Les réglementations européenne et nationale sur la qualité de l’air fixent l’objectif d’une réduction des émissions d’ammoniac de 13% (1). Idele identifie que l’élevage bovin dispose de leviers permettent de l’atteindre, et même le dépasser. Un quatre pages de l’institut et des interprofessions Cniel et Interbev en liste plusieurs et résume : « En activant trois leviers, la ferme bovine France pourrait réduire ses émissions de NH3 de plus de 15 %. »
Réduction des émissions d’ammoniac : soigner la valorisation des effluents
En premier lieu, la synthèse évoque les modifications des pratiques d’épandage. Celles-ci apparaissent comme « les plus efficaces pour réduire les émissions d’ammoniac. » En effet l’épandage des effluents génère près du tiers des émissions totales d’ammoniac des élevages.
Avec 80 % des épandages de lisier par pendillards et en enfouissant rapidement (dans les 4 h) 20 % des fumiers et 20 % des lisiers, l’étude RuminNH3 calcule que le troupeau bovin français réduirait déjà de 11 % ses émissions d’azote ammoniacal. La technique d’application ainsi que la durée entre l’épandage et l’enfouissement constituent en effet les principaux facteurs de variation : « Plus les effluents restent en surface, au contact de l’air, plus les émissions sont importantes. »
Plus les effluents restent au contact de l’air, plus les émissions d’ammoniac sont importantes
Ainsi, les experts préconisent d’épandre les lisiers par pendillards. Par rapport à la buse palette, « les pertes d’ammoniac sont réduites de 40 %. » Concernant les fumiers sur culture annuelle, l’idéal sera d’enfouir « dans les 4 h ». En effet, ce délai court réduirait les pertes potentielles d’ammoniac de 60 %. Ainsi le document prône notamment la bonne organisation des chantiers de fertilisation organique et l’investissement collectif. Dans l’atteinte de ces objectifs, « pouvoir disposer d’un service d’entraide » serait en effet un atout.
En amont, le bâtiment d’élevage constitue le poste le plus sensible. Jusqu’à la moitié de l’ammoniac des déjections s’y trouve volatilisé.
D’une manière générale, « les émissions augmentent avec le temps passé en bâtiments. » Le dépliant précise néanmoins quelques leviers supplémentaires. Au niveau de la collecte des déjections tout d’abord. Le principe général est de les éliminer au plus tôt et efficacement (surtout l’urine) des surfaces souillées. « Le potentiel de réduction peut atteindre 20 % lorsque les raclages interviennent toutes les 3 heures. » Il précise : « Il est important que le raclage soit efficace, qu’il ne laisse pas de flaque. Sol et racleur doivent donc être en bon état. »
Ration, récolte des effluent et stockage
L’analyse prend même en compte la formulation des rations, en évaluant l’effet d’une réduction de 10 % de la concentration azotée des rations : 4 % d’émissions évitées « pour des vaches produisant plus de 8 000 kg/an de lait. » Ce résultat milite pour une distribution du concentré « ajusté au besoin de chaque vache. »
Enfin, la phase de stockage contribue bien entendu à la volatilisation de d’ammoniac sur les élevages. La couverture de fosse se montre efficace sur ce plan, avec un taux d’abattement du phénomène qui atteint jusqu’à 60 %. Mais derrière le conseil émergent des limites. Car le document alerte en même temps sur les points de vigilance à observer. Ainsi, la couverture des fosses, bénéfique pour la qualité de l’air, « peut augmenter les émissions de GES. »
Souvent des co-bénéfices à la préservation de la qualité de l’air
Toutefois, la plupart leviers de réduction de la pollution atmosphérique entraînent des co-bénéfices environnementaux. Certains développent même des co-bénéfices économiques pour les ateliers de production. Dans le cas de la réduction des achats de concentré azoté par exemple : « 40 kg d’équivalent soja économisés » représentent en même temps environ 55 €/an de gain sur le coût alimentaire d’une vache laitière. 5 kg d’azote non volatilisé par UGB grâce à un épandage par pendillards, c’est aussi 13 €/UGB de perte économique évitée.
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(1) Objectif à l’horizon 2030, par rapport à 2005.