La fédération des cuma accompagne depuis 2018 des agriculteurs en cuma qui se sont constitués en groupe sol. Réfléchir, expérimenter, et déployer ensemble des techniques et des stratégies qui répondent à la recherche d’autonomie alimentaire: tel est le défi que veulent relever les éleveurs du secteur de Pleuville et maintenant ceux des secteurs de Vouhé, Surgères. Pour les céréaliers du GIEE constitué sur le secteur de Sainte-Soulle et La Rochelle, la démarche est la même.
S’améliorer au niveau environnemental
L’objectif recherché ici est de parvenir à diminuer les intrants. Idem, pour les viticulteurs des secteurs de Saint-Brice et Sigogne, qui collectivement cherchent à bonifier le fonctionnement des sols et trouver des alternatives aux interventions chimiques. Atteindre ces objectifs oblige à associer différents critères de réussite en lien avec l’environnement: les attentes sociétales, la maîtrise ces coûts de production, la qualité de vie…
Pour conduire ces projets d’amélioration des pratiques, deux conseillers, Nicolas Figeac et Gontran Bosteaux, accompagnent les dynamiques qui s’enclenchent dans ces groupes. À leurs côtés, des experts dédiés, agronome, chimiste, nutritionniste, apportent leurs compétences. Sur les quatre groupes suivis par la fédération, le dernier né est le groupe sol viticulture de Sigogne.
Crée en mars 2021, il regroupe neuf viticulteurs dont deux en bio, répartis sur deux cuma (Bacchus et Puyseaux). À cet effet, ils ont créé un GIEE baptisé Émergence. C’est dans ce cadre qu’ils sont résolus à faire évoluer leurs pratiques. Leur projet bénéficie de subventions. Cela garantit un faible « reste à charge » pour les adhérents. De surcroît, cette dynamique vertueuse répond parfaitement aux évolutions demandées pour l’appellation Cognac.
Témoignage: Julien Desrante
Installé à Julienne sur 13ha en janvier 2020 et adhérent de la cuma Puyseau, Julien Desrante est, à 41 ans, installé, hors cadre familial, sur une exploitation viticole.
«J’ai souhaité rejoindre le groupe, car même si je n’utilise pas d’herbicide, je me pose beaucoup de questions sur le travail du sol. Un groupe sol permet une bonne synergie et beaucoup d’échanges avec les retours d’expériences de chacun. Étant devenu viticulteur tardivement, cela permet de se former et de disposer de beaucoup d’informations avec un retour d’expert grâce à l’agronome, et les conseils des autres membres du groupe. Les prochaines étapes avec un profil 3D et des analyses de sol seront intéressantes. C’est une démarche sur le moyen et le long terme qui va permettre de changer les pratiques avec des suggestions concrètes.»
Les fondamentaux du désherbage mécanique
Peu importe la filière, quand l’on parle de désherbage mécanique, il est important de maîtriser plusieurs leviers essentiels à sa réussite.
L’objectif premier du désherbage mécanique est de ne pas se laisser dépasser par les herbes indésirables. Pour cela, il faut intervenir tôt et sans attendre l’apparition des premières feuilles. Quelle que soit la filière, les premiers passages « à l’aveugle » sont primordiaux. La herse étrille est bien connue en grande culture. Elle connaît de nouveaux intérêts dans les groupes cuma conventionnels ou mixtes. Cet outil à l’avantage d’être polyvalent et de travailler en plein. La herse étrille peut aussi être valorisée sur de nombreuses cultures ainsi que sur des prairies. Côté viticulture, le premier passage est généralement un déchaussage du dessous du rang à la fin de l’hiver ou au tout début du printemps. Là-aussi, les décavaillonneuses prennent de l’intérêt.
Entretenir avec ces outils ou d’autres plus agressifs
Une fois le ou les premiers passages faits, arrive la période plus ou moins longue de l’entretien. Cette opération s’effectue avec les outils cités ci-dessus ou d’autres plus agressifs avec des débits de chantier plus importants. En grandes cultures, la houe rotative permet d’avoir un débit de chantier important. Tout comme la herse étrille, elle travaille en plein et est très polyvalente. La roto étrille, peut se placer entre ces deux outils, c’est un combiné entre une herse étrille et une houe.
Chez les viticulteurs, il est temps de rechausser le dessous du rang. Les disques émotteurs et/ou doigts kress rentrent en action. Là aussi, ces petits outils à débit de chantier important, rencontrent un grand succès.
Biner à bon escient
Le binage est approprié pour travailler sur des herbes plus développées et pour un entretien en profondeur. La technique est bien répandue. C’est la plus connue, toutes filières confondues. Ici, on travaille plus en profondeur et l’on cherche à détruire les herbes plus imposantes qui sont passées au travers des passages d’entretien. La bineuse se voit offrir des accessoires multiples de guidage et d’outils permettant de travailler entre les pieds (doigts kress). Les lames interceps, elles aussi sont équipées de ce genre d’accessoires (guidage, cure cep, etc.). Ces outils dits de ‘binage’ interviennent aussi en entretien avec un travail plus superficiel.
Le rattrapage, une solution de plus en plus courante
Avec les conditions climatiques changeantes et chaotiques, les itinéraires de désherbage sont remis en cause constamment. Les agriculteurs sont de plus en plus souvent amenés à utiliser des outils de désherbage sur des herbes indésirables très développées. Le désherbage thermique sur le rang en grande culture est présent chez les agriculteurs bio.
Avec l’écimeuse en dernier recours, ces deux outils commencent à se démocratiser dans les campagnes. Sous les vignes, on observe aussi de plus en plus la présence d’herbe. Laissée volontairement ou non, il faut intervenir avec des outils interceps spécifiques. Les tondeuses à lames, fils ou brosses, font également leur apparition dans le vignoble Charentais.
Un avenir tout électrique?
Plus récemment, des outils de désherbage électrique ont été présentés dans les différentes filières. Le principe de fonctionnement repose sur le contact entre la végétation à détruire et des applicateurs reliés au pôle positif de la haute tension. La fermeture du circuit est assurée par d’autres applicateurs situés en arrière et reliés au pôle négatif. Cela impose un travail sur des adventices développées. Faudra-t-il s’habituer à voir des parcelles de plus en plus « enherbées » dans le futur?
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