Organisations agricoles : entre neutralité, inquiétude et appel au barrage

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Organisations agricoles : entre neutralité, inquiétude et appel au barrage

Que pensent les différents syndicats agricoles des programmes des partis politiques pour les prochaines législatives 2024?

Les organisations représentatives du monde agricole sont peu nombreuses à donner des consignes de vote aux prochaines élections législatives. Ce qui ne les empêche pas de réaffirmer des valeurs, des principes et des revendications pour la prochaine législature.

Une certaine fébrilité s’empare des électeurs à quelques jours des prochaines élections législatives, présentées comme une étape cruciale de la vie politique française. De ce point de vue, les agriculteurs ont la réputation d’être des citoyens participatifs aux rendez-vous électoraux. Cependant, leur choix se fera sans doute indépendamment des organisations agricoles représentatives. En effet, celles-ci sont  généralement peu enclines à donner des consignes de vote.

La Coordination Rurale rappelle son caractère apolitique

Ainsi, la Coordination Rurale, rappelle dans une lettre ouverte, son caractère apolitique : « Attachés à notre stricte indépendance syndicale, nous ne donnons aucune consigne de vote. Nous travaillerons avec tous les parlementaires de toutes les sensibilités qui souhaitent s’engager sur le dossier agricole ».

Dans même temps, le syndicat redit ses revendications sur lesquelles les députés devront se positionner : « … l’exception agri-culturelle, la protection de l’agriculture française de qualité face aux importations étrangères qui ne respectent pas nos normes, la fin de la cogestion entre un syndicat historique soutien du libre-échange et du modèle d’agro-business intégré ».

Rester dans un monde ouvert et régulé

La FNSEA revendique également la neutralité politique en rappelant que ses adhérents appartiennent à toutes les obédiences politiques. Cependant, la tonalité du message que délivre la centrale syndicale à quelques jours de l’élection, est sensiblement différente.

Dans une interview donnée à l’AFP, Arnaud Rousseau son Président, met en garde contre les risques consécutifs à fermeture des frontières commerciales : « J’affirme que l’agriculture française a besoin de continuer à commercer dans toutes les productions : bien sûr les vins et spiritueux, les céréales, les produits laitiers, mais aussi en porc, en élevage bovin. En ce moment, les producteurs de porc s’inquiètent des menaces de rétorsion de la Chine sur les parties qui ne sont pas consommées en Europe. Les éleveurs bovins m’interrogent aussi tous les jours : Quand est-ce que l’Algérie va rouvrir son marché aux animaux vivants français ? ».

Cette prise de position vaut aussi pour la venue des travailleurs saisonniers étrangers, utiles au fonctionnement des exploitations arboricoles, viticoles ou maraîchères « l’Europe reste au cœur du réacteur agricole. On a besoin de rester dans un monde ouvert, un monde d’échanges régulés » plaide le Président de la Fnsea.

Conf’ et Modef pour le Front Populaire

Le point de vue de la Confédération Paysanne classée à gauche sur l’échiquier politique, est plus tranché. Le syndicat dénonce la dissolution prononcée par le Président de la République : « Une décision à visée politicienne, sous couvert de « clarification », dangereuse pour notre cohésion sociale et notre avenir démocratique ». Elle s’oppose frontalement au Rassemblement National : « Une extrême droite dont les votes au Parlement européen comme à l’Assemblée nationale ont montré qu’elle ne rompt en rien avec le libéralisme. Sa politique n’est qu’une suite de propositions attentatoires aux libertés et aux droits des femmes ».

Tout en rappelant ses revendications, la Confédération paysanne invite donc ses militants et sympathisants à un choix clair le 30 juin et le 7 juillet. « Nous appelons le Nouveau Front Populaire à porter et concrétiser ces propositions dans l’intérêt des paysans et de l’intérêt général pour construire une société solidaire et ouverte ». Même son de cloche aussi du côté du MODEF qui « salue la création du Nouveau Front Populaire ».

Rester neutre aux élections législatives

Du côté des autres organisations agricoles, les prochaines élections ne suscitent pas de réactions officielles.

De par leur statut de Chambre consulaire « établissement d’état », les Chambres d’agriculture observent une stricte neutralité. Néanmoins, le réseau Chambres d’agriculture invitent les candidats aux élections législatives à se positionner par rapport aux 12 priorités qu’il a défini.

La MSA, organisme de protection sociale agricole ne donne pas non plus d’écho à la campagne électorale en cours. Même si la situation de ses assurés pourrait évoluer en fonction de la nouvelle majorité parlementaire qui sera élue.

Pas d’écho non plus de la part des banques qui ont pourtant été particulièrement affectées lors de la semaine du 10 au 14 juin : « BNP Paribas , Crédit Agricole et Société Générale ont toutes perdu plus de 10% la semaine du 10 au 14 juin », selon le quotidien les Echos.

Dans les organisations qui ont pris la parole au sujet des prochaines élections, citons la Fédération Nationale des Cuma qui rappelle les valeurs et les principes qui fondent les organisations mutualistes.

De la distance critique, jusqu’au barrage

Certaines organisations sont critiques vis-à-vis de la droite radicale. Ainsi, l’Académie d’agriculture appelle à « la vigilance quant au respect de valeurs essentielles en démocratie ». Elle s’associe en cela au communiqué fait par l’Académie des sciences en matière d’accès de chaque citoyen à la connaissance scientifique : « Cela implique de garantir une libre circulation des étudiants, des chercheurs et des universitaires, sans tracasserie administrative, quels que soient leurs pays d’origine. Le repli sur soi, prôné par certains, nuirait gravement à la recherche scientifique, aux capacités de coopération internationale et donc aux capacités d’innovation, de transmission des savoirs et au rayonnement de notre pays … ».

Enfin, du côté de l’ensemble des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), la position ne souffre pas d’ambiguïtés : « Les élections législatives des 30 juin et 7 juillet doivent être celles de la défaite dans les urnes de l’extrême droite, mais aussi celle d’un renouveau de notre démocratie républicaine ».

Retrouvez les programmes détaillés des différents partis

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