L’agriculture de conservation des sols questionne de nombreux agriculteurs. Comment cultiver des couverts végétaux, comment faire face aux maladies, aux ravageurs? Pourtant ces pratiques agricoles sont recentrées sur l’état physique des sols et leurs fertilités. Elles présentent des solutions pour faire face au réchauffement climatique. Sarah Singla, agronome ambassadrice de cette technique, et agricultrice dans l’Aveyron, a rappelé quelques principes. Elle a invité les agriculteurs à oser se lancer dans la culture de couverts végétaux.
Les couverts végétaux, une culture à part entière
« Osez », voilà le maître mot de l’agricultrice lors d’une conférence organisée début novembre par la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. Les agriculteurs, rassemblés en nombre, y attendent des réponses à leurs questions et hésitations. « Le couvert végétal est une culture à part entière, lance Sarah Singla. On y investit de l’argent, il faut que ce soit rentable et qu’il réponde à l’objectif fixé à l’avance. »
Celui-ci doit être simple, atteignable est réaliste. Ce peut être nourrir son sol en azote, avoir du fourrage, réduire l’érosion, diminuer les adventices, enrichir la biodiversité ou encore, apporter de la matière organique au sol.
Bref, « il faut s’appliquer comme pour mener une culture de vente, insiste l’Aveyronnaise. Ce n’est pas la peine de se lancer dans des mélanges avec de nombreuses espèces ou des implantations de couverts végéatux à des dates compliqués. Pour débuter, un mélange de deux espèces semé après la moisson reste le plus simple et plus efficace. »
Être réactif après la moisson
La moisson est une période importante pour la vie des sols. C’est bien souvent après cette étape que l’on vient implanter les couverts végétaux d’hiver pour préparer le sol avant les cultures d’été. « Il faut être prêts pour les semer dès le passage de la moissonneuse, même si le sol est sec. Les plantes auront ainsi le temps de bien se développer et auront le plus d’effets positifs sur les sols, explique l’agronome. Ce sera toujours une avance pour la culture suivante. Il ne faut pas hésiter à acheter les semences avant la récolte et les semer dans les jours qui suivent la moisson. »
Par ailleurs, bien répartir les pailles, si elles ne sont pas récupérées, permet d’apporter de la matière organique et de l’azote au sol. Une tonne de paille représente 10unités d’azotes piégées.
Aller plus haut avec les couverts végétaux
Car cette technique, basée sur les couverts végétaux, est en réalité très soucieuse de l’état des sols. « On a beau avoir la meilleure génétique dans les semences, si le sol n’est pas fertile, on ne pourra jamais déplafonner les rendements, lance Sarah Singla. D’où l’importance de diagnostiquer l’état du sol. En déterminant le taux de matière organique présent, le pH, l’hydrologie, la structure du sol ou encore son rôle économique dans l’exploitation avec les rendements potentiels. »
Pour illustrer cela, un ratio important est à prendre en compte. Celui du taux de matière organique par rapport à celui d’argile. S’il est inférieur à 10%, il faut agir et fixer ce seuil en guise d’objectif à atteindre. S’il est supérieur à 24%, le sol est en relativement bon état.
Agir sur le tassement des sols est aussi l’un des piliers de l’agriculture de conservation. Un passage peut induire une perte de rendement de 5 à 30% selon l’agronome. « Il est donc judicieux de localiser les passages, de diminuer les charges sur les essieux et bien sûr attendre que les sols soient bien ressuyés. »
Nourrir le sol et le rendre plus vivant encore
Mais plus que jamais, la couverture des sols peut être la solution au réchauffement climatique. La technique permet d’aérer les sols permettant aux microorganismes du sol de se déplacer et de se nourrir. La matière organique et la photosynthèse réalisée permet de nourrir les levures présentes naturellement.
En couvrant les sols, ils sont plus frais et apportent donc plus d’humidité aux plantes. Les plantes étant une sorte de protection, ils subissent moins les dégâts des rayonnements solaires. Enfin, les plantes agissent comme des filtres pour assurer la qualité de l’eau Tout en retenant l’eau qui ruisselle et emporte la matière fertilisante du sol.
Pour convaincre les plus réfractaires, Sarah Singla lance: « Le succès ce n’est pas toujours ce que l’on voit, ce peut être une acquisition de connaissances en agronomie, en comptabilité ou même en élevage. La seule option pour réussir reste la persévérance. »
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