Une équipe de conseillers en machinisme, salariés et adhérents de cuma, a mené une analyse de chantiers d’épandage de compost dans l’Ain, sous la conduite de Stéphane Chapuis, chef du service agroéquipement à la fncuma. Ils ont comparé deux outils de chargement : tracteur avec chargeur, et chargeur automoteur. Ils sont également mis face à face deux organisations : un seul chauffeur, qui charge et épand, ou trois chauffeurs en simultané, un qui charge et deux qui épandent. Intuitivement, on se doute que le chantier à plusieurs opérateurs est plus efficace et productif, mais dans quelles proportions ?
A lire aussi : Combien coûte un chantier d’épandage de fumier?
Globalement, le débit de chantier va de 1 à 3, entre un chauffeur et trois chauffeurs, quelle que soit la distance. Le rapport est logique. Avec ce bémol : la « force de frappe » du gros chantier étudié ici est un peu supérieure (puissance des automoteurs et volume des épandeurs).
Sur un chantier avec stockage au champ, il faut 3 h et 22 min de travail (addition des temps passés par chacun) à l’équipe de trois pour épandre 100 t de fumier, contre 3 h et 46 min au chauffeur solitaire. Gain : 11 %. Ce dernier perd du temps à passer d’un tracteur à l’autre. La consommation de carburant est également inférieure : 29,2 l/100 t, contre 36,6, soit 20 % d’économie. Cet écart est en fait dû essentiellement à la différence de capacité des épandeurs en question (moins de voyages).
Quelle organisation choisir pour l’épandage de fumier ? Débit de chantier
Sur un chantier comprenant 700 m de transport entre le tas et le champ, la différence s’amenuise. Il faut cette fois 5 h et 4 min au groupe de trois, contre 5 h et 16 min à l’opérateur seul. Gain : 4 %. La consommation passe quant à elle de 47,8 à 39,9 l/100 t, soit une baisse de 17 %. Stéphane Chapuis en conclut que, schématiquement, « un épandeur en chantier complet fait 50 % de travail en plus par heure de mobilisation. »
Le transport se révèle très gourmand. Dès qu’on ajoute 1 km de route à parcourir entre le tas et le champ, le débit de chantier baisse de plus de 40 %, avec de légères différences entre chantier à un et chantier à trois. A partir d’une certaine distance, il faudrait un troisième épandeur pour ne pas faire attendre le chargeur. On comprend le choix fréquent des agriculteurs de transporter leur fumier en bout de champ durant les périodes creuses.
Consommation de carburant
Dans les Hautes-Pyrénées, la fdcuma accompagne également les groupes à la recherche de productivité à l’épandage du fumier. Thomas Chanvalon a chronométré deux chantiers au printemps dernier, à la cuma des Bandouliers. Il explique : « Les éleveurs ont des contraintes horaires qui réduisent le temps disponible pour les travaux aux champs. Nous voulons voir s’il y a des différences entre chantiers, simplement en observant les pratiques des adhérents avec le matériel existant. » De fait, l’optimum serait de mettre deux épandeurs dans le champ, mais il n’y en a qu’un et les variantes portent donc uniquement sur le chargement.
Télescopique ou tracteur ?
Premier cas : deux éleveurs s’entraident, un qui charge au télescopique et l’autre qui épand, le tas est dans la parcelle. Débit mesuré : 75 t/h. Deuxième cas, avec le même épandeur et un tas au champ : ils sont trois, deux qui chargent avec leur tracteur fourche, et un qui épand. Débit mesuré : 45 t/h. Le chargement va moins vite qu’avec le télescopique, mais plus vite que s’il n’y avait qu’un seul chargeur. Le débit de chantier tomberait alors à 25 t/h. A deux, il faut toutefois une configuration des lieux permettant aux tracteurs de charger par les deux côtés de l’épandeur.
Des relevés venant d’autres régions fournissent des indications complémentaires en matière de chantier d’épandage. Comme pour toute activité, il y a la programmation, l’anticipation. Ensuite : la position des tas dans les parcelles. Les observateurs voient un avantage aux tas allongés et positionnés de façon à réduire les déplacements inutiles au moment de l’épandage. Evidemment, les conditions agronomiques ne permettent pas toujours de faire ce qu’on veut à ce niveau. D’autre part, les cuma ayant des salariés sont de plus en plus sollicitées pour fournir de la main-d’œuvre sur ces chantiers. Leurs chauffeurs sont habitués et disponibles sur des plages horaires plus grandes que les éleveurs. Côté matériels, le chargeur télescopique de la cuma fait beaucoup mieux que le chargeur frontal de l’adhérent. Enfin, la formule un chargeur + deux épandeur est plébiscitée, quand ce n’est pas deux chargeurs et trois épandeurs lorsque le parc est suffisamment fourni.
A découvrir les 4 épandeurs à fumier passés aux Rayons X :
Sodimac Rafal 3300 : combien il coûte ?
Samson SP 15 : combien il coûte ?