Vouloir saisir les opportunités qu’offre le désherbage mécanique ne dispense pas le cultivateur de maïs d’anticiper. C’est le premier point sur lequel insiste la conseillère en agronomie de la chambre d’agriculture de Bretagne, Clarisse Boisselier. « Réussir un désherbage mécanique, ça ne fonctionne pas sans préparation », renchérissait-elle au printemps 2022, lors des présentations de Désherbinnov, une journée orchestrée avec le réseau cuma dans un champ de maïs.
Le travail du sol : un levier
Dans le Maine-et-Loire, la cuma des Travaux agricoles a bien intégré ce principe. La coopérative investit cette année dans une herse étrille et une bineuse. Un groupe d’une dizaine d’adhérents maîtrise déjà, en effet, les itinéraires de désherbage mécanique. Dans le but d’ouvrir des opportunités à d’autres cultivateurs de maïs, la cuma a organisé une présentation dynamique de ces matériels.
« Nous étions fin juin et n’avions plus beaucoup de choix dans les parcelles pour réaliser la réunion, retrace Alexis Cochereau, animateur cuma sur le territoire. La parcelle n’avait pas été semée en vue de pratiquer le binage. Les rangs n’étaient pas semés droit. La largeur des interrangs n’était pas régulière… C’est tout ce qu’il faut éviter pour réussir à biner. »
Quant à la herse étrille, le stade de la culture était très largement dépassé pour envisager une mise en situation.
« Mais dans la parcelle où nous étions, analyse le conseiller, la présence de liseron aurait de toute façon posé problème. Cela aurait généré un effet râteau, comme pour la bineuse. »
Bien sûr, la météo du moment ou les inévitables questions de matériels jouent sur l’efficience de l’intervention.
Bien choisir sa parcelle
Néanmoins, les différents leviers de réussite d’un désherbage mécanique en plein, développés par Clarisse Boisselier, sont bien « à mettre en place en amont ».
La conseillère en agronomie abonde dans ce sens. Selon elle, la première condition qui favorisera le désherbage mécanique, « c’est de choisir une parcelle avec faible pression. Cela se fait déjà avec la rotation. Par exemple, un précédent prairie ou avec une culture étouffante va plus réduire la population de graminées indésirables que si l’on se situe sur une succession de maïs. »
Le travail du sol préalable au semis est un levier évident. Il est complémentaire pour réduire la quantité de concurrentes présentes au départ de la culture.
« Détruire suffisamment tôt le couvert végétal laisse le temps de réaliser des faux semis », précise-t-elle.
À l’inverse, le semis de la culture – pour un itinéraire reposant tout ou partie sur l’action mécanique – devra être idéalement un peu plus tardif.
En effet, le maïs qui maximise sa dynamique de démarrage prendra plus facilement l’avantage sur les adventices. Le semis du maïs doit aussi anticiper la perte de pieds que génère notamment une intervention au stade deux à neuf feuilles. Clarisse Boisselier pousse pour cela le curseur vers une densité de 100 000 graines par hectare. En termes de date, dans le cas où l’agriculteur mise sur une intervention mécanique de prélevée en aveugle, elle conseille aussi d’éviter une implantation si un épisode pluvieux s’annonce ensuite sur une période de quatre à sept jours.
Cette intervention en aveugle « est vite intéressante même en culture conventionnelle, précise l’intervenante. On obtient des efficacités de l’ordre de 80 % ». Une vitesse d’avancement élevée favorise le débit de chantier. On conserve aussi le besoin de puissance. Enfin, la consommation de carburant est raisonnable. « Le plus important est de semer plus creux. » Pour passer une herse ou une houe entre la mise en terre de la graine et l’apparition des plantules, « il faut bien respecter une profondeur de 5 cm, selon Clarisse Boisselier. Cette année par exemple où leur levée s’est faite en trois jours, nous n’avions aucune chance de passer sur des semis à 3 cm sans abîmer la culture ».
Soigner le rappui du sol
Pour finir, l’exposé évoque les actions qui permettront ou faciliteront l’usage efficace des outils de désherbage mécanique. David Bouvier, également conseiller agronomie de la chambre d’agriculture de Bretagne, revient sur la régularité des écartements de rangs.
« Les becs d’ensileuses permettaient ces dernières années d’être moins vigilants là-dessus qu’auparavant. Mais pour la bineuse, c’est vraiment un facteur essentiel. »
Pour leur part, les outils de travail en plein nécessitent une surface la plus plane possible dans la parcelle. « Y compris derrière les roues, reprend Clarisse Boisselier. Car dès qu’il y aura des marques, ce sont des zones où l’on atteindra difficilement les adventices, dans la mesure où les réglages se font pour le reste de la largeur de travail. » Ainsi les conseillers préconisent de soigner le rappui du sol lors des différentes interventions. « Cela homogénéise aussi la levée de la flore dans la parcelle », poursuit l’experte. Et ceci facilite grandement le pilotage et l’efficacité des interventions de désherbage mécanique.
Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :