Économie et convivialité à la cuma de Tréauville
« Pour adhérer ici, il faut adresser une lettre de motivation. Puis la cuma vote pour accepter ou non la candidature », explique Gaétan Brisset, le président de la cuma de Tréauville. Quatre ans après son installation Florian Leclerc enclenche cette démarche, incité par des voisins : « Nous ensilions depuis quelques années avec un groupe d’adhérents à la cuma et c’est vrai que lorsque l’on commençait à parler de chiffres, ça faisait des réelles différences. »
D’autant plus que d’après son représentant, la ferme familiale disposerait encore de suffisamment de bras pour réaliser elle-même la plupart de ses travaux. Après l’ensileuse et l’épandeur, elle s’engage sur l’andaineur « et ainsi de suite », narre Florian qui fait partie des premiers moteurs du GIEE sur le désherbage mécanique du maïs. « Le groupe en émergence vise une labellisation GIEE sur 2023 », explique Marlène Langliné. L’animatrice de la fédération des cuma accompagne la démarche. Elle signale une particularité : Sur les dix membres, « sept sont installés depuis moins de dix ans. »
Des outils de désherbage mécanique spécifiques
« Nous sommes beaucoup de jeunes à nous dire qu’il faut aller vers ces techniques », soutient le trésorier de la cuma, Pierre Chardot. Pour autant, la cuma de Tréauville n’évoque pas encore d’investissement concret. Rien non plus n’est tranché à propos de l’organisation d’un service. « Nous parlons là d’outils très spécifiques. Il y a autour toute une technique qui fera que la réussite sera là ou non. Acheter sans expérience un outil de désherbage mécanique, c’est le meilleur moyen pour qu’il ne serve pas », résume le trésorier.
Réfléchir en collectif le désherbage mécanique
Et comme les intéressés devraient naturellement utiliser ensemble leurs probables futurs outils, ils trouvent logique de se former et de réfléchir à l’évolution de leur système collectivement. Car c’est sans doute là un impératif auxquels les instigateurs doivent s’attendre. Pour autant, Florian Leclerc se montre déjà serein : « Remettre en cause le système, nous adapter, nous y sommes habitués. Donc la démarche ne nous fait pas peur. »
L’année 2022 alimente en outre cet optimisme des précurseurs, dans la mesure où leurs premiers essais d’outils ont prouvé que la technique offre des perspectives. « L’année a été favorable. Ça a bien marché. C’était encourageant », ponctuent-ils. Pour 2023, « il y a encore des matériels à voir tourner. Nous prévoyons donc d’autres bandes d’essais, visites ou démonstrations », rebondit l’animatrice. Elle affiche en parallèle l’ambition que la cuma s’équipe pour la saison 2024.
La dynamique des nouvelles activités
Avec un œil extérieur, le président salue que la cuma joue ainsi son rôle de développement. S’il devait prédire comment se développera le service de désherbage, il imagine « une prestation complète, avec un chauffeur spécialisé… Mais est ce que ce sera bien la meilleure solution ? » Les adhérents intéressés se donnent déjà les moyens de trouver la bonne réponse à sa question.
Gaétan Brisset est en revanche totalement convaincu d’un effet boule de neige : « Une fois que l’activité est en place et fonctionne avec ceux qui s’y intéressent, tout le monde s’y mettra un peu. » Les exemples de lancements d’activité qui étayent son propos ne manquent pas, la traction, par exemple : « En 1995, nous n’étions que quatre adhérents et en tirant au maximum, nous n’avions que 400 h d’engagement pour partir », se souvient le président. Dès la première année nous avions réalisé 700 heures. Aujourd’hui la cuma fait 1 500 à 1 700 heures de traction par an. » Les adventices sont prévenues, les bineuses, herses et houes marcheront d’un pas assuré vers le Cotentin.
L’idée collective s’installe dans l’agriculture locale
Le 2 juillet 2021, la cuma de Tréauville s’impliquait dans une première soirée intitulée JA, cuma, SR, J’adhère ! Le public était composé d’une soixantaine de personnes. « Cela montre qu’il y a un dynamisme et de l’avenir dans notre secteur », retient le président de la coopérative, Gaétan Brisset. L’idée des organisateurs de ces rendez-vous sur la région est de présenter aux potentiels candidats à l’installation sur un territoire les solutions que le mutualisme apporte en termes de main-d’œuvre ou d’organisation du travail.
Le trésorier de la cuma, Pierre Chardot, se souvient aussi que « l’avis général sur la rencontre était plutôt bon ». Pour autant les responsables attendent peu de retombées directes à très court terme pour la cuma. Les profils étaient assez variés, « avec beaucoup de très jeunes tout juste diplômés », reprend Gaétan. Avec certains plutôt hostiles à la logique, les cumistes locaux ont déjà pu nouer un premier contact. Pour les autres, l’idée cuma a pu se dévoiler comme la source de solutions qu’elle sera.
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