Le coût d’un chantier de semis reste un élément clé dans la décision d’achat d’un semoir. Plusieurs facteurs le font varier. Comme il existe des situations très différentes d’une cuma à une autre, ainsi que des projets agronomiques et d’investissements variés de court à moyen terme, nous vous proposons de nous intéresser à quatre variables l’impactant. D’abord un renouvellement de 4 ans au lieu d’un réinvestissement à 8 ans. Nous regarderons ensuite les conséquences selon que le chantier global est de 130, 200 ou 240 ha. Les prix des machines s’étant envolés de manière générale, nous regarderons le coût de chantier selon que le semoir coûte 35 ou 40 k€. Enfin, nous nous intéresserons au débit de chantier en parcelles. Quelles conséquences sur le coût selon qu’il varie de 1 à 2,2 ha/h ?
Quel est le coût moyen d’un chantier de semis ?
Le point de départ est un semoir monograine 6 rangs à châssis télescopique plutôt bien équipé, tel ceux que l’on retrouve en cuma. Son prix d’achat moyen est de 35 000 €. Renouvelé au bout de 8 ans, il affiche un coût de détention de 17,50 €/ha, pour 200 ha/an emblavés. Côté traction, on prend comme référence un tracteur de 130 ch utilisé 500 heures/an. Son coût est évalué à 21,90 €/h. Sa consommation de GNR est de 10,4 l/h et le prix du carburant est évalué à 1 €/l. En parallèle, la main-d’œuvre est fixée à 24 €/h.
Composition du coût moyen d’un chantier de semis.
Enfin, le débit de chantier atteint en moyenne 1,6 ha/h dans la parcelle. Cette dernière donnée est le fruit de l’analyse des mesures effectuées par un compteur connecté durant une saison.
+10% en cas de renouvellement rapide du semoir
Les temps ne sont peut-être pas au renouvellement court, mais testons quand même. Si on réduit la période de renouvellement du semoir monograine de 8 à 4 ans, le coût de détention passe de 17,50 €/ha à 22,60 €/ha. Si l’on regarde le chantier complet, le coût passe de 52,7 à 57,80 €/ha, traction et main-d’œuvre inclus, soit une hausse de près de 10 %.
Impact du rythme de renouvellement du semoir sur le coût de chantier de semis.
Le prix de la tranquillité. Car l’entretien est un poste de dépense diminué dans le coût de détention sur 4 ans. Ces frais ne sont que de 1,50 €/ha/an les quatre premières années, contre 2,10 €/ha/an sur 8 ans.
La surface engagée impacte le coût d’un chantier de semis
Ensuite, la surface semée impacte forcément le coût d’un chantier de semis. Partant de la surface moyenne constatée semée en cuma à l’aide d’un monograine, soit 200 ha/an, et sur 8 ans de détention, nous simulons un usage faible, 140 ha/an, et un autre plus intensif, 230 ha/ha. Ils correspondent à l’écart-type de notre échantillon. Le premier pourrait d’ailleurs correspondre à cette année 2024, si compliquée par la météo très humide. Dans ce cas, réduit à des petites fenêtres de tirs répétées ou à de plus petites surfaces emblavées, le coût de détention du semoir 6 rangs sur 8 ans grimpe à 24,10 €/ha, soit 39 % de plus que pour 200 ha/an. Le chantier complet incluant la main-d’œuvre et le carburant monte, lui, de 12,5 % à 59,30 €/ha.
Effet des surfaces engagées sur le coût de chantier
À l’inverse, les surfaces engagées peuvent progresser. Simulons ces coûts pour 230 ha/an sur 8 ans. Le coût de détention du semoir tombe alors à 15,50 €/ha, contre 17,50 €/ha sur 200 ha/an, soit presque 13 % de moins. Le chantier complet passe, lui, à 51,30 €/ha, soit 3 % de moins que pour 200 €/ha.
Le monde à l’envers ? Pas exactement. La logique veut que l’augmentation des surfaces amortisse plus le coût du semoir, diminuant ainsi le coût de chantier. Il y a tout intérêt à trouver de la surface supplémentaire à emblaver, et surtout pas en perdre.
Quel impact du débit de chantier ?
Mauvaise surprise dans nos relevés, le débit de chantier réel à la parcelle n’est que de 1,6 ha/h d’après les compteurs connectés suivis ces printemps 2023 et 2024 sur un semoir 6 rangs. Il est inférieur à celui retenu il y a trois ans, car nous prenons en compte des données plus récentes issues d’une autre cuma. Rappelons-nous que la météo catastrophique de ce printemps 2024 a aussi pénalisé tout le monde.
Nous vous proposons une simulation jusqu’à 2,2 ha/h, mais aussi à un niveau bien inférieur. À 2,2 ha/h, ça décoiffe. Le coût de chantier complet tombe à 43,10 €/ha, contre 52,70 €/ha à raison de 1,9 ha/h et 73,80 €/ha avec le petit débit d’1 ha/h. La multiplication des variétés, des densités ou des conditions pédoclimatiques comme cette année défavorable impactent donc durement le coût de chantier.
Effet du débit sur le coût de chantier de semis
L’instabilité sociopolitique mondiale régnante, nous avons aussi simulé une variabilité du coût de chantier en fonction du prix du carburant. Lors de notre précédente édition il y a trois ans, la valeur de GNR pris était de 0,80 €/l, soit 20 centimes de moins que pour cette édition 2024. À ce prix, le gain annuel pour 200 ha s’élève à 416 €, soit un peu plus de 2 €/ha. Un surcoût aujourd’hui. À prendre aussi en compte pour les autres travaux. Et sans savoir comment se profilera l’année 2025.
Effet un peu dilué du prix d’achat du semoir sur le coût d’un chantier de semis
Enfin, autre variable, le prix d’achat. Il a progressé ces dernières années. Comme les prix de machines se contractent peu avec le temps, nous vous proposons une simulation à 40 000 €, versus 35 000 € de prix moyens relevés dans l’enquête. Et les semoirs monograine 6 rangs ne sont plus rares à ce prix-là. Considérons que le semoir travaille autant, 200 ha/an. Le coût de détention sur 8 ans va alors s’élever à 31 456 €, soit 3 513 € de plus pour un achat 5 000 € plus cher. Cela représente 19,70 €/ha, contre 17,50 €/ha pour le premier. Sur une campagne de 200 ha, le surcoût est de 440 €.
Coût de chantier selon le prix d’achat du semoir
Mais intéressons-nous au coût de chantier complet. À débit de chantier équivalent, un modèle de semoir monograine 6 rangs à 40 000 € coûtera 39,90 €/ha au lieu de 37,70 €/ha avec un semoir à 35 000 €. Dans ce calcul, tracteur, main-d’œuvre et carburant sont des constantes. Seul le prix du semoir intervient. L’effet du prix du semoir sur le coût de chantier est donc un peu dilué.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :
