Charlotte Bottemine, jeune femme éleveuse ovins, ne craint guère l’ennui. Elle est aussi conseillère municipale, et pratique le handball et le théâtre. Elle entretient en outre des liens avec de nombreux acteurs locaux : céramistes, potiers, musiciens, couturiers, brasseurs, habitués de la guinguette de Preuilly-sur-Claise, responsables de la coop alimentaire, du tiers-lieu… Charlotte Bottemine est également active au sein des cuma locales et du GIEE. Ces engagements sont essentiels pour elle. C’est à la fois le moyen de s’ancrer solidement dans le milieu local et de s’enrichir humainement.
Retour à l’agriculture
La jeune femme grandit dans une ferme de chèvres laitières à Preuilly. Jusqu’à l’adolescence, elle s’intéresse aux activités agricoles et souhaite faire perdurer l’exploitation familiale. Elle obtient d’abord un bac d’Arts appliqués, avant de continuer des études d’Histoire à Tours.
À 22 ans, elle part voyager en Australie et à Tahiti deux années de suite. Avant son retour en métropole, qu’elle pressent éphémère, elle pense passer un BTS agricole. Finalement, elle s’oriente vers un CAP coiffure, puis se décide de rester en sud Touraine.
À 28 ans, Charlotte Bottemine obtient son BPREA. Elle travaille un an comme salariée sur la ferme familiale avant de s’installer à 31 ans. Les cuma présentes sur son territoire, et les aménagements déjà en place sur la ferme, lui permettent de limiter ses investissements de départ. La création d’un atelier ovin se borne principalement à l’achat du troupeau pour un montant de 8 000 €.
De plus en plus d’éleveuses
L’agricultrice observe que de plus en plus de femmes sont cheffes d’exploitations, en particulier éleveuses. Le suivi quotidien du troupeau et la traite sont souvent des tâches attribuées aux femmes. Elle avance, non sans une pointe d’ironie, quelques qualités supposées « féminines » pour cela :
- La patience ;
- Le réflexe maternel d’attention aux animaux ;
- La capacité d’empathie ;
- La détermination ;
- Le courage de celles qui entreprennent cette activité.
Elle observe a contrario qu’une partie des hommes désirent justement arrêter l’élevage en raison des contraintes qu’il impose.
S’imposer en tant que femme éleveuse dans un monde agricole toujours très masculin
Sa première année d’installation est éprouvante : il faut trouver le rythme de croisière. Au début, elle doit prouver ses capacités, à elle-même et aux autres. L’attribution des ateliers dans l’EARL et la juste répartition du travail entre les associés, lui permettent de prendre la place qui lui convient.
Spontanément dans les groupes, on lui suggère d’assurer des missions administratives ou de secrétariat. Ces propositions, sans doute bienveillantes, sont cependant maladroites, car elles assignent implicitement aux femmes un rôle qui correspondrait naturellement à leurs champs de compétences… Le monde agricole semble se féminiser, peu importe la place.
Autour de Charlotte Bottemine, femme éleveuse en Indre-et-Loire, évoluent la livreuse de fuel, la conseillère de la laiterie Agrial de l’entreprise Godet pour l’approvisionnement en aliment, la contrôleuse laitière, l’animatrice de cuma, etc. Les grossesses ont pu être, pour elle, des périodes complexes puisqu’elle culpabilisait de ne pas pouvoir travailler pleinement. Elles se sont néanmoins bien déroulées, et Charlotte a pu continuer à œuvrer jusqu’au bout dans l’exploitation. Même si à la fin, elle a intégré dans son emploi du temps, davantage de travail administratif.
Ses deux enfants aiment la suivre dans ses activités sur la ferme. Marius préfère être dans le tracteur quand il y a une machine derrière. Billy aime plutôt les animaux et l’élevage. Comme leurs parents, ils feront à leur tour leurs choix professionnels, en toute indépendance.
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