Pourquoi pratiquer la fauche inter-rang ? En bio, un couvert de légumineuses permet d’apporter de l’azote au blé, moins cher qu’avec un engrais organique. Mais encore faut-il le maîtriser. La ferme expérimentale Arvalis de Montans (Tarn) teste depuis 2016 la fauche en inter-rang sur de la luzerne associée à du blé. Rappelons que les deux espèces ont été semées en rangs intercalés, chacune à 30 cm d’écartement. Grâce à un guidage RTK, le blé vient prendre place pile entre les deux rangs de luzerne. Soit par conséquent une ligne de culture tous les 15 cm.
Faucher trois ou quatre fois dans la saison
La fauche de la luzerne intervient une première fois en novembre, puis deux ou trois fois en mars-avril. À chaque intervention, le broyat joue un rôle de paillage puis de fertilisation azotée. L’opération régule par ailleurs les adventices. Après moisson, la légumineuse reprend le dessus. Elle capte une belle dose d’azote, protège le sol et encourage la biodiversité. Pour ses essais, la station de Montans possède aujourd’hui une faucheuse Eco-Mulch de 6 m de large, équipée d’un petit rotor tous les 30 cm. Une génératrice électrique installée à l’avant du tracteur assure l’entraînement des lames.
Un guidage très précis des outils s’impose à chaque étape.
Une exigence de précision
Régis Hélias, qui dirige le projet, a tiré les premières conclusions de son expérience. Ainsi, il cite une série de conditions de réussite. Il faut d’abord un guidage RTK parfaitement paramétré, et des matériels également réglés et dimensionnés avec précision. En effet, il n’est pas question de toucher au blé en voulant broyer la luzerne. En disposant d’un guidage d’outils parfaitement efficace, Régis Hélias remarque qu’il serait même possible de pratiquer la culture en association avec fauche inter-rang en travers des pentes, pour limiter l’érosion.
À la recherche de la luzerne compatible avec la fauche inter-rang
Autre point : toutes les cultures et variétés ne se prêtent pas aussi bien à l’exercice. Ainsi, il faudrait dans l’idéal une luzerne qui démarre tard au printemps, pour moins gêner le blé. Et, en plus, qui présente un port érigé plutôt qu’étalé, afin de se faucher aisément. Le sainfoin, le lotier ou le trèfle violet font également l’objet de tests, pour trouver une légumineuse alternative. Mais les premiers essais montrent en tout cas un meilleur rendement du blé avec luzerne que dans les parcelles voisines conduites en mode traditionnel.
Le détail de l’itinéraire pratiqué par Arvalis (document webinaire Dgifermes 2023).
Un modèle basé sur la prairie
La station Arvalis de Saint-Hilaire en Woëvre (Meurthe-et-Moselle) teste à son tour la fauche en inter-rang. Le couvert utilisé est plus de type prairie, étant constitué d’un mélange de ray-grass hybride et de trèfle violet. Malheureusement, avec la sécheresse de l’été 2022, il a peu produit. La récolte de fin d’été espérée n’a pas eu lieu. « Ce n’est pas encore une technique plug and play », estime Régis Hélias. Elle demeure délicate à mettre en œuvre, plus pour des raisons de mécanique et de numérique, qu’agronomiques. » Mais les essais se multiplient donc, sous la bannière du projet Graal. Cette technique est détaillée dans le webinaire des Digifermes Arvalis du 21 mars 2023.
Des broyeurs dans le soja ou le maïs
Il est important de mentionner que ce principe de fauche ou de broyage dans une culture de céréales fait l’objet de réalisations artisanales, ou d’études plus poussées comme en Normandie, avec Unilasalle Beauvais. Des modèles plus larges, adaptés aux cultures sarclées comme le soja ou le maïs existent également. Citons par exemple Row Shaver (États-Unis), R-Tech (États-Unis) ou Weedcutter (Argentine).
Le Row Shaver.
Le R-Tech.
Le Weedcutter.
Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.
