Dans ce scénario futuriste, l’essentiel de la production alimentaire est assuré par les industriels et non les agriculteurs. Propriétaires de grosses exploitations, industriels de la transformation ou distributeurs, ils sont présents à tous les maillons de la chaîne de valeur de la filière alimentaire. Ils travaillent sur de grosses unités de parcellaires pour produire leurs matières premières. Leur staff est rompu aux techniques de l’agroécologie industrielle. Une partie de la production se déroule au champ. Mais les productions hors-sol en environnement contrôlé sont également très développées. Une grande partie des opérations est robotisée et produit sa propre énergie.
Production alimentaire : super-aliments et substituts industriels
Ces unités industrielles de grande taille sont implantées dans des zones de parcellaires assez regroupées. Mais également là où l’eau ne fait pas trop défaut. Elles proposent en sortie de leurs usines une nourriture standardisée. Fruits, légumes et protéines végétales occupent la part du lion. Une production alimentaire plutôt saine, relativement peu transformée et décarbonée.
Les « superaliments », qu’il s’agisse d’algues ou de produits fermentés, occupent des espaces de plus en plus importants dans les points de vente. Les laits végétaux ont conquis une partie importante des consommateurs. Les substituts de bœuf, après vingt ans de recherche, ont atteint des standards de goût en phase avec les attentes des consommateurs. Lesquels, de toute façon, n’étaient plus près à payer le prix des gaz à effet de serre émis par les élevages de ruminants.
Élevages intensifs
Porcs, poulets et canards sont désormais les viandes majoritairement produites. Ces productions occupent des élevages plutôt intensifs. Avec malgré tout une attention portée au bien-être animal, des accès à l’extérieur, menés en agroforesterie, etc.
Dans le même temps, les productions laitières se sont déportées des bovins aux caprins et ovins, qui pour le coup ont été laissés aux agriculteurs. Chèvres et moutons répondent aussi à leur mission d’entretien du paysage.
Le paysage aux agriculteurs, la nourriture aux industriels?
Car les agriculteurs, au milieu du XXIe siècle, ont peu à peu perdu leur rôle de « producteurs exclusifs de nourriture ». Seules quelques filières patrimoniales de produits sous signes de qualité perdurent. Inscrits sur les listes du Patrimoine mondial de l’Unesco, ces produits se vendent à prix d’or en raison de leur bilan carbone. Ils constituent une rare exception, et offrent aussi de beaux débouchés touristiques.
Une clientèle fortunée, issue notamment des fortunes de la tech chinoise et indienne, vient s’offrir de pittoresques séjours au pays du Roquefort ou du cidre. Pour l’essentiel, les agriculteurs d’hier entretiennent le paysage et l’environnement (eau, biodiversité, qualité de l’air, infrastructures d’approvisionnement en énergie). Le rapport au foncier a changé dans les zones délaissées par les industriels. La PAC a continué son cheminement vers des critères toujours plus environnementaux.
Signaux pouvant conduire à ce scénario agriculteurs/industriels (probabilité 50 %)
- Accélération des changements climatiques et reconnaissance des agriculteurs comme acteurs essentiels à la régulation des teneurs en gaz à effet de serre de l’atmosphère.
- La contribution croissante des très grosses exploitations, qui produisent l’essentiel des volumes alimentaires.
- L’intégration croissante des filières agricoles et alimentaires, de la production à la distribution.
- L’intense effort de recherche sur les alternatives à la viande (bovine notamment).
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