La confirmation est très visuelle. «Nous avons pu voir que sur un épandage avec la buse, les tubes de mesure se sont très vite saturés», retient Séverine Bourrin, de la frcuma Ouest. Dans le cadre de projet Teplis+, plusieurs expérimentateurs mesuraient, en mai dernier, la volatilisation d’ammoniac derrière différents systèmes d’épandage.
«Nous avons utilisé la méthode des tubes Drager.» Cette analyse consiste à pomper l’air ambiant à travers un tube réactif. L’intensité de la réaction dans le tube mettra en évidence l’ampleur du phénomène. Le résultat renseigne sur la volatilisation à un instant T le chantier en question, avec ses conditions.
Un tube pour voir l’invisible
La méthode a surtout une valeur de sensibilisation, pour comparer différents types d’équipements. Il ressort ainsi des mesures 2021 à Derval que dans des conditions de chantier équivalentes, la buse induit beaucoup plus d’émissions d’ammoniac qu’un équipement à pendillards ou un système enfouisseur.
L’intérêt d’un matériel tout-climat
La bonne valorisation de l’azote peut se constater plus tard sur le développement des cultures (et donc sur les rendements). Mais au moment de l’épandage, le niveau de pertes d’azote par ce phénomène de volatilisation ne se voit pas. Pour autant, «tout l’azote qui s’envole, c’est aussi de l’azote perdu du point de vue de la fertilisation.» L’experte rappelle une autre réalité du terrain: pour rentabiliser les matériels, les groupes doivent déjà concilier le droit du travail, les calendrier d’épandage locaux et un volume de demande toujours plus conséquent. Les matériels doivent donc intervenir même lorsque que les conditions de vent et de température sont plus favorables à la volatilisation.
Dans l’air, l’ammoniac se combine à d’autres éléments. Ainsi se forment des particules fines. «L’agriculture est responsable de 94% des émissions d’ammoniac.» Or l’épandage est un moment clef vis-à-vis de ce cet enjeu de santé publique. Ceci impose d’autant plus de trouver des solutions pour flécher l’azote vers la fertilisation. Cette question des équipements en est une. Pour cette première journée de suivi en mai 2021, «nous étions sur un digestat.»
Pertes d’azote: les quintaux s’envolent en même temps que l’ammoniac
«Nous avions aussi des conditions climatiques très favorables», précise Séverine Bourrin. Cette année, les expérimentateurs prévoient d’enrichir leur étude. «Nous prévoyons un suivi sur un épandage de lisier bovin.» Cette mesure avec les tubes Drager, «c’est aussi une méthode très pédagogique. Nous comptons l’utiliser lors de formations, par exemple. Nous aurons cette possibilité pour les démonstrations. Les participants pourront facilement visualiser les pertes», retient enfin Hervé Masserot, animateur référent sur l’épandage dans le réseau cuma de l’Ouest.
Une journée technique à Derval (44) le 17 mars
Le sujet de la volatilisation d’ammoniac sera à l’honneur par exemple d’un temps fort le 17 mars. Sur le site de la ferme expérimentale de Derval (44), les partenaires de Teplis+ proposent en effet une démonstration d’équipement d’épandage (Plus d’information ici). Les ateliers, en lien aussi avec la méthanisation et les cive, présenteront les critères pour bien choisir sont prochain matériel.
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