Elles répondent toutes, et de façon logique, à un objectif. Mais à l’usage, ces solutions de bon sens soulèvent de nouvelles contraintes ou limites. Le 10 juin, à l’initiative du réseau cuma, la journée desherb’innov donnait l’occasion aux conseillers et pratiquants du désherbage mécanique d’échanger leurs expériences. Ils ont mis en avant quelques idées qu’il vaut mieux bien mûrir. Découvrez les 7 fausses bonnes idées du désherbage mécanique.
Idée n°1: réduire l’écartement des rangs de maïs
Plus les rangs sont proches, plus la bonne couverture du sol par la culture désirée sera rapide. Par voie de conséquence, moins les adventices trouveront une fenêtre temporelle favorable à leur développement. Le levier est donc séduisant. Ceci d’autant plus quand on sait que la réussite du désherbage mécanique se joue sur la globalité du système de culture.
Néanmoins il présente une limite. Car l’animateur de cuma Hervé Masserot le rappelle: avec le désherbage mécanique, «c’est sur le rang que la gestion de l’enherbement est la plus ardue.» Ceci puisque dans l’inter-rang, la bineuse terrasse les indésirables de tout poil. Donc plus on augmente le nombre de rangs, plus les adventices bénéficient d’espace pour s’épanouir abritées de l’intransigeante bineuse.
Idée n°2: chercher à travailler en plein avec la bineuse
L’enherbement du rang se gère avec les outils d’intervention précoce qui travaillent en plein. Des dispositifs «du type doigts kress» existent pour compléter l’action des bineuses par un travail sur le rang. L’animateur de cuma en Mayenne observe néanmoins que leur mise en action complique et ralentit les chantiers, pour un résultat peu évident dans le cas du maïs. «Pour cette culture, ces dispositifs complémentaires ne se justifient pas forcément du point de vue technique.»
Parmi les fausses bonnes idées du désherbage mécanique: travailler en roues étroites
Le binage requiert de la précision quant à l’endroit où passe l’outil. La présence de relief dans le champ risque d’en perturber les réglages. Or engager des pneumatiques les plus étroits possibles sur les interventions successives revient à augmenter le risque de générer des phénomènes d’ornière. Ainsi, ce choix aura tendance à compliquer la réalisation du binage.
Idée n°4: se ruer sur les systèmes de guidage onéreux
L’assistance à la conduite de la bineuse (par caméra ou géolocalisation) apporte un réel confort et permettent de gagner sur les débits de chantiers. Ils doublent aussi les montants de l’investissement. David Roy (Agrobio 35) glisse qu’une bineuse frontale améliore grandement le confort de travail par rapport à un montage arrière. Puisqu’il ne présente «pas de réel impact sur le montant de l’investissement», ce compromis s’avère très pertinent dans certains cas. Par exemple, pour travailler sur des maïs en écartement de 75cm, l’outil frontal est une bonne alternative à l’outil guidé.
Idée n°5: se lancer dans le binage sans avoir vérifié les réglages du semoir
Le premier principe du binage est qu’il faut engager un outil équivalent au semoir en termes de largeur de travail et d’écartement des rangs. Derrière un semoir six rangs, on bine en six rangs. Déroger à ce commandement s’avère très aventureux, même en misant sur les systèmes de guidage répétables les plus précis et fiables.
Mais même en respectant ce principe, des soucis de géométrie menacent. «Un déboire assez fréquent que nous observons chez les utilisateurs qui s’essayent au binage est qu’on arrive avec la bineuse et elle ne passe pas dans l’inter-rangs», narre Hervé Masserot. «Or dans ces cas là, le problème ne vient pas de la bineuse. Il vient très souvent des semoirs.» L’animateur cuma juge que l’attention portée sur le terrain à ces matériels manque de rigueur. «On se rend compte que les écartements des éléments semeurs ne correspondent pas toujours à ce que l’agriculteur pense avoir comme réglage. Sur un semoir en écartement de 75cm, on peut ainsi avoir un premier écart à 75, puis 76cm sur le suivant, puis 73, etc. C’est un détail. Il passe facilement inaperçu… jusqu’au jour où on doit passer la bineuse.»
Idée n°6: se lancer dans le désherbinage
Contenir la pulvérisation sur le rang et biner simultanément l’inter-rang. C’était un concept prometteur pour réduire les quantités de molécules lâchées dans la nature pour le désherbage des cultures. Force est de constater qu’il ne s’est pas généralisé. En effet, les retours d’expériences font état de la complexité de mise en œuvre de cette technique. Dès le choix du moment de l’intervention, le désherbinage propose un casse-tête. Alors que des conditions fraîches et humides catalysent l’efficacité de la voie chimique, l’action mécanique préfère le temps bien sec. Avec celui-ci, «le binage génère en plus de la poussière. On observe des phénomènes de bouchage des buses», poursuivent les intervenants sur les ateliers.
Dernière des fausses bonnes idées du désherbage mécanique: réaliser un butage et ne pas le signaler au chauffeur d’ensileuse
La possibilité de réaliser un buttage des rangs au dernier passage d’outil est un intérêt du binage. «Pensez toutefois à avertir les chauffeurs de l’ensileuse et des remorques lors de l’ensilage!», conseille Hervé Masserot.
À lire aussi :
Désherbage: le prix du GNR favorise l’option chimique
Comment bien utiliser une houe rotative ?
Désherbage mécanique: tout pour potasser avant ses interventions.