Le coût de mécanisation, obscur paramètre ? Les conseillers du réseau cuma spécialisés sur le sujet des charges de mécanisation, à l’instar de Valérie Letellier en Normandie, s’étonnent d’un constat : « Les agriculteurs sont très peu nombreux à faire le calcul du coût de l’utilisation des matériels. » Les centres de gestion éditent désormais des rapports annuels où figurent des indicateurs. Néanmoins, au-delà de ce genre de signaux démontrant une évolution, la connaissance du poids réel de la mécanisation sur les exploitations reste insuffisante.
Le tracteur de tête : seulement 30 % du temps à pleine puissance
« La question devrait tout d’abord se poser dans le cadre du projet d’installation. C’est aussi à regarder lorsqu’on évalue un projet d’investissement, particulièrement pour un achat ou un renouvellement de tracteur. » La conseillère rappelle : « La traction, avec le carburant, représente plus de 50 % des charges de mécanisation de l’exploitation agricole. »
Dans le prolongement, Valérie Letellier cible le tracteur de tête : « C’est le plus onéreux et en même temps celui que l’on utilise le moins. Sur une exploitation moyenne, il génère 60 % des coûts du parc de traction, alors qu’il ne réalise que 25 % des heures. » Pire, ce tracteur qui sort du hangar pour le travail du sol, l’épandage ou du transport valorise rarement son potentiel. « Seulement 30 % des heures d’utilisation du tracteur se font à pleine puissance », note-t-elle.
Coût de mécanisation : jusqu’à 40 % des charges de l’entreprise agricole
Selon les systèmes, la mécanisation constitue entre 20 et 40 % de l’ensemble des charges de l’entreprise agricole. Le calcul est donc essentiel aux décisions stratégiques. Il demande toutefois un peu de travail de recherche dans la comptabilité. Car le total agglomère des lignes « à la fois du côté des charges opérationnelles, où se trouvent les travaux par tiers, le carburant, etc. », souligne la conseillère. Et à la fois dans les annuités, les frais financiers, l’assurance… « Car qu’il soit utilisé ou non, le matériel coûte toujours quelque chose ! », balaye-t-elle.
Dans le cadre de formations, « nous utilisons l’outil Mécagest qui propose une trame pour réaliser ce calcul » et permettra à l’agriculteur de comparer les résultats aux références.
En Normandie spécifiquement, un travail multipartenarial (projet Arpida agroéquipements et agroécologie) a par exemple détaillé par type de système des références sur la mécanisation nécessaire à l’évolution agroécologique des exploitations. « Dans le réseau cuma, nous avons développé l’outil Mécaflash », indique également Valérie Letellier.
La délégation : des coûts et des bénéfices
« Celui-ci simule, entre autres chiffres, un coût de mécanisation maîtrisé, en fonction des indications que l’utilisateur renseigne. » Récemment, un onglet de Mécaflash sensibilise à l’idée qu’il est possible de déléguer certains chantiers, avec une simulation montrant quelles en seraient les conséquences économiques et en gain de temps de travail.
La synthèse du programme Arpida « Agroéquipement et Agroécologie » en Normandie rappelle que les travaux par tiers gagnent du terrain dans les exploitations ces dernières années, « pour résoudre des problèmes de main-d’œuvre et accéder à des matériels spécialisés de plus en plus complexes », précise la conseillère. D’après les observations des experts, un appel important aux tiers « conduit généralement à des charges un peu plus basses », cette règle se vérifiant sous réserve de ne pas cumuler avec des investissements individuels.
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