« Sans la cuma je n’aurais pas pu investir dans autant de matériels pour lancer mon activité »

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« Sans la cuma je n’aurais pas pu investir dans autant de matériels pour lancer mon activité »

Alexia Collomb élève aujourd’hui 20 bovins, 180 poules et 26 cochons.

Si Aline Girard et Alexia Collomp n’étaient pas prédestinées à développer une activité agricole, elles y sont néanmoins parvenues grâce au soutien du modèle cuma. Très récemment, toutes deux ont aussi décidé de s’investir au sein de la fdcuma.

Quel rôle a joué le modèle cuma dans votre installation ?

Alexia Collomp : Il a eu un rôle essentiel. Sans la cuma je n’aurais pas pu investir dans autant de matériel pour lancer mon activité. Ce sont des agriculteurs voisins qui m’en ont parlé pour la première fois. J’ai ensuite contacté la cuma de mon secteur. J’ai adhéré et j’ai pu avoir accès à du matériel de qualité, notamment un andaineur et une enrubanneuse. Mais ce qui m’a aussi beaucoup aidée, c’est la bonne qualité des rapports humains . J’y ai trouvé aussi de bons conseils.

Aline Girard : La cuma m’a également permis de développer mon activité, surtout quand nous avons augmenté notre cheptel en 2021. Impossible de cultiver 120 hectares sans le matériel de la cuma, d’autant que toutes les machines sont récentes et très performantes. Elles ont été achetées il y a deux ans. Entrer dans la cuma m’a aussi permis de mener un projet qui me tenait à cœur : créer des plats préparés élaborés à base de produits hyperlocaux. Ce projet commun lie tous les agriculteurs adhérents à notre cuma.

Comment voyez-vous votre exploitation et votre cuma dans une dizaine d’années ?

Aline Girard : Je ne pense pas faire évoluer significativement la taille de mon exploitation. Mon objectif est de conserver une activité à taille humaine, comme l’ensemble des adhérents de la cuma d’ailleurs. Nous renouvellerons le matériel lorsque cela sera nécessaire mais nous n’avons pas de projet de croissance défini à ce jour.

Alexia Collomb : De mon côté, tout reste à faire. Mon activité démarre à peine et si je souhaite également maintenir une activité à taille humaine, j’ai tout mon investissement à réaliser. À l’avenir, j’aimerais être indépendante sur le volet fenaison. Mon objectif personnel est d’être autosuffisante pour nourrir les bêtes et de bâtir une activité suffisamment solide pour que mon fils, très intéressé par l’agriculture, puisse éventuellement reprendre l’exploitation plus tard. Il faudra que je trouve le juste équilibre entre l’investissement personnel, car pour les jeunes agriculteurs, les subventions obtenues pour de l’achat de matériel via des appels à projets peuvent être plus intéressantes que l’achat collectif en cuma, sans quitter pour autant la cuma.

Aline Girard produit et vend des plats préparés à partir d'ingrédients produits localement

Aline Girard, adhérente de la cuma des Hautes Vallées de l’Asse.

Quelle serait selon vous la cuma idéale ?

Alexia Collomp : La nôtre. Il y règne une très bonne entente. Claude Latil, notre président, ainsi que l’ensemble du bureau, est très à l’écoute des jeunes agriculteurs.

Aline Girard : Je pense aussi que notre cuma a un fonctionnement idéal. Notre président sortant, qui a été remplacé au mois de juin, est toujours très présent et il s’attelle à réussir le passage de relais. Le plus difficile dans la gestion d’une cuma, c’est l’humain. Et si cela se passe particulièrement bien dans notre cuma, peut-être est-ce parce que nous sommes tous liés par un projet commun ?

Pourquoi avez-vous choisi de vous investir auprès de la fdcuma ?

Alexia Collomp : Je suis administratrice stagiaire depuis la dernière réunion, c’est tout récent pour moi. Thomas Richaud, le président de la fdcuma 04 souhaitait recruter des femmes agricultrices pour augmenter la parité. Je me suis laissée tenter.

Aline Girard : J’ai rejoint la fédération départementale en tant qu’administratrice car j’aime le travail collectif tout simplement. Je n’y suis pas particulièrement pour des raisons de représentativité de la femme dans le monde agricole car à l’échelle de notre département, je n’ai pas le sentiment de devoir mener un combat dans ce sens.

Portrait : Alexia Collomp

Aide médico-psychologique jusqu’en janvier 2023, Alexia Collomp a choisi de changer de vie. La réponse sociale ne répondant plus à sa vision, notamment sur la gestion des enfants en situation de handicap. Elle a donc choisi de passer un brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole et de s’installer à Bevons dans la vallée du Jabron, en individuel polyculture élevage. Son compagnon, chef de pôle dans une entreprise de BTP, devrait la rejoindre, dans le cadre d’un gaec, dans les deux prochaines années. Sur des parcelles agricoles qu’elle loue, elle élève aujourd’hui 20 bovins, 180 poules et 26 cochons. Son objectif ? Être autosuffisante pour nourrir ses bêtes et conserver un modèle économique à taille humaine avec un cheptel de 40 à 50 bovins et à peine plus de porcins. Son va-tout pour y parvenir ? Sa volonté de fer et le soutien de la cuma de la Basse Vallée du Jabron, une structure dynamique dont la majorité des adhérents a moins de 40 ans.

Alexia Collomp, adhérente de la cuma de la Basse Vallée du Jabron.

Portrait : Aline Girard

C’est une amourette et le hasard qui ont amené Aline Girard dans les montagnes basses alpines, mais c’est l’amour de l’agriculture qui l’y a fait rester. Originaire d’Antibes, dans les Alpes-Maritimes, elle suit à 19 ans son coup de cœur de l’époque dans la Vallée de l’Asse, avant d’y rencontrer quelques années plus tard le père de ses deux enfants, issu d’une famille d’agriculteur de Tartonne. En 2013, elle décide de s’installer en individuel et crée en 2019, avec la famille de son mari, un gaec en polyculture élevage. Depuis 2021, son compagnon a quitté son emploi salarié dans le secteur des travaux publics et travaille à la ferme à ses côtés. Ensemble, ils font du foin et élèvent 200 brebis ‘viande’ et 90 laitières. Grâce à son adhésion à la cuma des Hautes Vallées de l’Asse, elle a pu développer son activité et atteindre son objectif : produire et vendre des plats préparés à partir d’ingrédients produits hyper localement.

Aline Girard mène de front son métier d’agricultrice et son rôle de mère.

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