Le changement climatique augmente la fréquence et l’intensité des sécheresses. Or ce n’est pas forcément par manque de pluie. La cause se trouve surtout du côté de l’élévation des températures qui accélère l’évaporation de l’eau. Les calculs de Météo-France confirment : entre 1959 et 2021, l’évapotranspiration potentielle (ETP) a augmenté de 59 mm dans l’Eure et de 126 mm en Seine-Maritime. C’est autant de besoin des plantes supplémentaire.
Des sécheresses plus marquées
Pour la suite, les modèles climatiques indiquent que cette perte va s’accentuer au cours du siècle. Exemple à Saint-André-de-l’Eure où début août, le manque d’eau moyen est de 1,6 mm/j sur la dernière période (voir graphique 1). Entre 2020 et 2049, cette moyenne atteindra 2,6 mm. Sur dix jours, le déficit moyen se creuse ainsi de 10 mm.
Pour continuer à produire malgré ce besoin en eau qui augmente, différents moyens peuvent être adoptés : couverts végétaux, haies ou agroforesterie, réduction du travail du sol pour protéger le sol contre la chaleur et l’évaporation, apport de matière organique et protection contre l’érosion pour conforter la réserve en eau du sol, observation et travail du sol pour un bon enracinement, choix de cultures plus résistantes à la sécheresse (cultures d’hiver plutôt que de printemps par exemple) ou de variétés plus adaptées, irrigation si la ressource en eau, la réglementation et l’économie de l’exploitation le permettent. En contrepartie, une ambiance plus sèche au printemps réduit la plupart des maladies fongiques et facilite les interventions au champ.
Des pluies sans doute plus présentes en automne-hiver
Alors que cette augmentation des sécheresses est quasi certaine, l’évolution des pluies est davantage sujette à incertitude. Les modèles climatiques projettent souvent une augmentation de la pluviométrie en automne et en hiver (voir graphique ci-dessous). En revanche, l’intensité et les périodes qui seront concernées restent imprécises.
La portance des sols pourrait être insuffisante certaines années pour les semis et les interventions d’automne. En conséquence, le matériel devra certainement moins tasser (pneus adaptés, télégonflage, chenilles…). D’autre part, cela avance une autre hypothèse. Il faudra être capable d’intervenir sur davantage de surface en un temps limité. Enfin, avec davantage de pluies intenses, le risque d’érosion sera sans doute plus élevé. Au global, le changement climatique va impacter fortement la gestion des cultures et par conséquent les matériels agricoles utilisés, y compris en lien avec les nouvelles cultures qui apparaissent en Normandie.
Article rédigé à partir des travaux des Chambres d’agriculture de Normandie, avec le soutien du CasDAR.
À lire : Le diagnostic normand du Varenne agricole de l’eau et du changement climatique.
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