitue à l’outil et peut créer des zones travaillées et non travaillées, des fissures ou des semelles. Il faut deux outils qui travaillent complètement différemment comme: des disques émotteurs et des lames sous le rang ou des disques crénelés et une décavaillonneuse.
Une démo désherbage mécanique en viticulture pour choisir son troisième interceps
Positionnée sur les filières céréales et surtout viticulture, la cuma de Trébaïx, près de Villesèque, a accueilli le 2 juillet un large panel de concessionnaires pour pouvoir choisir son troisième interceps. Principale difficulté de la cuma? «Concilier les besoins alors que les stratégies d’exploitation sont de plus en plus différentes», confesse son président, Christian Roucanières. Un dilemme qu’il a résolu en augmentant la circonscription territoriale de la cuma, et en proposant des matériels innovants pour attirer davantage de jeunes adhérents. Jusqu’à présent, il a réussi à maintenir le dynamisme de la cuma.
En viticulture, «la moitié des adhérents sont en bio, voire en biodynamie, et l’autre moitié en HVE (Haute Valeur Environnementale)». La cuma compte déjà dans son parc matériel un semoir de couverts en semis direct, un rouleau faca et un cultibio pour la destruction de ces couverts. «Les couverts améliorent beaucoup la portance des parcelles et sont très efficaces pour limiter l’érosion», pointe le président.
La gestion des espaces entre les ceps
Par contre, avec l’anticipation de l’interdiction du glyphosate, les adhérents viticulteurs s’interrogent sur la gestion des espaces entre les ceps. D’où deux investissements récents (2019 et 2020) dans des interceps Clemens, l’un muni de doigts Kress et l’autre de disques. Les machines ont fait leurs preuves, pour Christian Roucanières. «Mais la vigne, c’est très minutieux, il faut y aller doucement, avec des passages répétés. Si on est quatre sur un interceps, c’est bien le maximum», note-t-il. Il souligne également des problématiques supplémentaires, comme la gestion des pierres, ou encore que ses adhérents en biodynamique à la recherche de tondeuses interceps verticales, un peu à la manière des épampreuses.
Prix moyen des solutions interceps: de 6.000€ (mécanique) à 20.000€ (hydraulique toutes options).
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