C’est en 2019 que naît dans la cuma de Vaudesincourt l’idée de chantiers collectifs. En vue de changements liés au renouvellement des générations, la cuma de Vaudesincourt, dans la Marne, interroge alors ses adhérents pour connaître leurs besoins. Les changements de pratiques et plus particulièrement le désherbage mécanique sont au cœur du débat. Impulsé en partie par des adhérents en cours de conversion en agriculture biologique.
Cuma de Vaudesincourt : 120 k€ d’investissement dans le désherbage mécanique
Un groupe dynamique se forme alors autour de ce projet. Le but principal est de diminuer les intrants sur les cultures. Accompagnée par la frcuma Grand Est, c’est en ce sens que le groupe décide de fonder un GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental) en mai 2019. Il s’intitule : cuma de Vaudesincourt : vers des enjeux agroécologiques, qui combinent désherbage mécanique et la préservation de l’élevage dans la Marne.
L’année d’émergence du GIEE a pour but de constituer le groupe autour de la définition d’objectifs communs. Mais c’est aussi l’occasion d’opérer une cohésion tout en approfondissant les compétences de chacun. Ces objectifs ayant été atteints malgré la crise sanitaire, le groupe décide donc de poursuivre dans cette voie, via le GIEE.
Au sein de la cuma, une nouvelle section se crée alors autour du désherbage mécanique et 120 000 € sont investis dans du matériel dédié à cette pratique. Le parc matériel de la cuma s’étoffe alors avec une bineuse, une herse étrille et une houe rotative. Pour prendre en main ce nouveau matériel, des visites d’autres cuma et une formation sont organisées.
Des essais terrain
Le groupe entreprend aussi des essais, avec l’accompagnement d’un conseiller de la chambre d’agriculture de la Marne. Ces essais, réalisés pendant deux campagnes, ont pour finalité de connaître l’impact des passages des outils de désherbage mécanique sur la culture et sur la flore adventice.
Cet investissement collectif permet aux exploitations d’obtenir du matériel performant et innovant. Cela leur permet en outre de diminuer les intrants à moindre coût. Et ainsi augmenter leur revenu par la réduction des charges des intrants et du matériel. Cela apporte également un regain de dynamisme au sein de la cuma. Les rencontres se sont en effet multipliées autour de ce projet.
Nouvelle organisation
Ce nouveau chantier collectif a poussé les adhérents à réfléchir sur une organisation plus fonctionnelle, afin de répartir au mieux les tâches de chacun, notamment sur la mise à disposition de matériel propre à chaque adhérent. Pour répondre à cette demande, le service innovation de la frcuma Grand Est a créé un système informatisé permettant de comptabiliser le niveau d’entraide de chacun. Cet outil est aujourd’hui en test dans d’autres cuma de la région. Un déploiement sur l’ensemble du territoire est d’ailleurs prévu pour fin de l’année.
Un autre enjeu est au centre des préoccupations de plusieurs adhérents de la cuma, celui de préserver l’élevage sur leur exploitation. Les éleveurs du groupe souhaitent revoir leur système de vente en circuits courts actuel et limiter leurs charges d’achat de compléments. Tout cela dans le but de tirer une valorisation maximale de leur production animale.
Rencontres d’experts
La pratique du pâturage des couverts d’intercultures a notamment été abordée via une journée dédiée à cette thématique. Les éleveurs ont pu aller à la rencontre d’experts sur le sujet et échanger sur la mise en place de cette pratique qui leur permettrait de valoriser leurs couverts et de diminuer l’impact des charges de rations sur leur exploitation.
Confortés par ces nombreuses expériences de chantiers collectifs, les adhérents de la cuma se sont intéressés à une nouvelle culture, celle du chanvre. Une rencontre avec la chanvrière de l’Aube, dans le cadre du GIEE, a fait émerger ce nouveau projet.
Cette culture nécessite d’avoir du matériel assez spécifique pour sa récolte (faucheuse, andaineur, faneuse, presse et pinces). Elle demande surtout de la main-d’œuvre pour mener à bien ce chantier. Impossible à imaginer seul sur leur exploitation, mais possible grâce à la force du collectif au sein de la cuma. De plus, le chanvre s’inscrit dans un objectif de transition agroécologique. Ce dernier ne nécessite en effet quasiment aucun intrant. De plus, il favorise la préservation des ressources naturelles.
Et la cuma ne s’arrête pas là. Elle réfléchit déjà à la construction d’un bâtiment pour le stockage de son matériel et celui du chanvre.
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