Entre les chèvres alpines chamoisées et leur production de différents types de fromages, Marie-Amélie et Nicolas reviennent sur leur parcours d’installation. Originaires de Bretagne et de Saint-Brevin-les-Pins, ils travaillaient tous deux dans la région de Machecoul avant de se lancer dans leur aventure de l’installation caprine qui intègre de la transformation fromagère artisanale.
Installation caprine : le parcours de Marie-Amélie et Nicolas
En 2021, une opportunité se présente à Saint-Julien-de-Vouvantes, grâce à une annonce de la Confédération paysanne. La ferme en agriculture biologique s’étend sur 35 ha. Y vivent un troupeau de 80 chèvres laitières et une vingtaine de chevrettes.
Malgré un parc matériel vieillissant et des équipements limités, le projet est enfin lancé ! Dès septembre 2021, Marie-Amélie et Nicolas entament un stage parrainage pour une installation effective au 1ᵉʳ janvier 2022. À leur arrivée, la ferme produisait 20 000 litres de lait, dont 10 000 litres partaient vers la laiterie. « On nous a annoncé que la laiterie ne nous suivait plus, narre le couple de jeunes éleveurs passionnés. Il nous fallait donc trouver de nouveaux débouchés pour transformer 30 000 l de lait. Ce que nous avons réussi à faire. »
La cuma de l’Espérance : un partenaire de choix
Dès leur installation, Marie-Amélie et Nicolas explorent les possibilités de cuma locales. C’est la cuma de l’Espérance à Erbray qui les séduit, pour son ambiance conviviale, la dimension de son parc matériel et la présence de salariés chauffeurs/mécaniciens. Dans un premier temps, l’absence d’un télescopique semblait pourtant être un frein. Mais les agriculteurs constatent que d’autres solutions pallient ce manque. « On nous a tout de suite fait comprendre qu’il serait possible de s’arranger entre voisins. »
Au moment de leur installation, les éleveurs avaient prévu de renouveler un tracteur, un andaineur et une faucheuse. Entre-temps, la cuma s’est équipée d’un groupe de fauche performant qui répond à leurs besoins. Et concernant l’andainage, ils ont eu la possibilité de prendre le matériel de cuma. « Finalement, nous avons seulement renouvelé le tracteur, commentent-ils. De ce fait, nous l’avons pris un peu plus performant que ce que nous prévoyions initialement afin d’être plus autonomes sur les travaux des champs. »
Un coût de mécanisation maîtrisé à 420 €/ha
Les producteurs prévoient, pour l’année prochaine, un agrandissement qui devrait porter le parcellaire jusqu’à 50 ha. Aujourd’hui, leur parc de matériels se résume à quelques outils de récolte du foin, deux vieilles remorques, un vibroculteur, une herse traînée de 2,5 m et un tracteur de 115 ch.
Le poids de la mécanisation représente environ 15 % du chiffre d’affaires que génère le gaec Lait biques et délices. La comparaison à la moyenne régionale (17,4 %) indique la bonne maîtrise de ces charges dans ce système qui repose en même temps sur la délégation. En effet, les travaux par tiers représentent plus de 60 % de la totalité des coûts de mécanisation.
Flexibilité et organisation : le rôle clé de la cuma dans l’installation caprine
Sur l’année, Nicolas et Marie-Amélie consacrent environ 450 heures à la conduite d’automoteurs. « L’avantage de la cuma c’est que ça nous permet d’avoir de la souplesse. Nous avons la possibilité de faire faire ces travaux par les salariés de la cuma. Grâce à cela, nous pouvons pleinement nous investir dans la commercialisation de nos produits. »
En effet, le couple assure trois marchés par semaine, ce qui peut être bloquant en termes d’amplitude, notamment au moment des foins.
Installation caprine : priorisation des investissements encore à l’étude
En pleine saison, le couple consacre entre sept et huit heures par jour à la production des fromages sur son installation caprine. C’est donc vers la fromagerie et la commercialisation qu’il oriente l’essentiel de ses projets d’investissement. Marie-Amélie et Nicolas comptent doubler la surface de leur laboratoire. « L’idée serait de pouvoir y travailler plus efficacement et à deux. Nous voudrions aussi investir dans un véhicule de livraison avec caisson frigorifique. »
Du côté de l’élevage, le troupeau devrait atteindre un effectif de 100 chèvres dans les prochaines années. « Une nouvelle salle de traite et un bâtiment photovoltaïque » sont aussi dans les plans du couple soucieux d’optimiser ses conditions de travail. Il envisage par exemple d’acheter un taxi-lait électrique. Les deux associés prolongent : « Pour toutes ces raisons, nous préférons ne pas avoir à investir dans du matériel. Cela passe par la cuma, avec ses salariés. »
Un dispositif aide à l’adhésion en cuma
Une aide bénéficie aux personnes de moins de 40 ans, installées depuis moins de 5 ans et qui adhérent à une cuma. Plafonnée à 1 500 € par personne, elle est calculée sur la base de 50 % des parts sociales qu’elle verse aux cuma (et au prorata du nombre d’associés dans le cas d’installation en société).
Comptez, avant que ça coûte !
Le réseau cuma se mobilise depuis des années pour faciliter l’installation des jeunes, notamment dans la maîtrise du coût de leur mécanisation. Plus globalement, le réseau propose d’approfondir la stratégie de mécanisation des exploitations agricoles via un diagnostic de mécanisation. Personnalisé à l’échelle de l’exploitation, ce travail vise à identifier des leviers d’action qui optimiseront ces dépenses. 80 % des agriculteurs ignorent le montant de leurs charges de mécanisation. Et vous ? le connaissez-vous ?
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