Désherber sans produit chimique, c’est possible !

Partager sur

Désherber sans produit chimique, c’est possible !

Allonger les rotations, notamment en introduisant des cultures de printemps, facilite la gestion de la pression.

En matière de gestion des adventices, différents leviers sont bons à actionner, de manière combinée. À l’heure où la solution du tout chimique ne fait plus ses preuves, la gestion de la pression reste possible.

La capacité naturelle de la flore à développer des résistances appuie un constat. En matière désherbage efficace et de contrôle des adventices : « le tout phyto, c’est fini ! » Les interventions sur un atelier technique du dernier Mécalive indiquent en conséquence un conseil dans ce contexte. « Un seul levier ne suffit pas à résoudre les problèmes. C’est en combinant nos modes d’action que l’on peut espérer réduire les traitements », analyse par exemple Philippe Chuffard, agriculteur en Normandie.

« C’est vraiment la combinaison des leviers qui décuple l’efficacité »

Les intervenants (Civam, Littoral normand, Chambre d’agriculture et cuma) détaillent quelques idées. Ils insistent tout d’abord sur l’impact des choix de rotation. Introduire plus d’espèces dans le cycle, notamment des cultures de printemps, facilite en effet la gestion de la pression. « D’une part, on varie les époques de semis. D’autre part, on allonge le temps de retour d’une même culture sur la parcelle. Ceci favorisera une flore plus diversifiée où chaque adventice sera présente en moindre abondance », enchaîne Alexis Villeneuve (Littoral Normand). À l’inverse une pluriannuelle coupée assez régulièrement, pour ne pas les laisser monter à graine, génère un phénomène d’épuisement des vivaces, tandis que les faux semis « déstockent les graines qui auraient germé en même temps que la culture. »

Binage

La simplification des systèmes et l’utilisation répétée de mêmes familles d’herbicides, souvent à dose réduite, sont des facteurs qui favorisent l’amplification des résistances aux herbicides que présente Guillaume Beauer (réseau des Civam Normands) sur l’atelier de Mécalive (©Gauthier Savalle).

Des moyens tels que la récupération des menues pailles limite la remise au sol de graines indésirées au moment de la récolte. Denis Ripoche (cuma Normandie) évoque aussi l’écimage, en soutenant son caractère curatif : « De l’écimage avec un système qui exporte la partie coupée, coûte de l’ordre de 80 €/ha. » Il en va de même pour le broyeur spécifique sur moissonneuse-batteuse : « L’appareil monté vaut 55 000.00 € »

Des choix de rotation aux actions curatives

« En système sans labour, réintroduire un labour occasionnel sera très efficace sur les espèces ayant un taux annuel de décroissance élevé », conclut Alexis Villeneuve avant d’ouvrir la discussion sur le désherbage mécanique. À condition d’intervenir sur des adventices jeunes, ce levier s’avère efficace. Romain Osmont (Chambre d’agriculture de Normandie) développe : « Nos travaux s’inscrivent dans un contexte de réduction de l’usage de molécules pour favoriser la qualité de l’eau. Nous avons beaucoup travaillé sur la localisation du traitement chimique sur le rang. » Avec une action mécanique dans l’inter-rang, l’efficacité est au rendez-vous. Le conseiller souligne toutefois quelques points de vigilance. « Ayez en tête que les conditions et donc les moments d’intervention ne sont pas les mêmes. » Mais en combinant ainsi les actions chimique et mécanique, « on réduit déjà d’un tiers les IFT. »

Herse étrille

« La première règle du désherbage mécanique est d’intervenir au bon stade sur de très jeunes adventices. Un temps sec ou venteux optimisera son efficacité », soulignent les intervenants au Mécalive. Une fenêtre sans pluie de 2 j avant à 3 j après l’intervention est un minimum.

Le désherbage mécanique a son mot à dire

Le désherbage mécanique, ça fonctionne et des optimisations sont même envisageables. « L’idée exposée par Philippe Chuffard d’appliquer le même écartement entre rangs à un maximum de cultures s’avère très intéressante pour optimiser l’équipement nécessaire au système », retient pour sa part Frédéric Lavalou (cuma Normandie).

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer