Récupérer les menues pailles a un effet particulièrement visible sur le salissement des parcelles à partir de 2 ou 3 années de pratique de la technique. Le constat concerne les adventices avec un port dressé, dont les grains sont de taille différente de la culture et qui ne sont pas déjà disséminés au moment de la moisson, et il est d’autant plus flagrant que les adventices ont une capacité de germination de faible durée. Dans tous les cas, cette technique ne permet pas à elle seule de stopper le développement des adventices. Elle est à considérer comme un levier à inclure dans une stratégie plus globale de gestion des adventices pour limiter l’usage d’herbicides.
Jusqu’à trois quarts des graines évacuées
Un essai conduit par Arvalis, de 2014 à 2018, sur une parcelle non labourée avec une succession de 4 céréales à paille d’hiver a permis une réduction de 75% de la densité de ray-grass au bout de la troisième campagne par rapport à une modalité sans récolte de la menue paille. L’Inra Grignon fait aussi état d’une efficacité de 70% sur vulpin, brome, fumeterre et coquelicot. Il questionne aussi, sans documentation, sur l’intérêt de cette technique pour diminuer les dégâts de limaces ou la pression de maladies (ex: fusariose) du fait de la réduction du nombre de repousses du précédent.
Plus de biomasse récoltée
Outre ces atouts en termes agronomiques, la récupération des menues pailles conduit à accroître la récolte de paille d’environ 1 à 2t/ha, que cette fraction soit intégrée dans l’andain de paille ou isolée pour une valorisation spécifique. Sur la batteuse, trois types de dispositifs différents permettent de limiter le retour au sol des menues pailles. Le système adaptable de type «turbine» ou le système intégré d’origine à la batteuse les déposent dans ou sur l’andain, tandis que le dispositif adaptable de type «caisson» permet une collecte indépendante du reste de la paille, en contrepartie de manœuvres supplémentaires pour déposer puis reprendre les menues pailles.
Différents dispositifs possibles
Sur le long terme, l’exportation de la menue paille impacte la fertilité du sol puisqu’elle contribue à la réduction progressive de sa teneur en matière organique. Ce bémol n’est néanmoins pas valable dans le cas d’un système où elle revient sous forme de fumier, après une étape de compostage pour détruire les graines d’adventices. En revanche, puisqu’elle n’engendre pas une surconsommation de carburant considérable, la récupération implique une réduction des charges opérationnelles. En effet, une économie de 20 à 30€/ha de dépenses d’herbicides est constatée sur le moyen terme. Cela se fait en contrepartie d’un investissement qui peut atteindre jusqu’à 30 à 40000€ pour un caisson. Néanmoins, L’effet sur la marge (culture /rotation) est positif : Sur 18 agriculteurs enquêtés, 11 déclarent avoir un intérêt économique à récupérer la menue paille, malgré un temps de travail supplémentaire dans certains cas. En effet, au global, le caisson entraîne un besoin en main d’œuvre aux alentours d’une heure supplémentaire par hectare, entre l’entretien du matériel, la vidange et la reprise du produit.
Pour aller plus loin, la fiche Ecophytopic complète
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