Après trois semaines sans, le soleil tente un léger retour dans le Nord-Pas de Calais, tout comme le sourire sur le visage fatigué et empoussiéré de Jérémy Grard, agriculteur à Béhanies dans le Pas-de-Calais. « Je serai soulagé quand j’aurai fini la moisson 2023 », lance-t-il, craintif qu’une pluie vienne gâché la fête. Elle est prévue pour la fin de journée mais le ciel reste menaçant.
Gros débit de chantier
Cette fois encore, il a fallu être réactif pour sauver la récolte de grains dans le Nord de la France. Elle avait pourtant bien commencé début juillet dans la Somme, en avance de quelques jours, même. Les rendements et la qualité s’annonçaient corrects avec de bons PS et de nombreux grains sur les épis.
La météo en aura voulu autrement, le 19 juillet, la pluie est arrivée et s’est installée pour trois semaines. « Au total j’ai reçu plus de 200 millimètres d’eau », lance un agriculteur au bord du champ qui est en train d’être moissonné. Un autre annonce 150… Le tout à une période où le blé et le colza étaient juste mûrs.
Des épis qui germent
« Il restait un tiers des surfaces des adhérents, estime Jérémy Grard, chauffeur et adhérent de la cuma Amandine. Nous avons repris mardi en fin de journée. Nous avons fait beaucoup d’échantillons mais dans la globalité le grain était sec. »
Un chantier de 180 ha qui a été difficile à organiser. « Nous essayons d’habitude de bouger le moins possible la machine, de moissonner le blé versé la journée et éviter de broyer la paille la nuit, explique le chauffeur. Mais là, il faut l’avouer, nous sommes allés dans les parcelles les plus sèches et plus faciles. Il faut aller vite. »
Car avec la pluie beaucoup de blé et de colza ont versé. « J’ai même des grains qui germent sur l’épi alors qu’il n’est même pas versé », illustre l’agriculteur voisin avec une photo de son smartphone.
Des bonnes machines et de l’entraide
Pour finaliser cette moisson qui aura tant trainé, les membres de la cuma peuvent heureusement s’appuyer sur deux grosses moissonneuses-batteuses qui peuvent battent jusqu’à 2ha/he… Mais aussi sur l’entraide de la cuma voisine.
« Nos deux machines, la CX 870 et CX 790 moissonnent un peu moins de 600 ha sur un territoire assez éclaté ce qui nous permet d’avancer selon la maturité des grains, ajoute Jérémy Grard. Et on peut compter sur la machine d’une cuma voisine un peu moins chargée pour battre une centaine d’hectares. »
Cette année, les deux machines n’ont pas attendu et pas question de faire de pauses: les chauffeurs se relayent nuit et jour. « La machine est bien chaude, ironise Jérémy Grard avec le chauffeur qui vient le remplacer, glacière à la main, sait-on jamais. Ca fait deux jours qu’elle tourne non stop. »
Déception
Cette légèreté de fin de moisson cache une déception. Avec toute cette pluie, les PS ont perdu 5 points, reléguant le blé au statut de fourrager. « De 78, on est passés à 72 », lance l’agriculteur. Le vent qui a accompagné la pluie a égrainé les épis. « On sera surement autour des 95 q/ha, ajoute-t-il. On ne franchira pas les 100 q/ha. » Frustrant, d’autant plus qu’avant cet épisode de pluie, la moisson s’annonçait belle.
Mais l’heure n’est pas à l’apitoiement, il y a encore quelques hectares à battre pour enfin être soulagé et se consacrer aux autres travaux: la récolte du lin, de la paille et autres cultures. Avec l’espoir que la météo sera plus clémente cette fois-ci. D’ici les prochains jours, la moisson devrait être achevée sur l’ensemble du territoire.
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