En temps normal, c’est-à-dire avec un échauffement du foin jusqu’à 40 à 45°C, le fourrage conserve ses valeurs alimentaires dans le temps. Dans ces conditions, la température des balles mettra environ une semaine à redevenir proche de la température ambiante. Il n’y a pas de risque à stocker les balles.
Le risque d’incendie devient maximal lorsque le foin monte à 80°C
En revanche face à une montée en température au-delà de 60°C, l’agriculteur doit réagir : « Il faut soit aérer le tas à partir du sommet ou en le déplaçant, soit prévoir un extincteur à proximité », prévient Arvalis, dans un article de juillet 2024. Et si le stock se trouve dans un bâtiment, « il faudra sortir les balles. »
À 80°C, le danger devient imminent. Il faut alors « avertir les pompiers, sortir le matériel, et fermer les portes et ouvertures. »
Ainsi, le premier conseil est de contrôler la température dans les bottes de foin. En particulier lorsque le risque d’échauffement est important.
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Pas de risque d’échauffement avec un foin pressé à 84 % de matière sèche ou plus
Lorsque le fourrage présente un taux de matière sèche supérieur à 84 %, sa conservation en balles ne présente pas de risque d’échauffement. Pour autant, déterminer le niveau d’humidité résiduelle n’est pas chose aisée. Les sondes capables de la mesurer s’utilisent sur un fourrage compacté. « Cela implique que le foin soit déjà pressé pour disposer de l’information », souligne l’institut. De plus, le type de sol ou les zones ombragées participent à l’hétérogénéité du séchage à l’intérieur même de la parcelle. Ceci complexifiant l’appréciation au champ.
Cette dernière repose sur l’observation et le toucher du fourrage. « Un fourrage prairial à 82-84 % MS se caractérise en premier lieu par des feuilles cassantes et des tiges sèches. Au toucher, aucune sensation d’humidité ne doit être ressentie, sur le dessus, à l’intérieur et au-dessous de l’andain », liste Hugues Chauveau (ingénieur référent d’Arvalis). Enfin, « les nœuds des tiges ne doivent plus comporter de zones de couleur vert chlorophylle. » Si l’estimation plus ou moins précise de l’humidité du fourrage est ainsi possible, « cela requiert de l’expérience. »
Dynamiques d’échauffement difficilement prévisibles
La réalité de la météo pousse parfois à presser un foin insuffisamment sec. Un échauffement en lien avec l’activité des cellules des plantes encore vivantes peut alors survenir en quelques heures. Après quelques jours, l’activité métabolique intense des levures et moisissures qui ont pu se développer dans des bottes contenant encore trop d’eau peut être à l’origine d’un second pic d’échauffement. Ces micro-organismes peuvent par ailleurs générer la production d’agents toxiques : « En cas de doute et si cela est possible, il convient de ne pas distribuer les balles aux animaux. »
L’échauffement lié aux levures et moisissures peut se prolonger jusqu’à quelques dizaines de jours. La publication alerte cependant : parfois, seule l’activité microbienne est responsable de l’échauffement. Dans d’autres situations, les deux pics de montée en température se confondent. Ceci invite donc à la prudence quant à la qualification de l’échauffement. Le suivi de la température des balles à risque devra donc se faire sur plusieurs jours, avec vigilance. »
Impact de l’échauffement sur les valeurs alimentaires du foin
Le fourrage qui s’échauffe perd de sa valeur énergétique. En outre, « les protéines se lient aux fibres et deviennent de moins en moins digestibles. » Hugues Chauveau précise que les résultats d’analyse sur un foin soumis à l’échauffement s’interprètent avec précaution : « La protéine est bien présente dans le fourrage mais sa digestibilité est inférieure à celle indiquée sur le bulletin. »
La dégradation des valeurs alimentaires dépend avant tout de la température maximale atteinte. Par exemple, un échauffement jusqu’à 60 °C pénalise la valeur énergétique de 5 à 15 % et diminue la digestibilité des protéines 10 à 30 %. À ce stade, le fourrage présente une odeur « de pomme pourrie, acide. Si l’échauffement s’en arrête là, le foin sera gris, poussiéreux. » Au-delà, de 60°C, le foin prendra des couleurs brun-tabac… La digestibilité des protéines se réduit de 30 à 80 %. « Les pertes sont alors comprises entre 15 et 30 % en valeur énergétique », approche l’ingénieur.
La taille et la densité des bottes permet de nuancer le risque d’échauffement
« Lorsque le foin est trop humide, une densité élevée de fourrage dans la balle est un facteur aggravant les risques d’échauffement. » En effet, plus la densité est forte, moins la circulation d’air qui évacuerait rapidement l’eau résiduelle et la chaleur est possible. De la même manière, des balles de grande dimension ou leur empilement constituent des facteurs de risque supplémentaires. « Plus un fourrage est humide et fortement comprimé au sein d’une balle de grande dimension, et plus le risque d’échauffement est élevé », résume l’ingénieur Arvalis.
« En cas de suspicion d’une teneur en matière sèche insuffisante, il sera préférable de réaliser des balles de petite dimension et de desserrer au maximum la pression exercée sur le fourrage », conseille Hugues Chauveau. « Ce levier n’est que partiel, mais il diminue le risque d’échauffement. » Surtout, il n’évite pas la nécessité de surveiller la température des bottes sur plusieurs semaines après le pressage. Et « si le fourrage parait trop humide, il sera préférable de recourir à l’enrubannage. »
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