L’art de valoriser les engrais de ferme se complexifie en raison de la multitude des facteurs qui le régissent. « Tout d’abord, il convient de répondre au besoin des plantes en matière de fertilisation. » Le 25 mai à Mécaélevage, Anne Guézengar, chargée d’études de la chambre d’agriculture en Bretagne, rappelle que « générer de la compaction du sol pénalise les rendements potentiels de la culture en place, comme ceux des suivantes. L’apport doit donc en même temps se faire dans des bonnes conditions. » S’ils se justifient techniquement, « par la disponibilité rapide des éléments fertilisants », les calendriers réglementaires d’épandage des lisiers ajoutent une contrainte. Il en va de même avec l’enjeu de la qualité de l’air. En la matière, « l’agriculture a un rôle à jouer », affirme l’agronome. Néanmoins, l’exposé proposé à Mécaélevage présente des solutions techniques qui limitent les émissions d’ammoniac lors de l’épandage.
L’enjeu de la qualité de l’air ajoute une raison de valoriser les engrais de ferme
Premièrement, limiter ces pertes par volatilisation passe par le choix d’intervenir lorsque les conditions sont les moins favorables au phénomène. Le matériel est ensuite un second levier. Car l’enfouissement rapide, voire immédiat, du fertilisant organique se montre particulièrement efficace. Le conseiller spécialisé du réseau cuma, Hervé Masserot, rappelle par ailleurs que les pertes d’unités d’azote évitées compensent le surcoût des équipements. « Les tableaux comparatifs montrent que le coût du m3 épandu à la buse, au pendillard ou à l’enfouisseur, s’équilibrait déjà quand l’unité d’azote minéral valait 0,70 €. »
Les équipements d’épandage pertinents lèvent des contraintes
Si la question économique semble ainsi trouver une réponse, ces équipements lestent les ensembles. Le premier risque est de sortir du cadre de la réglementation routière. Or, « le convoi en surpoids ne sera pas couvert en cas de problème sur la route », rappelle Gurvan Leboulc’h au moment de présenter des solutions alternatives. L’animateur cuma prend l’exemple d’une coopérative déjà équipée en automoteur d’épandage. Avec un coût du m3 enfoui proche de 5 €, le service devient compétitif lorsqu’il y a de la distance entre la fosse et le champ. « L’intérêt de ces organisations est qu’elles augmentent considérablement l’efficacité des chantiers. En restant au champ l’automoteur passe à 80 m3/h, soit 1 000m3/j. Pour épandre son volume annuel de 30 000 m3, la cuma a eu besoin de douze jours de chantier de moins qu’auparavant. »
Deux semaines d’épandage gagnées pour 30 000 m3/an
Par ailleurs, les véhicules de transport restant en dehors des parcelles, « cette dissociation est avantageuse également par rapport au salissement des routes », analyse le conseiller. De la même manière que les tonnes de transport se dispensent d’équipements d’épandage, il devient intéressant de concentrer les options sur l’outil d’épandage. Des pneus larges, la marche en crabe… nuancent l’effet de tassement du sol. De surcroît, l’accès aux champs peut être plus précoce grâce à ces dispositifs. Malgré tout, quand le matériel est lourd, il reste lourd. Aussi les experts proposent d’autres alternatives pour envisager la dissociation de l’épandage et du transport, avec une tonne spécifique légère ou de l’épandage sans tonne.
Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :
Faut-il investir dans du matériel contre les pertes d’azote ?